[CRITIQUE] : Les Eternels
Acteurs : Zhao Tao, Fan Liao, Feng Xiaogang,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Romance, Drame.
Nationalité : Chinois, Français, Japonais.
Durée : 2h30min.
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2018
Synopsis :
En 2001, la jeune Qiao est amoureuse de Bin, petit chef de la pègre locale de Datong.
Alors que Bin est attaqué par une bande rivale, Qiao prend sa défense et tire plusieurs coups de feu. Elle est condamnée à cinq ans de prison.
A sa sortie, Qiao part à la recherche de Bin et tente de renouer avec lui. Mais il refuse de la suivre.
Dix ans plus tard, à Datong, Qiao est célibataire, elle a réussi sa vie en restant fidèle aux valeurs de la pègre.
Bin, usé par les épreuves, revient pour retrouver Qiao, la seule personne qu’il ait jamais aimée…
Critique :
Portrait de femme vibrant citant directement son brillant Au-Delà des Montagnes, #LesEternels est un Jia Zhang-ke majeur, complexe, à la violence sèche et formellement sublime, certes un poil longuet dans son dernier tiers mais porté à bout de bras par la merveillleuse Zao Thao pic.twitter.com/POTvtocG9d— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 20 mai 2018
Depuis le formidable A Touch of Sin, Jia Zhang-ke est devenu un habitué de la Croisette, et il n'y a rien d'étonnant à le voir, comme Kore-eda où même Farhadi, squatter la compétition officielle avec son dernier long en date, Les Eternels, avec sa muse Zhao Tao en vedette.
Il n'y a rien d'étonnant non plus au fond, de voir le cinéaste voguer en terre connue, de faire que ses oeuvres se répondent dans une remise en question perpétuelle de ses thématiques et questionnements majeurs quitte à, peut-être, perdre quelques-uns de ses plus fervents admirateurs en cours de route.
Car presque tout dans son nouvel essai, enième portrait de femme vibrant et animé les flammes brûlantes de la passion, cite son précédent long, le brillant Au-Delà des Montagnes, lui aussi mélodrame puissant aux envolées oniriques et burlesques marquantes, contant les aléas de deux êtres qui se cherchent, s'aiment et se consument, avec en toile de fond l'étude sociale minutieuse et affutée d'une Chine industriellement en pleine mutation.
Même la structure narrative du film, en trois temps, est à nouveau reprise par le cinéaste.
Et si beaucoup pourront être rébuté par le calque volontaire, impossible en revanche, de ne pas s'incliner face à la justesse de ce nouveau gros morceau de cinéma, complexe, à la violence sèche et formellement sublime sur la trahison, l'amour et le temps qui passe; une nouvelle lettre d'amour de Zhang-ke à la merveilleuse Zhao Tao (impérial en femme forte et infiniment plus courageuse que l'homme de sa vie).
Dommage finalement, qu'il se perd dans un dernier tiers beaucoup trop étiré sur la longueur, parce que Les Eternels avait bien tout pour l'être au sein de cette cuvée 2018 du Festival de Cannes...
Jonathan Chevrier