[CRITIQUE] : Greenland - Le Dernier Refuge
Réalisateur : Ric Roman Waugh
Acteurs : Gerard Butler, Morena Baccarin, Scott Glenn, Roger Dale Floyd, Scott Glenn,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Thriller, Science Fiction
Nationalité : Américain
Durée : 1h59min
Synopsis :
Une comète est sur le point de s’écraser sur la Terre et de provoquer un cataclysme sans précédent. John Garrity décide de se lancer dans un périlleux voyage avec son ex-épouse Allison et leur fils Nathan pour rejoindre le dernier refuge sur Terre à l’abri du désastre. Alors que l’urgence devient absolue et que les catastrophes s'enchaînent de façon effrénée, les Garrity vont être témoin du meilleur comme du pire de la part d’une humanité paniquée au milieu de ce chaos.
Critique :
Disaster movie anti-kaboom, jouant la carte de la quête de survie à l'échelle humaine physiquement éreintante et anxiogène, #Greenland est une jolie surprise solide et efficace, qui s'échine à conter le plus simplement et sobrement du monde, son odyssée apocalyptique sous tension pic.twitter.com/Ip5j48Jpu1— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) August 5, 2020
Gerard Butler arrive. Il apporte avec lui une comète destructrice et un joli petit film catastrophe, à la sauce purement hollywoodienne.
Les yeux du monde entier sont tournés vers Tenet, attendu comme le Messie pour “sauver” le cinéma en cette période estivale. Pendant ce temps, un modeste film pop corn (avec un budget de cinquante millions) arrive dans nos salles obscures le 5 août, pour nous donner un shot hollywoodien d’explosions et de monde au bord du chaos (chose qui n’est plus si irréelle). Greenland - le dernier refuge est réalisé par Ric Roman Waugh. Ancien cascadeur, il retrouve ici Gerard Butler - qu’il avait dirigé dans La chute du Président en 2019 - pour son huitième long-métrage. Ici, l’acteur écossais n’est pas le grand héros badass. Pas de sauvetage en grande pompe, pas de président à protéger, pas de grosse séquence de destruction. John, son personnage, est monsieur tout le monde. Ingénieur en construction, il va subir, comme le reste de la population, une catastrophe naturelle avec sa femme (Morena Baccarin) et son jeune fils (Roger Dale Floyd). Le film décide de rester à l’échelle humaine et fouille parmi les nombreuses réactions humaines dans une telle situation. Greenland ne fait pas dans le grandiloquent. C’est peut-être pour cette raison que le film se rapproche d’un grand film de divertissement.
John est sur le point de retrouver sa famille, après une légère séparation avec sa femme, Allison. Pour fêter le passage de la comète Clarke proche de la terre, la famille Garrity invite leurs voisins. Tout va bien, les spécialistes sont formels, Clarke n’est pas dangereux. Ces mots sont répétés de nombreuses fois par les journalistes et dans un film catastrophe, nous savons ce que cela veut dire : la Terre est condamnée. Un morceau de la comète atterri dans le sud de la Floride et détruit tout. L’onde de choc est immense et touche la maison des Garrity. C’est le début de la fin. John reçoit un message de la part de gouvernement. Sa famille et lui ont été tirés au sort pour rejoindre un abri qui les protégerait de la comète. Ses voisins n’ont reçu aucun appel. À ce moment-là, Greenland bascule dans son mode survival. On comprend bien vite, que malgré les amitiés fortes, la survie prend le pas. Quand une de leur amie les supplie de prendre sa fille avec eux, John est obligé de refuser. Le message du gouvernement est clair : seuls les Garrity seront acceptés au sein de l’abri. Des chanceux pourront survivre, tandis que les autres vont devoir subir la fin du monde comme ils le peuvent.
De ce fait, le film s’empare d’une angoisse réelle, celle de survivre par tous les moyens possibles. C’est ce sentiment d’urgence qui est le moteur du récit, avec un infime espoir d’échapper à une mort certaine. Pour cela, il faut faire partie d’une liste, avoir un bracelet à son nom pour partir dans un avion militaire vers une destination inconnue. On se demande tout d’abord si cette liste est aussi hasardeuse qu’on veut nous le faire penser et si ce serait pas des personnes avec un gros compte en banque uniquement (les Garrity n’étant pas les plus à plaindre économiquement parlant). Au fur et à mesure, nous apprenons que la liste prend en compte différent corps de métier, utile pour reconstruire une société après la catastrophe. Greenland se rapproche donc des récents événements, où en tant de crise, on ouvre les yeux sur les métiers importants et ceux considérés comme superflus.
