[CRITIQUE] : Une Sirène à Paris
Réalisateur : Mathias Malzieu
Acteurs : Nicolas Duvauchelle, Marilyn Lima, Rossy de Palma, Tchéky Karyo, Romane Bohringer, Alexis Michalik,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Fantastique, Drame
Nationalité : Français
Durée : 1h42min
Synopsis :
Crooner au cœur brisé, Gaspard s’était juré de ne plus retomber amoureux. Quant à Lula, jolie sirène, elle n’a que le chant pour se défendre des hommes, en faisant s’emballer leur cœur jusqu’à l’explosion. Lorsque la Seine en crue vient déposer Lula au pied du Flowerburger, la péniche-cabaret où chante Gaspard, c’est un mini-tsunami qui va bouleverser leur existence. Lui, l’homme qui a souffert d’avoir trop aimé, et elle, la créature qui n’a jamais connu l’amour, vont apprendre à se connaître. Et à chanter d’une même voix…
Critique :
Avec #UneSireneAParis, Mathias Malzieu signe une jolie histoire d’amour sous fond d'univers féerique, magnifiée par une direction artistique de toute beauté qui, cependant, ne cache que partiellement ses quelques défauts assez vite perceptible. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/CVtiAnDeE9— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) March 12, 2020
En ces temps incertains, alors que plusieurs sorties de film sont reportées à des dates ultérieures, Mathias Malzieu, plus connu en tant que lead du groupe Dionysos, sort son nouveau film en salle, Une Sirène à Paris. Une ville où la féerie prime, où des sirènes peuvent s’échouer sur les quais de la Seine, bien loin de l’ambiance actuelle où le Coronavirus plane. À l’instar de Jack et la mécanique du cœur, ce nouveau film est une adaptation du livre du même nom, écrit par Mathias Malzieu lui-même, qui a déjà inspiré l’album de son groupe Surprisier, dans les bacs depuis le 28 février 2020.
Le réalisateur s’entoure de l’acteur Nicolas Duvauchelle, de l’actrice Marilyn Lima (qu’on a déjà pu apercevoir dans le film de Eva Husson Bang Gang), ainsi que d'une pelletée de seconds rôles interprétés par Rossy de Palma, Alexis Michalik, Tchéky Karyo et bien d’autres, qui entourent de leur présence cette histoire d’amour hors du commun entre un homme et une sirène. Un amour impossible, mais qui tend à donner de l’espoir aux cœurs blessés. Gaspard fait parti de ces personnes, un cœur brisé qui ne peut s’empêcher de rester dans le passé, de ses relations, mais aussi de sa famille, surtout sa grand-mère, qui a ouvert le restaurant Flowerburger sur une péniche. Dans la cave se trouve l’antre des “surprisiers”, des artistes de cabaret dont le panache et la passion sont les maîtres mots, guidés par l’amour. Gaspard s’est entourés des objets de ces artistes, qui encombrent son appartement. Il refuse que son père revende le restaurant, alors que le chiffre d’affaire est au plus bas. C’est par une soirée mystérieuse qu’il croise Lula, une sirène à la peau diaphane et aux cheveux d’une pure blancheur, échouée sur le quai. Elle est évanouie et blessée. Muni d’un instinct chevaleresque, Gaspard la sauve, sans savoir ce que son action a de dangereux. La sirène de Malzieu est telle que la décrivent les mythes de marin, une créature magnifique, mais guidée par son besoin de séduire et de tuer. Lula ne peut donc pas s’empêcher de chanter aux mâles des mélodies de sa voix la plus pure, et par la même occasion de leur exploser le cœur. Mais bizarrement, à son réveil dans la baignoire de Gaspard, Lula s’aperçoit qu’elle ne lui fait aucun effet. Son cœur brisé protège Gaspard de la malédiction de Lula, pour un temps tout du moins. Car ces deux êtres, qui n’auraient jamais dû se rencontrer, ne peuvent pas condamner les sentiments qu’ils partagent l’un pour l’autre.
Si son histoire est en somme assez classique, Mathias Malzieu tend à se démarquer par un univers chaleureux et féerique, très inspiré par un certain Jean-Pierre Jeunet ou un Michel Gondry. La colorimétrie très orangée, l’aspect vintage des personnages, l'univers magique ancré dans la réalité, le réalisateur prend un peu de la patte artistique des deux réalisateurs susmentionnés, pour faire un melting-pot, qui, s’il ne brille pas par son originalité, à au moins l’avantage de fonctionner parfaitement. Qui n’a pas envie de rester dans ce Paris imagée où l’amour, l’art priment sur la morosité ? Pourtant, Une sirène à Paris ne fera pas l’unanimité parmi ses spectateurs, et nous comprenons parfaitement pourquoi. L’aspect redondant de cette chasse aux sirènes, parsemé d’amour impossible, n’a rien de très original, et Mathias Malzieu ne fait rien pour se démarquer. Il se contente de filmer ses deux tourtereaux se faire les yeux doux, entre deux-trois problèmes qui ne nous surprennent jamais. Le film est entouré d’un aspect très naïf, qui ne l’aide aucunement, car il tire le long-métrage vers le ridicule, sûrement pas aidé par le fait que ce soit un film en prise de vue réelle. Le film est aussi maladroit sur le rapport de force qui se crée entre Lula et Gaspard. Le besoin de la sirène a retourné dans l’eau n’est jamais pris en compte par Gaspard, qui voudrait la garder pour lui. Elle ne peut se déplacer sans lui sur terre et elle est parfois ballottée d’un endroit à l’autre, comme un vulgaire objet. Il ne semble pas que ce soit voulu par le réalisateur, dont l’ambition était de proposer une histoire d’amour poétique et belle. Mais on peut se poser la question, si ce genre d’histoire romantique est nécessaire de nos jours, surtout quand cela est fait avec beaucoup de maladresse.
Mathias Malzieu signe une histoire d’amour sous fond d'univers féerique, magnifiée par une direction artistique de toute beauté. Cependant, les limites du long-métrage se font vite voir, avec ses ressorts scénaristiques visible et un manque d’originalité flagrant.
Laura Enjolvy