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[CRITIQUE] : Passion


Réalisateur : Ryusuke Hamaguchi
Acteurs : Ryuta Okamoto, Aoba Kawai, Nao Okabe,...
Distributeur : Art House
Budget :-
Genre : Drame.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h55min

Synopsis :
Un jeune couple annonce son mariage lors d’un dîner entre amis. Les réactions de chacun vont révéler des failles sentimentales jusque-là inexprimées au sein du groupe.



Critique :


Le cinéma n'a pas forcément de règle établie et il est parfois tout naturel de pouvoir découvrir, même en salles, les ou le premier film d'un cinéaste et ce même plusieurs années après avoir pu voir ses péloches les plus récentes.
Ce qui est le cas aujourd'hui pour le premier long-métrage du cinéaste Ryusuke Hamaguchi, Passion, les débuts sur pellicule d'un esthète sensible de l'amour, qui a su nous conquérir autant avec l'oeuvre fleuve Senses, articulée autour de quatre femmes tourmentées, mais surtout Asako I & II, tsunami d'emotions brassant le spectre hantant et enivrant du premier amour.


Film de fin d'études tourné en 2008 et déjà oeuvre de maître, Passion dévoilait sans frémir tout ce qui caractérise la puissance évocatrice du cinéaste, fraîchement inspiré par les cinémas bénis de Rohmer, Kurosawa et Cassavetes (surtout).
En captant une poignée d'heures dans la vie de quelques trentenaires en pleine crise sentimentale, Hamaguchi éprouve les êtres dans toute leur complexité autant que la solidité et l'essence même de leurs sentiments, et sonde comme rarement les anomalies des relations humaines à coups de longs dialogues enivrants, tout en filmant avec une justesse et une poésie rare, la beauté incandescente et éphémère de la passion (celle qui s'offre comme un bel avenir aux amoureux, tout comme celle destructrice dont on sait qu'elle ne vivra jamais), ardemment désirée au point de rendre aveugle celles et ceux qui en font la quête d'une vie, perdus dans leurs espérances et leurs souvenirs.


Errance sentimentale tendu et ludique, aussi épurée et simple qu'elle est d'une vérité implacable, dont la mise en scène épouse les corps avec finesse (un plan séquence de onze minutes achève de convaincre du talent de faiseur du bonhomme) autant que l'écriture leur offre une épaisseur imposante à ses personnages (à l'interprétation délicate), Passion est la première pièce sublime d'une mosaïque filmique frappant d'honnêteté et de franchise, certes plus abrupte que celles qui l'ont succédé, mais pas moins formidable.


Jonathan Chevrier


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