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[CRITIQUE] : Shut up and play the piano

 

Réalisateur : Philipp Jedicke
Acteurs : Chilly Gonzales, Peaches, Leslie Feist,...
Distributeur : Rouge Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire, Musical
Nationalité : Français
Durée : 1h21min.

Synopsis :
Chilly Gonzales est à la fois un compositeur distingué d’un Grammy, un pianiste virtuose et un showman. Navigant entre le rap, l’électro et le piano, il est devenu un artiste performer pop qui s’est invité dans le sérail du monde de la musique classique. Cet artiste excentrique inspire et multiplie les collaborations avec entre autres Feist, Jarvis Cocker, Peaches, Daft Punk et Drake. Le changement reste le seul élément constant de sa créativité et il étonne à chaque fois le public par ses évolutions radicales. Shut Up and Play the Piano permet de suivre la carrière de Chilly Gonzales et nous plonge dans la dualité entre l’Homme et l’Artiste, où le doute et la mégalomanie sont les 2 faces de la même pièce.



Critique :


Un documentaire électrisant bien que fragmentaire qui permet de découvrir ou redécouvrir pour les mélomanes le pianiste et rappeur Chilly Gonzales – Jason Beck de son vrai nom. Les plus érudits auront d'ailleurs tôt fait de faire le rapprochement avec le non moins célèbre Christophe Beck, compositeur de nombreux films mais aussi et surtout de Buffy contre les Vampires & Angel (les vrais savent) et qui donc n'est autre que son frère.





Le premier film de Philipp Jedicke captive par la richesse de l'artiste dont il s'est entiché et dont il s'efforce de retranscrire l'univers hétéroclite le plus fidèlement possible. Shut up and play the piano rend ainsi compte de la diversité – en même temps que de l'unicité – des figures qu'incarne tour à tour Chilly Gonzales (punk refoulé, rappeur excentrique, virtuose du piano) et questionne plus largement la frontière tacite entre artiste et showman, entre art et performance – avec pour point d'orgue sa représentation phénoménale à l'orchestre de Vienne. Au départ – et à mon plus grand dam – linéaire, le documentaire s'affranchit fort heureusement peu à peu des contraintes chronologiques et biographiques pour ne plus s'intéresser qu'à la figure singulière qui l'anime, ce par le prisme de ses créations, de ses collaborateurs (Feist, Jarvis Cocker) ou de Chilly Gonzales lui-même. Deux scènes en particulier achèvent cet autoportrait : l'une assez drôle où il surprend des acteurs castés pour interpréter son rôle, l'autre, plus troublante, où il rappe avec son double féminin, renforçant ainsi le poids de l'ouverture où il se présentait à la fois comme un outsider, un imposteur et un mégalo – rien que ça.


Bien que cette posture totalement assumée – Chilly Gonzales souhaite être autant aimé que détesté – puisse entamer la patience de plus d'un spectateur, elle constitue l'un des sujets les plus intéressants du documentaire à savoir la lisière entre la personnalité publique (le fameux « personnage ») et la personnalité privée ainsi que, en filigrane, l'exploitation de ce lien étroit comme nouveau business model culturel pour les artistes. Malheureusement, Jedicke se disperse – sans doute par volonté assez maladroite de refléter au mieux la personnalité volatile et insaisissable de Chilly Gonzales – et on effleure donc plus qu'on approfondit la plupart de ces sujets – pourtant passionnants – et auxquels on peut ajouter les thématiques suivantes, toutes survolées malheureusement : la relation entre son personnage et les médias à l'heure des fake news (« They deserve fake. They don't deserve reality. »), sa vision du rap comme outil de survie et je cite « revanche capitaliste », sa relation ambivalente avec son frère ou encore les causes de son virage artistique (de l'expérimental à ses Solo Piano).




Un prélude lacunaire donc, intrigant et suffisant pour qui n'a jamais entendu parler de Chilly Gonzales mais qui laissera en revanche sur sa faim les amateurs et les plus curieux.



Anaïs


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