[CRITIQUE] : Un Paese di Resistenza
Réalisatrices : Catherine Catella et Shu Aiello
Avec : -
Distributeur : VraiVrai Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Italien.
Durée : 1h30min
Synopsis :
Riace, Ce village de Calabre en Italie avait fait de l’accueil des migrants son avenir pendant 20 ans. Jusqu’au déferlement de la vague populiste qui gangrena l’Europe. Après des mois d’une minutieuse destruction orchestrée par Salvini, le village s’éveille tout doucement d’un long cauchemar.
Critique :
C'est peut-être à cause d'un clivage politique mondiale de plus en plus extrême (la montée progressive de l'extrême droite n'est plus qu'une simple menace, c'est une vérité qui nous touche tous à différentes échelles), qui va évidemment de pair avec une humanité passablement usée par le contexte sanitaire de ses dernières années, que la production cinématographique actuelle à une tendance prépondérante à vouloir aborder des sujets socialement pertinents, pour mieux alerter une population face à des dilemmes humains, sociaux et/ou écologiques de plus en plus préoccupant.
Cela dit, les cinéastes franco-italiennes Catherine Catella et Shu Aiello n'ont pas attendues que le sujet se fasse mode pour l'aborder frontalement et ce dès 2017 avec Un Paese di Calibria, qui revenait tout en témoignages et en images contemplatives, sur la sorte d'utopie faite réelle par un petit village du sud de l'Italie, Riece, qui a accueilli et aidé sans réserve plus de deux cents migrants kurdes, relançant par cette énergie solidaire la vie - économique comme humaine - de toute une communauté (une réouverture des maisons jusqu'ici abandonnées, des écoles, des commerces,...), malgré les pressions extérieurs (politique, mafieuse,...).
Un véritable exemple de bonté et de société multiculturelle, qui n'a cessé de se perpétuer au fil des années (et à fait plusieurs émules, pour ne rien gâcher à la fête), en cette époque sombre où la solidarité perd de plus en plus de sa substantifique moelle.
Sept ans plus tard, tout un monde dans une société contemporaine au radicalisme à la fois assumé (en Italie) et fébrilement masqué par le déni (cocorico), les deux cinéastes sont de retour avec une suite définitivement plus sombre, Un Paese di Resistenza, où le symbole de lutte et de solidarité profondes incarné par Riace, est furieusement rattrapé par la politique répressive et anti-migratoire de sa propre nation, menée par le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini : l'arrestation du maire du village, Mimmo Lucano, soupçonné d’aider l’immigration clandestine avant d'être assigné à résidence hors de Riace, première strate d'une spirale infernale qui verra l’État couper toute aide économique et détruire brutalement toute la menaçante solidaire et associative du village.
Avec force et sur un canevas de plusieurs années, le documentaire - qui prend les contours d'une fable distancée - pointe les ravages d'une nation dirigée par une politique d'extrême droite au moins autant que le courage et la résilience d'irréductibles gaulois italiens (pas si antinomique, même si l'histoire le contredit), bien décidés à résister à une xénophobie qui divise et dévore tout.
L'espoir de conserver intact ce monde meilleur dont ils ont prouvés avec force l'existence et la viabilité, c'est définitivement tout ce qui reste à ce petit bout de terre, à ces hommes et à ces femmes qui nous font croire, naïvement peut-être, que dans la noirceur politique dans laquelle l'humanité se dirige, tout n'est pas encore totalement perdu - et, en fin de compte, nous non plus.
Jonathan Chevrier
Avec : -
Distributeur : VraiVrai Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Italien.
Durée : 1h30min
Synopsis :
Riace, Ce village de Calabre en Italie avait fait de l’accueil des migrants son avenir pendant 20 ans. Jusqu’au déferlement de la vague populiste qui gangrena l’Europe. Après des mois d’une minutieuse destruction orchestrée par Salvini, le village s’éveille tout doucement d’un long cauchemar.
Critique :
Sept ans après Un Paese di Calibria et son bel exemple de société multiculturelle, #UnPaeseDiResistenza montre avec force comment le symbole de solidarité profondes incarné par le village de Riace, est furieusement rattrapé par la politique répressive et anti-migratoire italienne pic.twitter.com/OTjSsLNW3y
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 10, 2024
C'est peut-être à cause d'un clivage politique mondiale de plus en plus extrême (la montée progressive de l'extrême droite n'est plus qu'une simple menace, c'est une vérité qui nous touche tous à différentes échelles), qui va évidemment de pair avec une humanité passablement usée par le contexte sanitaire de ses dernières années, que la production cinématographique actuelle à une tendance prépondérante à vouloir aborder des sujets socialement pertinents, pour mieux alerter une population face à des dilemmes humains, sociaux et/ou écologiques de plus en plus préoccupant.
Cela dit, les cinéastes franco-italiennes Catherine Catella et Shu Aiello n'ont pas attendues que le sujet se fasse mode pour l'aborder frontalement et ce dès 2017 avec Un Paese di Calibria, qui revenait tout en témoignages et en images contemplatives, sur la sorte d'utopie faite réelle par un petit village du sud de l'Italie, Riece, qui a accueilli et aidé sans réserve plus de deux cents migrants kurdes, relançant par cette énergie solidaire la vie - économique comme humaine - de toute une communauté (une réouverture des maisons jusqu'ici abandonnées, des écoles, des commerces,...), malgré les pressions extérieurs (politique, mafieuse,...).
Un véritable exemple de bonté et de société multiculturelle, qui n'a cessé de se perpétuer au fil des années (et à fait plusieurs émules, pour ne rien gâcher à la fête), en cette époque sombre où la solidarité perd de plus en plus de sa substantifique moelle.
© VraiVrai Films |
Sept ans plus tard, tout un monde dans une société contemporaine au radicalisme à la fois assumé (en Italie) et fébrilement masqué par le déni (cocorico), les deux cinéastes sont de retour avec une suite définitivement plus sombre, Un Paese di Resistenza, où le symbole de lutte et de solidarité profondes incarné par Riace, est furieusement rattrapé par la politique répressive et anti-migratoire de sa propre nation, menée par le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini : l'arrestation du maire du village, Mimmo Lucano, soupçonné d’aider l’immigration clandestine avant d'être assigné à résidence hors de Riace, première strate d'une spirale infernale qui verra l’État couper toute aide économique et détruire brutalement toute la menaçante solidaire et associative du village.
Avec force et sur un canevas de plusieurs années, le documentaire - qui prend les contours d'une fable distancée - pointe les ravages d'une nation dirigée par une politique d'extrême droite au moins autant que le courage et la résilience d'irréductibles gaulois italiens (pas si antinomique, même si l'histoire le contredit), bien décidés à résister à une xénophobie qui divise et dévore tout.
L'espoir de conserver intact ce monde meilleur dont ils ont prouvés avec force l'existence et la viabilité, c'est définitivement tout ce qui reste à ce petit bout de terre, à ces hommes et à ces femmes qui nous font croire, naïvement peut-être, que dans la noirceur politique dans laquelle l'humanité se dirige, tout n'est pas encore totalement perdu - et, en fin de compte, nous non plus.
Jonathan Chevrier