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[CRITIQUE] : Valley of Love


Réalisateur : Guillaume Nicloux
Acteurs : Isabelle Huppert, Gérard Depardieu, Dan Warner,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min.

Synopsis :
Isabelle et Gérard se rendent à un étrange rendez-vous dans la Vallée de la mort, en Californie. Ils ne se sont pas revus depuis des années et répondent à une invitation de leur fils Michael, photographe, qu'ils ont reçue après son suicide, 6 mois auparavant.
Malgré l'absurdité de la situation, ils décident de suivre la programme initiatique imaginé par Michael...


Critique :


Sans aller jusqu'à prétendre que les films noirs du bonhomme nous laisse de marbre, force est d'admettre que l'on a connu des cinéaste plus bandant que Guillaume Nicloux dans l'hexagone ces quinze dernières années.

Il faut dire que pour un excellent Une Affaire Privée, il nous a tout de même pondu les ronflants Le Concile de Pierre (avec la sublime - mais pas ici - Monica Bellucci), La Clef ou même encore il y a quelques années La Religieuse; pas de quoi l'avoir bien dure donc.


Et pourtant, difficile de ne pas avouer qu'avec son drame Valley of Love, le papa de Cette Femme-Là - qui a par ailleurs squatté la compét officielle sur la dernière Croisette - s'est directement adressé aux amoureux de cinéma que nous sommes, en nous aguichant au plus haut point avec la reformation sur grand écran du merveilleux tandem Isabelle Huppert et Gérard Depardieu.

Deux monstres sacrés du cinéma français qui n'avaient plus habités la même pellicule depuis le Loulou de Pialat, il y a tout juste trente-cinq ans.

Un rendez-vous des plus immanquable donc, qui suit l'histoire douloureuse d'Isabelle et Gérard (!), un couple qui se rend à un étrange rendez-vous dans la Vallée de la mort, en Californie.
Ils ne se sont pas revus depuis des années et répondent à une invitation de leur fils Michael, photographe, qu’ils ont reçue après son suicide, 6 mois auparavant.

Malgré l’absurdité de la situation, ils décident de suivre le programme initiatique imaginé par Michael…


Si les précédents essais du metteur en scène ne laissait pas franchement présager une réussite des plus marquantes, force est d'admettre que, de manière on ne peut plus étonnante, son conceptuel Valley of Love incarne une belle et surprenante proposition de cinéma au sein d'un mois de juin qui les compte définitivement à la pelle (Ex Machina, Le Monde de Nathan, Mustang)

En jouant merveilleusement des contraires (on ne peut pas faire plus opposé physiquement, que le duo Depardieu/Huppert), tout en s'appuyant sur un scénario solide et des dialogues finement écrits, Nicloux prend le parti-pris des plus intéressants - et salvateur - de penser son film autour de ses acteurs, de se nourrir aussi bien de leur vécus que de leur sensibilité au sein d'une histoire bouleversante d'un couple nostalgique jadis unis, ayant depuis refait sa vie mais qui, par la force d'un espoir vain de pouvoir revoir leur fils décédé, se retrouve et fait front ensemble face à l'ultime épreuve que leur progéniture leur a concocté.

Faussement méta, parfois brouillon, effleurant avec intelligence les thèmes universels de l'amour et de la mort (le deuil d'un enfant plus particulièrement), Valley of Love incarne une expérience profondément étrange et mélancolique, un parcours introspectif à l'ambiance un brin fantastique et pesante notamment par la force de son cadre - la mythique Vallée de la Mort en Californie -, que par son envoûtante musique.


Sensible, obsessionnel, sobre et fascinant à la fois, la péloche est avant tout et surtout une œuvre rare totalement vouée à ses interprètes à l'alchimie renversante (leurs dialogues et échanges sont la glue du film), que le cinéaste filme amoureusement tout en ayant bien conscience de la beauté et de la puissance qu'ils dégagent.

Portant le métrage à bout de bras, Isabelle Huppert est d'une sincérité et d'une maitrise remarquable tandis que le merveilleux Gérard Depardieu, bouffe lui littéralement l'écran avec toute la fragilité bouleversante et le charisme bestial qui caractérise sa légendaire prestance, livrant sans conteste sa prestation la plus juste depuis l'excellent Mammuth.

Cet élan méta, avec ce personnage portant aussi bien son prénom que ses cicatrices intimes (l'acteur a également perdu un fils), n'aurait décemment pas eu le même impact sans la composition tout en vulnérabilité d'un des derniers (le ?) grands rois du septième art hexagonal.


Beau, tendre et épris de jolis moments de grâce, Valley of Love est de ces vibrantes errances à ciel ouvert sublimes, mystiques et puissantes qui manquaient cruellement au cinéma français et même, plus directement, à une année cinéma de 2015 qui n'a décidément pas fini de nous surprendre...


Jonathan Chevrier


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