[CRITIQUE] : Mad Max : Fury Road
Réalisateur : George Miller
Acteurs : Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult, Zoé Kravitz,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : 100 000 000 $
Genre : Action, Science-Fiction.
Nationalité : Américain, Australien.
Durée : 2h00min.
Le film est présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2015.
Synopsis :
Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d'un véhicule militaire piloté par l'Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s'est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement…
Critique :
Tous les superlatifs manqueraient presque pour caractériser la claque qu'incarne #MadMaxFuryRoad. M-O-N-U-M-E-N-T-A-L @warnerbrosfr
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 14, 2015
Oubliez les délires superhéroïques, les blockbusters friqués ou même le viagra, le nouvel excitant du cinéphile s'appelle #MadMaxFuryRoad
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 14, 2015
Accouché dans la douleur après plus de dix ans de productions infernales, alignant les rebondissements à la pelle (dans la poisse, George Miller est le frangin caché de Terry Gilliam) tout comme le fit en son temps Mad Max : Le Dôme du Tonnerre, l'attendu Mad Max Fury Road débarque enfin dans les salles obscures hexagonales.
Une arrivée précédée d'une attente foutrement indécente et démesurée de la part de cinéphiles excités comme des puces (pour être poli) après sa bandante campagne promotionnelle.
Dès lors, le constat fut très vite simple pour les amateurs des aventures du Max que nous sommes : si Miller arrivait à tenir ne serait-ce qu'à moitié, les belles promesses de ces furieuses bandes annonces, le pari était gagné pour le bonhomme et la déception n'aurait jamais pointé le bout de son nez dans nos cœurs amoureux, impatient de célébrer un digne et Vrai successeur au meilleur road movie post-apocalyptique de l'histoire, Mad Max 2 - Le Défi.
Et force est d'admettre qu'à soixante-dix printemps bien tassés, non seulement Miller répond à toutes les attentes avec cette quatrième aventure, mais il fout surtout un putain de coup de pied de mule dans la fourmilière des grosses productions Hollywoodiennes, en incarnant ni plus ni moins que le meilleur blockbuster le plus fun, jouissif, malade et spectaculaire jamais tourné jusqu'à aujourd'hui.
Un pur fantasme sur pellicule, une péloche kaboom, monumentale, démesurée, exceptionnelle et sans nul pareil.
Face à elle, même l'éreintante franchise Transformers mise en boite par Michael " Fucking " Bay, pourtant abusivement shooté à la surenchère de CGI et d'explosions en tout genre, peine à jouer des coudes...
Furieux comme son titre, appuyant volontairement sur l'accélérateur niveau action au détriment peut-être, de l'émotion (on peine à s'attacher à tous les personnages) et de son intrigue - on peut résumer le tout à une traversée über foldingue dans le désert -, Fury Road s'impose comme une suite détonante de Mad Max 2 dès son introduction (la voix-off sentencieuse et le monde post-apocalyptique désertique à la clé), avant de devenir une version longue délirante de sa course poursuite finale.
Une course effrénée, dynamique et ininterrompue, aux scènes d'actions inédites ne tombant jamais dans la facilité de la redite.
Orgie jusqu'au-boutiste, osant tout et ne se refusant jamais rien - même les excès les plus fous -, porté par un découpage aussi brillant que son rythme est effréné (les courts temps morts se comptent sur les doigts d'une main), Fury Road est mené d'une main de maître par le chef d'orchestre virtuose George Miller, qui n'a rien perdu de sa superbe malgré les années qui passent et un passage plus ou moins inspiré vers le cinéma d'animation (Happy Feet et sa suite).
Plus que ses personnages - les dialogues ne sont pas légions -, Miller fait parler le rugissement des moteurs et la folie dégénérée d'une pluie impressionnantes de freaks hauts en couleurs aux penchants méchamment malsains, et parsème même son histoire d'une subtilité et d'un féminisme étonnant (on y découvre des femmes refusant d'être réduit à des génitrices d'un despote, et se battant pour leur liberté).
Mieux, il se paye même le luxe sadique de mettre à mal et en retrait son héros durant la première demie heure, celui-ci étant enlevé par le clan d'Immortan Joe, un tyran aux nombreuses femmes étant le seul à avoir accès à l'eau, avant de se transformer en perfusion humaine pour un soldat en quête d’éternité, Nux.
Il subira l'action jusqu'à ce que Joe se lance à la poursuite de l'impératrice Furiosa - qui s'est fait la belle avec toutes ses bourgeoises pondeuses -, et qu'il épouse la cause de celle-ci, pour mieux retrouver les valeurs humaines et toutes les lettres de noblesse de sa légende.
Dit héros légendaire campé donc ici par Tom Hardy, il est vrai loin d'être meilleur que l'inestimable Mel Gibson (le seul et l'ultime Max Rockatansky), mais suffisamment impliqué et charismatique à souhait pour convaincre, dans la peau torturé et dépressive d'un Max qui a tout perdu, mais qui ne cesse pourtant de se battre.
Mais de manière assez improbable, il se fait pourtant très vite voler la vedette par la merveilleuse Charlize Theron (affublée d'un crane rasée et d'un corps mutilé qui n'atténue pourtant en rien son charme ravageur), habitée et plus badass que jamais dans la peau de Furiosa - elle est l'attraction majeure du film et tout tourne autour d'elle.
Leur duo envoie méchamment du petit bois, et ressemble même à une love story des plus touchantes (un amour timide, fait de regards et de gestes qui marquent, comme le sauvetage de Max durant la course-poursuite, ou le fait que celui-ci donne son sang à sa belle pour qu'elle reste en vie), tandis que Nicholas Hoult impressionne en Nux, sideckick plus courageux qu'il n'en a l'air et aux écarts comiques sympathiques.
Imprévisible (tout peut arriver, et le mot est faible), hallucinant et généreux comme ce n'est pas permit, visuellement renversant (la photographie, les décors, la majorité des effets spéciaux... rien est à jeter) et assumant toutes ses exagérations, le métrage est durant plus de deux heures un opéra ultra violent et graphique infernal (impression conforté par la présence du char musical qui suit le convoi) aux allures de cartoon trash et coloré bourré jusqu'à la gueule de moments de bravoures et d'idées brillantes et originales, ne laissant jamais son spectateur et ses protagonistes sur le bord de la route.
Si l'affiche annonce que l'avenir appartient aux fous, le destin du blockbuster rutilant et bandant repose lui dans les mains d'un papy du septième art, réinventant le cinéma d'action avec un chef d’œuvre hybride, une proposition tellement aguichante que tout amoureux du genre ne peut que l'épouser sans la moindre hésitation.
Un vieux briscard du cinéma, un poète de la taule et des crissements de pneus capable de capter avec maestria la nostalgie folle des pures péloches d'antan pour la faire copuler sauvagement avec l'opulence des moyens modernes pour accoucher d'une œuvre unique, une claque qui manquerait presque de superlatif pour la caractériser.
Mettre à mal avec autant d'insolence toute la concurrence par la puissance sidérante d'un divertissement total, ce n'est même plus de l'art, c'est tout simplement du putain de génie.
Merci Monsieur Miller, et vivement la suite.
Jonathan Chevrier