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[CRITIQUE] : Simetierre


Réalisateur : Kevin Kölsch et Dennis Widmyer
Avec : Jason Clarke, Amy Seimetz, John Lithgow, Jeté Laurence,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Epouvante-Horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h41min.

Synopsis :
Le docteur Louis Creed, sa femme Rachel et leurs deux jeunes enfants quittent Boston pour s'installer dans une région rurale du Maine. Près de sa maison, le docteur découvre un mystérieux cimetière caché au fond des bois. Peu après, une tragédie s’abat sur lui. Creed sollicite alors l'aide d'un étrange voisin, Jud Crandall. Sans le savoir, il vient de déclencher une série d’événements tragiques qui vont donner naissance à de redoutables forces maléfiques.




Critique :



Les romans de Stephen King, classiques de la littérature contemporaine, font régulièrement l’objet d’adaptations pour la télévision et le cinéma. Après le succès de Ca, la nouvelle adaptation sortie chez Warner Bros en 2017, c’est au tour de Simetierre de revenir au cinéma. La première adaptation du roman le plus terrifiant de King, sortie en 1990, avait été réalisée par Mary Lambert et le scénario était signé de l’auteur lui-même. S’il avait réussi à reproduire fidèlement l’atmosphère pesante et angoissante du livre, il faut bien admettre que ce film accuse aujourd’hui le poids des années. La nouvelle version, réalisée par Kevin Kölsch et Dennis Widmyer, promettait une réactualisation de l’histoire et surtout des effets d’horreur et d’épouvante…



En effet, l’intrigue du film a été déplacée aux années 2010 pour faciliter l’identification. Exit l’ambiance années 1980, donc. L’histoire reste sensiblement la même que dans le livre : la famille Creed, composée des parents Louis et Rachel, de leurs deux jeunes enfants Ellie et Gage et de leur chat Church, emménagent à Ludlow, petite bourgade tranquille du Maine. Mais dans la forêt derrière leur maison, se trouve un étrange cimetière d’animaux…
Là où le roman et ses 500 pages bien tassées prenait le temps de dérouler l’histoire, les événements insignifiants régissant la vie d’une famille, puis la montée progressive de l’angoisse et de la folie, le film se doit d’être plus rapide et plus efficace. Mary Lambert l’avait déjà compris, et la nouvelle version de Simetierre débute de manière assez similaire. L’introduction des personnages et de leurs motivations est concise mais non moins efficace, notamment pour Louis et Rachel incarnés respectivement par Jason Clarke et Amy Seimetz. Seul Jud Crandall, le voisin octogénaire des Creed, est véritablement perdant car il est bien moins développé que dans le premier film, et a fortiori que dans le livre : sa personnalité est réduite au minimum, bien qu’interprétée assez justement par John Lithgow.



Les vraies surprises commencent à partir de la moitié du film, car si la première adaptation de 1990 suivait scrupuleusement le roman, celle de Kölsch et Widmyer prend un tournant inattendu pour ceux qui n’avaient pas vu la bande-annonce. En effet, si dans le roman une partie de l’horreur tournait autour de la tragique disparition de Gage, le Simetierre de 2019 propose une histoire centrée autour de la petite fille des Creed, Ellie. Elle a d’ailleurs été légèrement vieillie, puisqu’elle a 9 ans dans le film au lieu de 5 ans. Le choix scénaristique est justifié et cohérent, et permet ainsi de surprendre tous les spectateurs, y compris ceux qui ont lu l’oeuvre originale de King. La grande soeur de Rachel, Zelda (cette fois-ci jouée par une jeune fille, Alyssa Brooke Levine, au lieu d’un homme comme dans la version de Mary Lambert), réserve également son lot de surprises pour les lecteurs ainsi que quelques scènes dérangeantes.
De nombreux clins d’oeil au roman sont d’ailleurs disséminés au long du film, notamment dans les scènes plus terrifiantes : la scène du camion, par exemple, tend à d’abord induire le spectateur en erreur avec le petit Gage trottinant vers la route. La scène où Jud est traqué chez lui fera aussi sourire (et sursauter) les lecteurs de King, notamment lorsqu’il regarde sous le lit (c’est là que le monstre se cache dans le roman…).




