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[CRITIQUE] : Transcendance



Réalisateur : Wally Pfister
Acteurs : Johnny Depp, Rebecca Hall, Paul Bettany, Morgan Freeman, Kate Mara, Cillian Murphy,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Science-Fiction, Thriller.
Nationalité : Américain et Britannique.
Durée : 1h59min.

Synopsis :
Dans un futur proche, un groupe de scientifiques tente de concevoir le premier ordinateur doté d’une conscience et capable de réfléchir de manière autonome. Ils doivent faire face aux attaques de terroristes anti-technologies qui voient dans ce projet une menace pour l’espèce humaine. Lorsque le scientifique à la tête du projet est assassiné, sa femme se sert de l’avancée de ses travaux pour « transcender » l’esprit de son mari dans le premier super ordinateur de l’histoire. Pouvant désormais contrôler tous les réseaux liés à internet, il devient ainsi quasi omnipotent. Mais comment l’arrêter s’il perdait ce qui lui reste d’humanité ?


Critique :

Et si finalement, le précieux Johnny Depp avait perdu son mojo, aussi bien au box-office que dans ses choix de carrière ?

Ou la question méchamment légitime que peuvent se poser tous les cinéphiles aujourd'hui, aux vues des raisons échecs et choix hasardeux du bonhomme.

Mis à part la toujours triomphante franchise Pirates des Caraïbes - dont le cinquième opus est en passe d'être le blockbuster le plus cher de l'histoire -, le Johnny enchaine les gadins lourdement embarrassant depuis trois ans maintenant, de Rhum Express à Lone Ranger, en passant par ce Transcendence donc, premier film du chef op attitré de Christopher Nolan, Wally Pfister.


Film qui sur le papier incarne une pure SF d'anticipation alléchante au casting indécent de talent, mais qui s'est très vite avéré ses dernières semaines, être le premier gros four retentissant de l'été outre-atlantique (un peu comme Lone Ranger l'an dernier).

Production trop exigeante et complexe pour le public estivale, à l'instar du Edge of Tomorrow porté par le tout aussi précieux Tom Cruise ?

Pas vraiment, car plus qu'un film incompris boycotté par le public - soit le cas du génial film de Liman -, Transcendance est une véritable déception sur plusieurs tableaux, un rattage complet qui ne transcende justement jamais un pitch de départ dans l'air du temps et hautement alléchant, ainsi que des interprètes pourtant totalement voués à sa cause.

Transcendance, c'est l'histoire de Will Caster, pionnier de l'intelligence artificielle, qui est bientôt sur le point de concevoir le premier ordinateur capable de réfléchir de manière autonome.
Une révolution qu'un groupuscule anti-technologique compte empêcher par tous les moyens, quitte même à tuer Caster.
Lorsque celui-ci est empoisonné, et alors qu'il ne lui reste plus qu'une poignée de semaines à vivre, à l'aide de sa dévouée femme, il va tenter de télécharger sa conscience à l'intérieur de son super-ordinateur.
Mais c'était sans compter le fait que la machine prendrait très vite le pas sur l'humanité de Will...


A sa vision, force est d'admettre que le coup de piston assez conséquent de tonton Nolan pour son protégé Pfister (il avait un temps envisagé de le mettre en scène avant de n'en être que simple producteur exécutif) aura clairement été un putain de coup d'épée dans l'eau, tant l'apprenti réalisateur n'était pas réellement encore prêt à passer derrière la caméra d'un projet aussi ambitieux, pour preuve sa réalisation follement cheap et manquant cruellement d'âme (les scènes d'affrontements sont foireuses, tout autant que les SFX).

Sous les traits d'un script méchamment boiteux, sorte de remake mal inspiré de la série B plus ou moins culte des 90's, Le Cobaye (avec un Pierce Brosnan before 007), qui gratte dans un peu tout ce que la SF intelligente à fait de mieux ses cinquante dernières années - Matrix, 2001 et Blade Runner surtout -, qui ne se veut pas du tout linéaire comme les films de Nolan - on pense à Memento et Inception ici surtout -, et qui se plombe dès l'introduction (mais chut, pas de spoilers), Transcandence est surtout une bande très longue - deux heures - qui ne captive que sporadiquement son audience.

Si le premier tiers captive avec son thème de l'intelligence artificielle rationalisante, capable de guérir tous les maux de la Terre - du déjà vu certes - sans pour autant être franchement mordant, c'est au moment supposément le plus intéressant, ou le personnage de Johnny Depp, Caster, renait de l'autre côté l'écran, que le métrage sombre littéralement dans le néant et le ridicule, se bornant à livrer pléthore de réflexions au lieu de se focaliser sur l'essentiel : la dualité entre l'humanité de Caster et sa création, et le thème du libre-arbitre.

Dans le cas présent, Pfister se fout de tout mise totalement sur l'abracadabrantesque sans même se retourner, transformant Depp/Caster en mégalomaniaque tout droit sortis d'un comics et aux dessins pas très clair, usant de la régénération cellulaire comme arme pour contrôler des doubles zombiesques...


D'un développement des personnages inexistants, à une romance (l'amour d'Evelyn pour son mari est le cœur du film) forcée des causes d'une alchimie entre le couple Depp/Hall transparente - alors qu'on était plus ou moins en droit d'espérer une love story aux résonances virtuelles dans la même veine que le Her de Spike Jonze -, en passant par un usage des thèmes récurrents au genre sans jamais les transcendés (la paranoïa, le manichéisme, le combat moral entre l'homme et la machine) sans oublier une caractérisation facile des terroristes violents (ils sont contre donc violents), des supposés technophobes qui usent pourtant assidument de la technologie (ordinateurs, téléphones), le film passe à côté de son sujet sur tous les points.

Pire même, alors qu'elle est totalement dénuée d'action - on joue plus sur le côté cérébral qu'autre chose -, la péloche n'arrive même pas à pousser au débat que ce soit sur ses questions écolos ou même technologiques (l'idée que demain, nous pourrions uploader notre conscience pour vaincre la mort, n'est qu'à peine effleuré, idem pour la potentielle altération de la personnalité et notre lourde dépendance à la technologie).

Le film se complet dans un néant total, parfois beau grâce à des décors joliment conçus, mais complétement futile puisque l'on ne ressent pas une seule seconde, de l'empathie pour ses protagonistes, campés par des acteurs qui ne sont ici que l'ombre d'eux-mêmes.

La sublime Rebecca Hall peine à touchée et émouvoir, Johnny Depp semble littéralement ailleurs et désincarné, et pour le reste, on ne peut déplorer la présence d'excellents comédiens présent uniquement pour apporter une mention commercial supplémentaire à la bande (les affreusement sous-utilisés Kate Mara, Morgan Freeman, Paul Bettany et Cillian Murphy).


Pur produit commercial sans saveur, Transcendance se perd constamment dans ses nombreuses réflexions au point de ne jamais en effleurer la moindre réponse mais surtout, au point de ne jamais incarner ce qu'il est supposé être à l'origine, à savoir un divertissement estivale en forme de pur plaisir coupable éblouissant et dépaysant.

Long, ennuyeux et navrant, il incarne indiscutablement la première (grosse) déception de cet été des blockbusters 2014...


Jonathan Chevrier

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