Gerard Butler quitte son costume de héros à punchline, revolver à la main. Son personnage est aussi ordinaire que possible et sa seule action sera de courir, coûte que coûte pour se protéger, protéger les siens du danger. Greenland joue sur l’économie, sûrement à cause d’un budget serré. Mais ce minimalisme lui sied à merveille, parce qu’il n’a donc pas de temps pour les digressions. L’histoire doit avancer, l’angoisse doit perdurer et le peu de scènes avec de gros effets spéciaux doivent en mettre plein la vue. Ric Roman Waugh décide d’intégrer les scènes de destruction à l’intérieur d’un journal télévisé. Cela lui permet de justifier une baisse de qualité de l’image, mais aussi d’intégrer l’échelle humaine à son récit et de rendre ces images plus horribles et crues que si c’était un money shot. Cela enlève le côté plaisant de voir de belles destructions cinématographique si bien huilées, pour donner un côté réaliste. Les images deviennent effrayantes et servent mieux le récit. Malgré la sobriété, Greenland ne peut s’empêcher d’être sur le fil du cliché, où la famille est mis sur un piédestal. Heureusement, ces séquences sont rares et servent de tremplin, de temps de repos court, où les personnages s’en donnent à cœur joie pour les émotions. Cela permet de donner une balance à la tension, qui reprend bien vite, pour notre plus grand plaisir.
Gerard Butler quitte son costume de héros à punchline, revolver à la main. Son personnage est aussi ordinaire que possible et sa seule action sera de courir, coûte que coûte pour se protéger, protéger les siens du danger. Greenland joue sur l’économie, sûrement à cause d’un budget serré. Mais ce minimalisme lui sied à merveille, parce qu’il n’a donc pas de temps pour les digressions. L’histoire doit avancer, l’angoisse doit perdurer et le peu de scènes avec de gros effets spéciaux doivent en mettre plein la vue. Ric Roman Waugh décide d’intégrer les scènes de destruction à l’intérieur d’un journal télévisé. Cela lui permet de justifier une baisse de qualité de l’image, mais aussi d’intégrer l’échelle humaine à son récit et de rendre ces images plus horribles et crues que si c’était un money shot. Cela enlève le côté plaisant de voir de belles destructions cinématographique si bien huilées, pour donner un côté réaliste. Les images deviennent effrayantes et servent mieux le récit. Malgré la sobriété, Greenland ne peut s’empêcher d’être sur le fil du cliché, où la famille est mis sur un piédestal. Heureusement, ces séquences sont rares et servent de tremplin, de temps de repos court, où les personnages s’en donnent à cœur joie pour les émotions. Cela permet de donner une balance à la tension, qui reprend bien vite, pour notre plus grand plaisir.
Greenland - le dernier refuge est conscient de ses limites et nous offre un film catastrophe sans surenchère, à l’échelle humaine. Ric Roman Waugh réalise un film efficace, de quoi patienter gentiment avant un autre shot de blockbuster hollywoodien.
Laura Enjolvy
Il y a quelque chose d'assez triste lorsque l'on regarde la carrière en dent de scie du génial Gerard Butler, passé de second couteau de luxe dans d'excellentes séries B à figure de proue d'un monument du culte burné (Leonidas Forever), puis à " héros " de divertissements aussi foutraques que peu mémorables; tant le comédien n'a jamais vraiment su capitaliser sur la hype énorme de son rôle-titre de 300, même s'il peut depuis, porter des films sur son propre nom.
Mais cela ne nous empêche pas de férocement apprécier le garçon, toujours dix fois plus charismatique que la majorité des wannabe action men d'Hollywood.
Seul vrai blockbuster d'un été ciné 2020 sous Covid-19 chiche en divertissement purement popcorn, Greenland - Le Dernier Refuge son nouveau long (et pour lequel il retrouve quelques mois après le sympathique La Chute du Président, le cinéaste Ric Roman Waugh), annonçait la couleur dès sa timide campagne promotionnelle : de la bonne péloche catastrophe bien régressive, s'inscrivant plus dans la droite lignée du fauché et un poil risible Deep Impact, que des envolées patriotiques signées par les maîtres du Kaboom, Michael Bay et Roland Emmerich.
Bien mieux troussé au final, que la panouille de Mimi Leder (qui empire de vision en vision), le film à le bon goût de capter une catastrophe planétaire avec un prisme et une intrigue plus intime, ou la notion de survie se conjugue à l'échelle humaine, ou comment rester avec les siens le plus longtemps possible en résistant à l'inéluctable.
Exit le costume du Superman qui sauve le président, le monde ou même la veuve et l'orphelin, Butler devient le héros ordinaire qu'il devrait toujours être, une sobriété proche de celle de Tom Cruise de La Guerre des Mondes, auquel le film emprunte l'aura cauchemardesque et le rythme aussi anxieux qu'effréné.
