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[CRITIQUE] : Maléfique


Réalisateur : Robert Stromberg
Acteurs : Angelina Jolie, Elle Fanning, Sharlto Copley, Sam Riley, Brenton Twaites, Juno Temple,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : 200 000 000 $
Genre : Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h37min.

Synopsis :
Maléfique est une belle jeune femme au coeur pur qui mène une  vie idyllique au sein d’une paisible forêt dans un royaume où règnent le bonheur et l’harmonie. Un jour, une armée d’envahisseurs menace les frontières du pays et Maléfique, n’écoutant que son courage, s’élève en féroce protectrice de cette terre. Dans cette lutte acharnée, une personne en qui elle avait foi va la trahir, déclenchant en elle une souffrance à nulle autre pareille qui va petit à petit transformer son coeur pur en un coeur de pierre. Bien décidée à se venger, elle s’engage dans une bataille épique avec le successeur du roi, jetant une terrible malédiction sur sa fille qui vient de naître, Aurore. Mais lorsque l’enfant grandit, Maléfique se rend compte que la petite princesse détient la clé de la paix du royaume, et peut-être aussi celle de sa propre rédemption…



Critique :

Si le (très) moyen Alice aux Pays des Merveilles n'avait pas tâter du milliard de dollars de recettes au box-office mondial, force est d'admettre que Disney aurait certainement réfléchit à deux fois avant de revisiter ses mythes fondateurs pour en faire des adaptations lives.

Mais le succès du film de Tim Burton - à qui Maleficent était un temps promis - a fait que non seulement la major aux grandes oreilles s'est vu offrir là un filon en or pour glaner du billet vert à outrance, mais surtout il a fait que le conte est redevenu aujourd'hui un genre éminent populaire aussi bien sur le petit que sur le grand écran.

Le carton du tout aussi moyen Le Monde Fantastique d'Oz de Sam Raimi ayant définitivement enfoncé le clou, Disney entreprend donc un tournant majeur dans sa production cinématographique, une sorte de modernisation/mutation que confirmera Maléfique cette année, en attendant les Cendrillon de Kenneth Branagh et Le Livre de la Jungle de Jon Favreau, l'an prochain.

55 ans plus tard, la major revient à l'un de ses plus gros succès inspiré du conte culte de Perrault, La Belle au Bois Dormant, et en change diamétralement son ton et son point de vue.


Si, sur le papier, ce concept purement commercial avait de quoi nous rebuter un brin - ça sent le Alice bis, ajouté au fait que le réalisateur Robert Stromberg est un bleu dans le business -, la volonté de faire de ce film de (supposée) vilaine emblématique une vraie origin story sur la sorcière ultime, avec la grande Angelina Jolie dans le rôle-titre (genre le putain de casting du siècle tellement logique qu'il parait trop beau pour être vrai), avait de sacrés atours pour méchamment intriguer son cinéphile.

On y suit donc l'histoire de Maléfique, une belle jeune femme au cœur pur qui mène une  vie idyllique au sein d’une paisible forêt dans un royaume où règnent le bonheur et l’harmonie.
Disneyland quoi, ou presque.

Un jour, une armée d’envahisseurs menace les frontières du pays et Maléfique, n’écoutant que son courage, s’élève en féroce protectrice de cette terre.
Dans cette lutte acharnée, une personne en qui elle avait foi va la trahir, déclenchant en elle une souffrance insoutenable et sans nulle autre pareille qui va petit à petit transformer son joli cœur pur en un cœur de glace et de pierre.
Bien décidée à se venger, elle s’engage alors dans une bataille épique avec le successeur du roi, jetant une terrible malédiction sur sa fille qui vient de naître, Aurore qui pour le coup, n'y peut pas vraiment grand chose la pauvre.

Mais lorsque celle-ci grandit, Maléfique se rend compte de son erreur et réalise que la petite princesse détient finalement la clé de la paix du royaume, et peut-être même aussi celle de sa propre rédemption...


Bien loin du simple prequel pensé, Maléfique s'impose in fine bien plus comme une extension de l'univers du conte crée par Charles Perrault - comme Blanche-Neige et le Chasseur -, qu'une quelconque reprise faiblarde, totalement vouée à son héroïne.
Une intention d'ailleurs très vite annoncée dès son ouverture, via son (un peu lourd) monologue d'introduction.

Exit donc le caprice d'une sorcière non-invitée à un baptême royale, le film tend à se pencher sur les vraies raisons du passage du coté obscur de la force, de la fameuse Maléfique, dont la nature de sa colère est bien plus profonde qu'on ne le pense.
Le film désire l'humanisée en lui offrant un background imposant et une importance totale, un argument promotionnel alléchant mais assez casse-gueule sur la longueur puisqu'il en deviendra très vite un handicap pour le développement naturel du récit.

