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[CRITIQUE] : Kandisha


Réalisateurs : Alexandre Bustillo et Julien Maury
Acteurs : Mériem Sarolie, Mathilde La Musse, Samarcande Saadi,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Français.
Durée : 1h25min.

Synopsis :
Trois amies d'enfance invoquent l'esprit de Kandisha, créature vengeresse issue d'une légende marocaine. Un jeu qui tourne au cauchemar quand leurs proches se mettent à tragiquement disparaître. Les jeunes filles vont alors faire tout leur possible pour essayer de contrer cette créature maléfique.



Critique :


Ce qu'il y a d'involontairement rassurant à la vision de Kandisha du tandem Alexandre Bustillo/Julien Maury, dont la sortie VOD coïncide étroitement avec celle en salles, de leur essai suivant - The Deep House -, c'est que nous avons clairement la certitude que les deux réalisateurs bien de chez nous se sont plutôt bien remis de ce qui est, sans doute, leur bande la moins inspirée mais surtout la moins impactante sur la rétine de leur auditoire.
Comme si le film, littéralement dévitalisé de toute leur puissance cinématographique voire même tout simplement d'envie, cristallisant les mêmes frustrations et les mêmes maladresses irritantes que leur Leatherface.
Pourtant, leur ambition est décelable à plus d'un niveau dans cette sorte de resucée de Candyman mais surtout de l'oeuvre bénie de Clive Barker (ils ont pendant longtemps bossé sur un remake d'Hellraiser, et leur amour pour l'orfèvre anglais n'est décemment pas à prouver), mettant autant l'accent sur la toxicité masculine impunie (et limite banalisée) de la société contemporaine, que sur une propension généreuse à épouser le macabre le plus pur, de manière à ce qu'il éclabousse l'écran - quand on lui laisse l'opportunité de pleinement le faire.

Photograph: AcornTV/© Shudder

Mais rien ne fonctionne totalement dans ce qui pourrait être une réponse française (tardive) à la vague de bande horrifico-surnaturelle et à forte tendance slasher issue des 80s/90s, prenant les contours d'un teen movie au coeur d'une cité (de quoi enquiller les clichés/stéréotypes avec une gourmandise à lisière du malaise, alors que le cadre impose naturellement un imposant brassage culturel et un fascinant métissage urbain), cherchant louablement à recalibrer les habitudes du cinéma horrifique avec son échange genrée de la dynamique du pouvoir sous fond de libération cathartique (avec une bande de trois filles, aux personnalités légères mais bien marquées, mais aussi une entité vengeresse apportant une certaine forme de justice aveugle), tout en piochant dans une légende marocaine bien réelle (celle d'Aïcha Kandisha, une très belle femme marocaine qui attirait les soldats portugais afin de les tuer avec l'aide des hommes de la résistance à l'époque de la colonisation), avant que la saga Conjuring ne jette son dévolu dessus.
Bien trop hybride pour son bien (minimisant constamment l'importance des thèmes abordés tout en ne s'éloignant pas totalement des codes rebattus du genre), prévisible et rythmé à la truelle (la narration tue souvent tout suspense, et la dévastation graphique de Kandisha - esthétiquement parfaite - prend constamment le pas sur les tentatives de rendre les personnages et leurs actions un tant soit peu authentiques), Kandisha est une oeuvre fantasmatique et chaotique manquant cruellement de chair et de corps, soit l'essentiel quand on convoque presque instinctivemement, l'aura du Roi Barker et de son " monstre " le plus populaire...


Jonathan Chevrier