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[FUCKING SERIES] : Euphoria saison 1 : Génération Perdue



(Critique - avec spoilers - de la saison 1)


Passé le gros morceau Game of Thrones, dont la conclusion en a déçu plus d'un - et le mot est faible -, la question était entière quant à savoir ce que HBO allait bien pouvoir nous balancer sur les ondes pour embellir notre été, mais surtout aller titiller une concurrence, contre toute attente, plutôt musclée (Netflix et Hulu en tête).
Voir la chaîne à péages taper enfin dans le si complexe (et à la presse houleuse) genre qu'est le teen drama, avait dont tout pour sensiblement attirer notre curiosité, surtout avec un cinéaste prometteur tel que Sam Levinson, plutôt callé sur le sujet (le bouillant Assassination Nation, c'est lui), à la barre, et une jeune comédienne férocement prometteuse - Zendaya - en vedette.

 
Copyright HBO
C'est tout le petit programme ambitieux qu'incarne donc Euphoria, petite bombe sérielle qui n'est qu'une parfaite continuité du premier long de Levinson, tout en s'imposant comme un remake certes un poil moins hardcore et dynamique, mais surtout bien plus percutant et incarné.
Dans une sorte de fusion habitée entre les cinémas de Korine, Araki, Clark et la folie littéraire de Bret Easton Ellis, à des années lumières de la plus prudente et timide (mais pas moins attachante sur plusieurs aspects) 13 Reasons Why - on la voit clairement plus comme la petite soeur irrévérencieuse de la vénérée Skins -, Euphoria expose la violence physique et morale de l'adolescence sans prendre la moindre pincette, quitte à parfois se brûler les ailes dans une volonté de tout aborder avec vérité et crudité.
Capté principalement à travers l'odyssée chaotique d'une adolescente étouffée par la vie et en pleine désintox, dont on nous masque ni les fêlures ni les défauts, le show traite du harcèlement, du bodyshaming, de la toxicité masculine, des parents à côté de la plaque et irresponsable, de la saturation d'écrans, de la drogue, de l’utilisation déprimante des réseaux sociaux, de l'influence de la pornographie, du sexisme ambiant, de l’homophobie, de la transophobie,... le tout avec un souci d'être complètement en phase avec l'image de l'adolescence dans la cruelle et dévastatrice société moderne.

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Jamais juge ni bourreau et encore moins méprisant envers ses jeunes héros qui expérimentent brutalement leurs corps et surtout la vie, la série, au-delà de fugaces respirations légères, montre la jeunesse perdue d'aujourd'hui avec violence et noirceur dans un kaléidoscope d'émotions et de mélancolie proprement ravageur (elle cherche souvent à arracher les larmes, et y parvient sans trop de peine) même si profondément frontale et extrême dans sa forme.
Sublimé mise en scène enlevée et nébuleuse, jouant la surabondance d'images pop (comme Assassination Nation, quitte à faire régulièrement pété le quatrième mur), pour mieux contrebalancer avec un montage ultra-cut, autant que par une écriture sensible faisant la part belle à des personnages (qui dégagent une empathie incroyablement naturelle, surtout le duo Rue/Jules) campés à la perfection (Zendaya brille de mille feux aux côtés de la révélation de la série, Hunter Schafer); Euphoria est une tragédie adolescente aussi chorale qu'individuelle, un portrait maladif, ambitieux et parfois à la limite de l'insoutenable, d'une société moderne superficielle et nombriliste ou chacun tente de trouver sa place, quitte à le faire dans la douleur et les larmes.

 
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Une vision nihiliste, hypersexualisée (tellement qu'il en banalise justement le sexe) et pertinente du mal-être adolescent et de la génération Z où l'amour et l'amitié passe avant tout par l'exhibition de sa propre intimité, qui vous balancera la petite claque télévisée dont votre été avait cruellement besoin...




Jonathan Chevrier 

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