[CRITIQUE] : La mort du cinéma et de mon père aussi
Acteurs : Marek Rozenbaum, Roni Kuban, Ina Rosenberg,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Israélien, Français.
Durée : 1h42min.
Synopsis :
Asaf, jeune réalisateur, offre à son père Yoel un rôle dans son prochain film. Quand Yoel tombe malade, Asaf met tout en place pour poursuivre le tournage. Dans une tentative de figer le temps, il partage avec son père son amour du cinéma pour affronter la vie, et la mort aussi.
Critique :
Tâtonnant dans l'obscurité de la recherche d'un sens dans l'angoisse de perdre un père, Dani Rosenberg fait de #LaMortduCinemaEtDeMonPèreAussi un 1er effort hybride contant une histoire qui, elle-même, vit sa vie sous le poids écrasant d'un deuil annoncé et impossible à accepter. pic.twitter.com/sZBjxCi6in
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 10, 2021
La mort du cinéma et de mon père aussi est de ces séances qui ne marquent pas forcément tout de suite le spectateur mais qui, au fil des heures, des jours, mûrissent pour laisser une certaine empreinte dans la mémoire, pas fondamentalement indélébile, mais un minimum marquante.
Premier long-métrage de Dani Rosenberg, le projet se veut comme un récit miroir, à la fois un album photo de famille melancolique et une vraie oeuvre de cinéma à la lisière du documentaire; une histoire d’un jeune réalisateur voulant diriger son père qui tombe gravement malade, dans laquelle s'entremêle la réalité d'un Rosenberg filmant lui-même son propre père, lui aussi malade et refusant que ses derniers jours soient gravés dans le marbre de la pellicule.
Une manière aussi impudique que touchante, de dire au revoir à être qui nous est cher et de la rendre vivante pour l'éternité, à laquelle se fixe les ressorts mêmes du cinéma, ce souci de réinventer le langage pour mieux documenter l'immatériel, et peut-être même l'inattendu - puisque qu'incontrolâble.
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Tâtonnant dans l'obscurité de la recherche d'un sens dans la dualité de l'angoisse de perdre un père au moment où Tel-Aviv est menacée de bombardements par l'Iran, Rosenberg médite autant sur le cinéma que sa propre famille, et prend non pas le parti pas de célébrer la vie en prédisant la douleur future (comme la majorité des mélodrames contemporains), mais bien de vivre cette douleur en profondeur dans le présent pour célébrer la vie, qui était, est et sera.
Une vie palpitante qu'il capture de manière égale entre l'ultra-réalisme et une poésie enchanteresse.
Tout n'est - évidemment - pas parfait dans ce drame intime, premier effort oblige, et les ambitions politico-sociales du cinéaste tombent résolument à plat (car plus théoriques que narrativement impactante), mais il y a quelque chose de réellement grisant dans cette volonté de plonger tête la première dans le cinéma-vérité et d'élaborer un jeu de miroirs profondément complexe, pour mieux se rapprocher - sans brader l'aspect fictionnel - de l'essence même du documentaire moderne.
Un film qui vit son histoire qui, elle-même, vit sa vie, sous le poids écrasant d'un deuil annoncé et d'une perte impossible à accepter.
Jonathan Chevrier