Dans une première moitié joliment enivrant (mais tronqué un poil par une voix-off trop présente), Richard Stromberg conte les aventures " jamais vu ni connu " de Maléfique dans un univers follement poétique, gothique et bluffant, ou la plus puissante des fées lutte, dans un monde coupée en deux - d'un côté le monde des humains égoïstes et avides, de l'autre celui de la Lande et des êtres surnaturels -, pour protéger la fôret enchantée.

Le tout avec en filigrane son histoire d'amour impossible d'avec Stefan, qui se jouera de ses sentiments pour devenir roi.


Une ambition scénaristique certes parfois bancale mais fort louable, qui apporte une consistance (voir même une justification) salvatrice à la vengeance de la redoutable sorcière - qui implique sa fameuse malédiction de la descendance du Roi Stefan, Aurore -, puisque c'est la trahison de cet homme envers lequel elle aura légué toute sa confiance et son amour, qui fera que la souffrance l'a consumera (presque) irrémédiablement.
Soit une méchante qui n'en est pas réellement une mais qui a, justement, toutes les raisons logique de l'être.

Scrupuleux sur le moindre détail concernant son héroïne - de l'origine de son corbeau et de son sceptre au choix de la malédiction, le script n'oubli rien -, le métrage respecte à la lettre La Belle au Bois Dormant, insérant de ci et là, quelques hommages à celui-ci (la scène du baptême, ou encore celle de la piqure) tout en s'aventurant sur des territoires narratifs rafraichissants et bien pensés, comme la naissance des liens entre Aurore et Maléfique.

Observant la jeune princesse depuis sa naissance, la sorcière passera peu à peu de spectatrice lointaine à véritable marraine, lui apportant l'attention que les autres fées ne lui apporte pas, allant même jusqu'à s'attacher à elle dans un soucis de rédemption presque prémonitoire.
Un pari hautement osé, mais qui incarne indiscutablement l'une des plus belles réussites du métrage qui en compte, dans le fond, presque autant que des échecs.

Car ce que le Stromberg gagne en bons points dans sa narration - qui perd cependant littéralement son souffle dans sa seconde moitié -, son respect du cahier des charges du divertissement familial (soit un ton léger, sombre mais pas trop) et le jeu immense d'une Angelina Jolie investie comme jamais et absolument parfaite dans le rôle, il les perd automatiquement dans sa volonté de vouloir produire une sorte de mash-up visuelle de tout ce qui a pu être produit dans le genre héroic fantasy depuis vingt ans, mais également dans une direction d'acteur flirtant méchamment avec la transparence (Sharlto Copley cabotine copieusement tandis que Elle Fanning parait un peu palote et que Sam Riley fait comme il peut dans la peau du corbeau sous-fifre).


Ainsi, dès sa première bobine, Stromberg se perd visuellement sous un amas de références qui frise lourdement avec le pompage pur et simple, de la poésie pure d'un Legend à la bioluminescence d'Avatar, en passant par la beauté médiéval du Seigneur des Anneaux ou encore la féerié farfelu d'Oz et même d'Alice aux Pays des Merveilles, dans une pluie d'effets numériques qui, si ils ne rendent pas toujours justice à la péloche, sont la preuve impressionnante de son savoir-faire.

Le résultat est loin d'être dégueulasse donc, le tout étant même foutrement beau - et soutenue par un sublime score signé James Newton Howard -, mais sous la houlette d'un chef décorateur aussi renommé (et ayant par ailleurs, bossé sur la plupart des films cités plus haut), on aurait été en droit d'espérer un poil plus d'originalité.

Ajouté à tout ça quelques grosses incohérences, une 3D passable, un traitement des personnages secondaires inexistants puisque souvent livrés à eux-mêmes - pour preuve la présence inutile et hautement caricaturale, des fameuses fées renommées ici Hortense, Capucine et Florette -, et un prince charmant plus cul-cul/con-con tu meurs, et vous comprendrez aisément que Maléfique n'apporte strictement rien au genre tout en étant infiniment plaisant à regarder, et qu'il déçoit tout autant qu'il impressionne, que l'on est gardé en soit son âme d'enfant facilement impressionnable ou non.

Reste que madame Jolie et son aura magique envoie sacrément du petit bois du début jusqu'à la fin, et rien que pour cet argument de poids, la péloche justifie pleinement sa vision en salles...


Jonathan Chevrier


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