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[CRITIQUE] : We The Animals


Réalisateur : Jeremiah Zagar
Acteurs : Evan Rosado, Raul Castillo, Sheila Vand,...
Distributeur : LFR Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h34min

Synopsis :
Jonah est le cadet d’une fratrie de trois jeunes garçons impétueux et épris de liberté. De milieu modeste, ils vivent à l’écart de la ville avec leurs parents qui s'aiment d’un amour passionnel, violent et imprévisible. Souvent livrés à eux-mêmes, les deux frères de Jonah grandissent en reproduisant le comportement de leur père alors que Jonah se découvre progressivement une identité différente…



Critique :

On pourrait gentiment critiquer la campagne promotionnelle supposément maladroite du premier passage derrière la caméra de Jeremiah Zagar, réalisateur d'excellents documentaires qui s'essaye cette fois au difficile cap du long fictionnel, tant elle semblait veinement raccrocher la péloche à deux des dernières grosses bombes du cinéma indépendant US, Moonlight et Les Bêtes du Sud Sauvage, deux péloches célébrées dans de nombreux festivals même si l'absence totale de statuette dorée dans le palmarès du second nous laisse encore complètement ulcéré.
Et pourtant, We The Animals ne vole pas du tout son lien de parenté promotionnel a ses deux aînés, même s'il n'atteint jamais réellement leur maestria narrative et visuelle, car tout comme eux, il s'échine à conter le douloureux parcours initiatique d'un petit bout d'homme aux portes de l'adolescence, se cherchant lui-même autant dans sa famille férocement dysfonctionnelle, que dans un cadre majestueux mais hostile qui le met à l'épreuve avant même de réaliser son existence.


Constamment à hauteur d'enfant - et sa vision pure et humaine -, catapulté en pleine nature verdoyante ou la lumière, naturelle, vient autant d'un soleil écrasant (immense travail à la photographie de Zak Mulligan) que du regard lumineux et pétri d'humanité de son jeune héros, We The Animals, au plus près des corps, ne raconte rien de plus qu'un éternel et universel récit de découverte de soi, capté à travers la fougue et la fantaisie de Jonah (incroyable Evan Rosado).
Dans l'intimité de bouts de vies scrutés avec justesse, mêlant brutalité " éducative " et légèreté insouciante, magie du cadre et toxicité d'une passion démesurée adulte, Zagar laisse subtilement parler les images et les émotions plus que les mots, et tutoie la grâce en faisant de We The Animals une merveilleuse fable sur l'insouciance de l'enfance, qui a besoin de s'abîmer pour mieux encaisser le choc du passage à la vie d'adulte.
Un premier film de corps et de coeur poignant et puissant, pas exempt de défauts certes mais qui, au-delà d'une texture absolument renversante, permet l'avènement d'un wannabe cinéaste qu'il faudra suivre avec un intérêt plus que certain...


Jonathan Chevrier