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[CRITIQUE] : Grace de Monaco


Réalisateur : Olivier Dahan
Acteurs : Nicole Kidman, Tim Roth, Frank Langella, Parker Posey, Paz Vega, Milo Ventimiglia,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : 30 000 000 $
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain, Français, Belge, Italien.
Durée : 1h42min.

Synopsis :
Lorsqu'elle épouse le Prince Rainier en 1956, Grace Kelly est alors une immense star de cinéma, promise à une carrière extraordinaire. Six ans plus tard, alors que son couple rencontre de sérieuses difficultés, Alfred Hitchcock lui propose de revenir à Hollywood, pour incarner Marnie dans son prochain film. Mais c'est aussi le moment ou la France menace d'annexer Monaco, ce petit pays dont elle est maintenant la Princesse. Grace est déchirée. Il lui faudra choisir entre la flamme artistique qui la consume encore ou devenir définitivement : Son Altesse Sérénissime, la Princesse Grace de Monaco.



Critique :

On le sait, le prestigieux Festival de Cannes n'a pas toujours brillé dans ses choix  de films ces dernières années, pour ouvrir sa fameuse quinzaine.

Pour le sublime Minuit à Paris, nous avons eu droit aux ratages Blindness et surtout Da Vinci Code, pas de quoi prouver au monde du septième art que le standing cannois est ce qu'il se fait de mieux sur la planète.

Mais cette année, force est d'admettre que la programmation a clairement chercher à marquer les mémoires, en prenant ni plus ni moins que l'une des péloches les plus buzzés - et pas forcément dans le meilleur terme qui soit - de ses derniers mois, Grace de Monaco, ou le biopic ciblé (à la mode quoi) de la regretté Grace Kelly, figure glamour imposante et majeur de la principauté, campée par l'immense Nicole Kidman.

Signé par le talentueux Olivier Dahan - mais produit par Harvey " Scissorhands " Weinstein -, force est d'admettre que malgré ses nombreux soucis de productions, l'idée de voir associer l'une des meilleures actrices hollywoodiennes de ces vingt dernières années - mais déclinante depuis quelque temps -, au papa de La Môme, dans un biopic historique dans la lignée du Discours d'un Roi de Tom Hooper, avait tout pour nous combler au plus haut point.



Surtout que pour ne rien gâcher, le pitch de Grace de Monaco était méchamment intéressant sur le papier, tout autant que l'aura cinématographique de la destinée dorée et incroyable de la femme du prince Rainier.

Lorsqu’elle épouse le Prince Rainier en 1956, Grace Kelly est alors une immense star de cinéma, promise à une carrière extraordinaire.
Sauf que vie maritale oblige, la madame mais tout en suspens par amour.
Mais six ans plus tard, alors que son couple rencontre de sérieuses difficultés, Alfred Hitchcock lui propose de revenir à Hollywood, pour incarner Marnie dans son prochain film, Pas de Printemps pour Marnie.

Ou le genre de proposition qui ne se refuse décemment pas.
Mais c’est aussi le moment ou la France menace d’annexer Monaco, ce petit pays dont elle est maintenant la Princesse.
Grace est littéralement tiraillée par ses responsabilités de femme et son amour du septième art.
Il lui faudra choisir entre la flamme artistique qui la consume encore ou devenir définitivement; Son Altesse Sérénissime, la Princesse Grace de Monaco...

Alléchant qu'on vous dit, sauf que voilà, plus que le sublime Discours d'un Roi, Grace de Monaco s'avère être au final le jumeau d'un autre biopic ciblé bandant sur le papier, mais totalement insignifiant sur pellicule, le Diana d'Oliver Hirshbiegel.


Comme Diana, le film de Dahan est dénué de tout prestige et se voit nanti d'un scénario superficiel qui se donne tellement de liberté face à la réalité, qu'elle se sent presque obligé de se justifier dès son introduction, en mentionnant que « ce film est une fiction inspirée de faits réels ».
Difficile donc de comprendre pourquoi le Rocher a publiquement boycotté une œuvre qui ne peut décemment lui faire de l'ombre, loin du cinéma vérité qu'une telle approche pouvait le laisser espérer.

Ne levant que trop peu le voile sur la légende qu'elle incarne, le film ne s'articule réellement dans le fond, que sur le dilemme qui anime l'actrice, soit celui d'en être du prochain Hitchcock (SPOILERS vieux de cinquante ans, elle n'en sera pas), ou d'assumer pleinement son rôle de mère, de femme et de princesse, un nœud dramatique loin d'être inintéressant pour peu qu'il soit traité avec passion et sérieux.
Ce qui est totalement l'inverse du traitement choisi par Dahan, qui fait preuve d'une trop profonde déférence envers son personnage pour réellement lui rendre hommage, au point de la faire paraitre face caméra incroyablement lisse et fade.

Jamais sérieusement observée, expiée de tout penchant subversif (elle alignait pourtant les frasques à la pelle), constamment en train de tergiverser pour un oui ou pour un non, le comble du ridicule vient au moment ou celui-ci tente de l'ériger en figure politique risible, telle une Eva Perron du pauvre - impossible de ne pas penser au superficiel Evita à la vision du film -, héroïne bêtifiée et lourdement ingénue, qui peine de surcroit à émouvoir le spectateur.

Et ajouté à ça une mise en scène grandiloquente et (trop) illustrative, croulant sous un cahier des charges étouffant, à l'esthétique méchamment ronflante et artificielle - ou chaque personnage semble tout droit sortie d'un roman photo -, aux images d'archives dispensables doublée d'une intrigue politique simplifiée dans les grandes largeurs, et vous aurez droit à une immense guimauve proche d'une publicité pour un parfum de luxe sur près de deux heures, pimpante et sucrée sur le papier, mais terriblement amère et pénible une fois en bouche.


Laborieux, long, simpliste, léger, tronqué par des dialogues affreusement explicatifs, une musique trop suggestive et un jeu d'acteur transparent, le métrage ressemble in fine bien plus à un téléfilm en toc du dimanche après-midi sauce M6, qu'à la grande fresque mélodramatique espérée par un cinéaste ambitieux mais qui rêve bien plus son film qu'il ne le tourne.

A force de toujours vouloir rester planquer derrière la ligne jaune du politiquement correct, Grace de Monaco ne convainc jamais, hormis via la composition tout en glamour et en retenue d'une Nicole Kidman éblouissante et étonnement habitée par son rôle.

C'est très maigre - voir même anorexique -, au moment de faire les comptes à l'arrivée...


Jonathan Chevrier


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