Pour ce qui est de la dimension horrifique du film, la nouvelle version de Simetierre s’appuie sur d’autres ressorts que la version de 1990. Les effets spéciaux sont plus impressionnants, évidemment, et le film propose quelques jump scares, prévisibles mais efficaces sur les personnes plus impressionnables. À part cela, il faut admettre que le film en soi est sans surprise, car l’histoire est très simple et on devine vite où le scénario veut en venir. C’était déjà le cas dans le livre, qui jouait davantage sur un malaise grandissant que sur les rebondissements de situation. Mais les différences insérées dans le scénario par rapport au roman de base fonctionnent, tout en restant fidèle à l’esprit du livre. On regrette seulement que les situations de malaise soient souvent désamorcées par l’humour, un élément qui fait sourire mais qui n’était peut-être pas indispensable dans un film d’épouvante.
Simetierre ne deviendra peut-être pas un film aussi iconique que l’a été Ça, mais il a le mérite de proposer une version rafraîchie du roman et d’être à la fois efficace et immersif. S’il ne marquera peut-être pas les mémoires, il reste une adaptation fidèle et, peut-être, donnera envie aux spectateurs de se plonger dans le roman de Stephen King, pour une angoisse qui durera bien plus longtemps qu’1h41.



Victoire




On pourra toujours discuter la volonté un brin putassière de la Paramount a vouloir adapter à nouveau le merveilleux et sombre roman de Stephen King, alors que la première version cinéma signée Mary Lambert (officieusement Stephen King, qui a plus ou moins tout orchestré à deux pas de chez lui), incarnait sans forcer autant un must see que l'une des meilleures transpositions sur grand écran d'une oeuvre du plus populaire des écrivains horrifiques.
En même temps, capitaliser sur un produit au succès avéré, est plus que coutume à Hollywood, et on ne peut pas trop en vouloir à la firme de chercher à réaliser un nouveau casse au box-office après le triomphe de Sans un Bruit, à la même époque l'an passée.
Et puis, quitte à jouer pleinement la carte de la sincérité, le précédent film avait suffisamment laissé de côté certains axes du récit original (les références au Wendigo en tête), pour qu'une hypothétique nouvelle version puisse un minimum se légitimiser.


Ce que n'arrive pas pleinement à faire le film du duo Kevin Kölsch/Dennis Widmyer, vraie péloche macabre et sombre autant qu'elle ne se démarque jamais vraiment du tout venant horrifique à la mode (quelques jumps scared pas toujours habile à la clé), ni qu'elle offre une relecture réellement pertinente de l'oeuvre de King - pour laquelle elle s'autorise quelques écarts à son tour.
Une nouvelle fois axé sur les terreurs intimes de la famille Creed, frappé de plein fouet par le mal absolu, à ceci près qu'elle rend la perte d'un enfant encore plus palpable et douloureuse que dans le film de Lambert (ou le drame était nettement moins poignant), puisque les cinéastes ont le bon goût (et oui) de réellement renforcer les liens entre Louis Creed et sa fille Ellie (qui est ici le pivot de l'esprit maléfique, et non plus le jeune Gage); la péloche, qui se fait un point d'honneur de réhabiliter - mais pas trop - la figure imposante du Wendigo (sans trop en faire non plus), n'en reste pas moins un lifting léché mais prévisible du film original - sublime photographie de Laurie Rose -, largué sur les épaules larges mais peu inspirée d'un Jason Clarke ressortant plus ou moins la même palette de jeu au fil des métrages depuis quelques années.
Pire, cette version 2.0, qui perd évidemment de l'aura kitschissime du film de Lambert (les 80's ça aide) et même tout son potentiel effrayant, parvient même à perdre un brin son ton sérieux dans un désamorçage maladroit et très second degré de ses événements tragiques, avant de moyennement retrouvé son cap dans un ultime tiers déstabilisant, cruel et jusqu'au-boutiste, laissant transparaître bien trop tard ce qu'aurait pu/dû être s'être entreprise de démolition/réappropriation bancal mais captivant, laissant songer que la mort n'est peut-être pas la pire chose qui soit.


Reste que malgré ses défauts certains et une propension à s'auto-mutiler lui-même, le Simetierre de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer n'en est pas moins un moment d'épouvante efficace, et une adaptation de King plus soigné qu'à l'accoutumée.
Et c'est déjà pas si mal...


Jonathan Chevrier

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