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[CRITIQUE] : War Machine


Réalisateur : David Michôd
Acteurs : Brad Pitt, Emory Cohen, RJ Cyler, Topher Grace, Ben Kingsley, Tilda Swinton, Anthony Michael Hall, Scoot McNairy, Lakeith Stanfield, Will Poulter,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Comédie, Guerre, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min.
Disponible sur Netflix dès le 26 mai

Synopsis :
Un film sur la guerre qui retrace le parcours en montagnes russes d'un général américain et souligne la question très actuelle de la limite entre réalité et mascarade cruelle.
Se prenant pour un leader né et persuadé d'être dans le vrai, il se précipite, droit dans ses bottes, au cœur de la folie.
Brad Pitt pose un regard moqueur sur le général décoré et charismatique Stanley McChrystal, une personnalité militaire parmi les plus clivantes qui a pris la tête des forces de l'OTAN en Afghanistan avec la fougue d'une rock star, avant d’être envoyé au tapis par sa propre vanité suite à l'article sans langue de bois d'un journaliste.
War Machine évoque ce que l’on doit aux soldats en posant la question de l’objectif de leur engagement.



Critique :


Gageons que, sur le papier, le petit moment de cinéma qu'incarnait potentiellement le bien nommé War Machine, avait de quoi allécher tout cinéphile un minimum avertit - et le mot est faible.
Un jeune cinéaste australien plein de promesse, David Michôd qui en l'espace de deux films férocement savoureux (Animal Kingdom et The Rover) s'est taillé un joli statut de metteur en scène à suivre, un producteur/acteur vedette faisant parti du haut de la A-list Hollywoodienne, Brad Pitt, qui semblait ressortir pour l'occasion, sa panoplie délirante d'Aldo " Inglorious Bastards " Raine; les deux chapeautant l'adaptation d'un récit fictif s'intéressant aux coulisses du commandement ricain derrière la guerre en Afghanistan (" The Operators: The Wild and Terrifying Inside Story of America’s War in Afghanistan " de feu le journaliste Micheal Hastings).


Le tout produit par Netflix, devenu un label de qualité évident en l'espace de quelques mois.
Ça sentait furieusement bon la comédie satirique et provocatrice à souhait, frappant là ou ça fait mal un pays de l'Oncle Sam déjà méchamment perturbé depuis la prise de pouvoir de Donald Trump.
Au final, c'est surtout un pamphlet mi-figue mi-raisin, malin mais pas forcément fendard malgré quelques bons moments comiques (Ben Kingsley est génial), un poil coincé le cul entre deux chaises entre la comédie cynique et empathique, et le divertissement adulte un minimum réaliste et pertinent (avec une approche sombre et mature, tout en se jouant des clichés militaires), dans sa volonté de narrer avec subtilité les travers d'une guerre désordonnée, ridicule et vouée dès le départ à l'échec.


C'est une évidence, même si sa présence derrière la caméra à beau étonner, on sent constamment l'envie de Michôd de pointer du doigt l'absurdité du conflit en Afghanistan en critiquant sévèrement la manie du gouvernement ricain de s'impliquer dans le moindre conflit mondial (gouvernement qui se nourrit de ses conflits sans pour autant en chercher leurs résolutions) et de s'auto-contredire constamment, tout en prenant finalement parti de ses héros qui se battent pour " protéger " leur nation (avec des scènes de conflits réellement tendues); mais le cinéaste n'est ni Barry Levinson (Wag The Dog) ni Robert Altman (M.A.S.H.) et encore moins la plus sérieuse Kathryn Bigelow, et son message, jamais totalement pertinent ni asséné avec clarté (le pire, c'est que l'on sent tout du long la satire qu'il aurait aimé être), peine in fine à toucher sa cible et faire mouche.


War Machine, dont le titre même annonce la mise en image des rouages de la guerre et de la cristalisation sur pellicule du conflit mondial (la tournée à travers les capitales européennes est d'ailleurs très évocatrice), s'apparente alors plus à un Lord of War caricatural qu'à un vrai séisme militaro-comique sur pellicule.
Dommage, car en général mi-naïf mi-cartoonesque, Brad Pitt en impose et ressort, comme prévu, les tics magiques de son ancien personnage Aldo Raine dans un show totalement voué à sa cause (malheureusement, l'impressionnant casting de seconds couteaux gravite autour de lui et n'est pas forcément usé à sa juste valeur), magnifiant la carcasse détestable d'un personnage aussi fascinant et arrogant qu'il est pitoyable; victime d'un système qu'il s'échine pourtant à protéger.


Jonathan Chevrier

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