Car contre toute attente, Greenland suit le sillon horrifique du film catastrophe, son penchant inconfortable et angoissant d'une quête de survie constante et presque perdue d'avance, au désespoir aussi pregnant que sa cruauté, vissé sur un point de vue unique et isolé - une famille qui pourrait clairement être la notre.
Trop fragile pour rivaliser avec les cadors du genre (il s'enlise dans quelques clichés franchement dispensables, manque d'ampleur et clairement d'effets jouissifs), mais suffisamment solide dans sa mise en scène et ses émotions (certes un peu moins dans ses thématiques, avec un regard gentillet sur une Amérique gangrenée par l'individualisme et la peur, saupoudré par un bon gros nuage sucré de valeurs so America), Greenland croit en lui - et du coup, nous aussi - et voit un peu plus loin que son simple statut de divertissement popcorn, à la lisière du téléfilm de luxe.
Anti-kaboom (chiche en effet, faute d'un budget conséquent, Waugh joue la carte du disaster movie physiquement éreintant et anxiogène... tant mieux), chronique chaotique de citoyens lambda rattrapés par une réalité extraordinaire, le film, conscient de son manque d'originalité, préfère conter le plus simplement et sobrement du monde son odyssée apocalyptique sous tension.
De quoi décevoir les fans hardcore du genre, moins ceux qui aiment les (bonnes) surprises, et surtout ce génial Gege Butler.
Jonathan Chevrier
Laura Enjolvy
Il y a quelque chose d'assez triste lorsque l'on regarde la carrière en dent de scie du génial Gerard Butler, passé de second couteau de luxe dans d'excellentes séries B à figure de proue d'un monument du culte burné (Leonidas Forever), puis à " héros " de divertissements aussi foutraques que peu mémorables; tant le comédien n'a jamais vraiment su capitaliser sur la hype énorme de son rôle-titre de 300, même s'il peut depuis, porter des films sur son propre nom.
Mais cela ne nous empêche pas de férocement apprécier le garçon, toujours dix fois plus charismatique que la majorité des wannabe action men d'Hollywood.
Seul vrai blockbuster d'un été ciné 2020 sous Covid-19 chiche en divertissement purement popcorn, Greenland - Le Dernier Refuge son nouveau long (et pour lequel il retrouve quelques mois après le sympathique La Chute du Président, le cinéaste Ric Roman Waugh), annonçait la couleur dès sa timide campagne promotionnelle : de la bonne péloche catastrophe bien régressive, s'inscrivant plus dans la droite lignée du fauché et un poil risible Deep Impact, que des envolées patriotiques signées par les maîtres du Kaboom, Michael Bay et Roland Emmerich.
Bien mieux troussé au final, que la panouille de Mimi Leder (qui empire de vision en vision), le film à le bon goût de capter une catastrophe planétaire avec un prisme et une intrigue plus intime, ou la notion de survie se conjugue à l'échelle humaine, ou comment rester avec les siens le plus longtemps possible en résistant à l'inéluctable.
Exit le costume du Superman qui sauve le président, le monde ou même la veuve et l'orphelin, Butler devient le héros ordinaire qu'il devrait toujours être, une sobriété proche de celle de Tom Cruise de La Guerre des Mondes, auquel le film emprunte l'aura cauchemardesque et le rythme aussi anxieux qu'effréné.
Car contre toute attente, Greenland suit le sillon horrifique du film catastrophe, son penchant inconfortable et angoissant d'une quête de survie constante et presque perdue d'avance, au désespoir aussi pregnant que sa cruauté, vissé sur un point de vue unique et isolé - une famille qui pourrait clairement être la notre.
Trop fragile pour rivaliser avec les cadors du genre (il s'enlise dans quelques clichés franchement dispensables, manque d'ampleur et clairement d'effets jouissifs), mais suffisamment solide dans sa mise en scène et ses émotions (certes un peu moins dans ses thématiques, avec un regard gentillet sur une Amérique gangrenée par l'individualisme et la peur, saupoudré par un bon gros nuage sucré de valeurs so America), Greenland croit en lui - et du coup, nous aussi - et voit un peu plus loin que son simple statut de divertissement popcorn, à la lisière du téléfilm de luxe.
Anti-kaboom (chiche en effet, faute d'un budget conséquent, Waugh joue la carte du disaster movie physiquement éreintant et anxiogène... tant mieux), chronique chaotique de citoyens lambda rattrapés par une réalité extraordinaire, le film, conscient de son manque d'originalité, préfère conter le plus simplement et sobrement du monde son odyssée apocalyptique sous tension.
De quoi décevoir les fans hardcore du genre, moins ceux qui aiment les (bonnes) surprises, et surtout ce génial Gege Butler.
Jonathan Chevrier