[CRITIQUE] : Crossing Istanbul
Réalisateur : Levan Akin
Acteurs : Mzia Arabuli, Lucas Kankava, Deniz Dumanli, Metin Akdemir,...
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Danois, Français, Géorgien, Suédois, Turque.
Durée : 1h46min.
Synopsis :
Lia, professeure à la retraite, s’est promis de retrouver Tekla, sa nièce disparue depuis trop longtemps. Cette quête la mène à Istanbul, ville de tous les possibles. Elle y rencontre Evrim, une avocate qui milite pour les droits des personnes trans, et Tekla lui semble alors de plus en plus proche.
Critique :
Parfois plus encore que le drame, le road movie est le genre cinématographique le plus propice à laisser parler les émotions d'une histoire et de ses personnages, sans doute parce que la simplicité évidente qu'il convoque (aller d'un point A à un point B), lui permet d'aller strictement à l'essentiel, de laisser vivre et vibrer sa narration au gré des points clés et autres rebondissements d'un périple à la fois physique et intime.
L'essence même, au fond, de l'influence apporté au genre par le cinéma américain (et, en grande partie, par la figure tutélaire qu'est John Ford), délicatement bâti sur les aspirations et les désirs - bons comme mauvais - de protagonistes promis à une vraie catharsis émotionnelle.
Et puis, après tout, Robert Louis Stevenson ne disait-il pas que " l'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage en lui-même "?
Cinq ans après And then we danced (portrait délicat et fougueux à la fois d'une jeunesse géorgienne prise entre les traditions qui les enchaînent à une seule norme, et une modernité à laquelle qu'ils aspirent), qui avait sensiblement inscrit le cinéaste suédois Levan Akin comme un bonhomme à suivre, revoilà le bonhomme avec un troisième effort qui arpente gentiment cette dite voie balisée du road movie, Crossing Istanbul.
Soit un petit bout de cinéma à la fois délicat et mélancolique sous fond de cohabitation/compréhension générationnelle, vissée sur l'odyssée de deux âmes, Lia (une ancienne enseignante à la retraite un brin grincheuse - pour être poli) et Achi (un jeune homme rêveur), qui quittent la Géorgie pour Istanbul dans l'espoir de retrouver la nièce de Lia - obligée de partir vivre sa vie de personne trans en terres turques -, que le second pense avoir croisé, alors que la première est bien décidée à refaire sa vie auprès de celle-ci, après avoir vaincu supposément ses ressentiments conservateurs et transphobes (elle a promis à sa sœur de renouer le contact avec sa nièce qu'elle a longtemps renié).
Là-bas, ils multiplieront les rencontres - dont une avec une avocate transgenre engagée -, et feront la découverte d'une vraie culture queer, et de sa lutte vibrante pour exister au jour le jour.
Leur déambulation cinématographique, d'un classicisme assumé et ne dépassant jamais les limites que son concept - limité lui-même - lui impose (avec des influences un brin marquées Almodóvar en tête), ne cherche jamais vraiment à révolutionner une popote à la fois tranquille et familière, Akin articulant sa narration sur un mouvement à la fois bienveillant et tolérant (voire même pas exempt d'émotion), prenant son temps pour développer ses personnages tout en offrant un portrait sensiblement anti-touristique d'une Istanbul dont il n'a jamais peur d'arpenter les recoins les plus sinistres et claustrophobes.
Facile donc, mais poignant et humain.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Mzia Arabuli, Lucas Kankava, Deniz Dumanli, Metin Akdemir,...
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Danois, Français, Géorgien, Suédois, Turque.
Durée : 1h46min.
Synopsis :
Lia, professeure à la retraite, s’est promis de retrouver Tekla, sa nièce disparue depuis trop longtemps. Cette quête la mène à Istanbul, ville de tous les possibles. Elle y rencontre Evrim, une avocate qui milite pour les droits des personnes trans, et Tekla lui semble alors de plus en plus proche.
Critique :
D'un classicisme assumé, #CrossingIstanbul ne dépasse jamais ses coutures de road movie délicat et mélancolique, lui qui prend son temps pour développer ses persos tout en offrant un portrait anti-touristique d'une Istanbul dont il n'a jamais peur d'arpenter les recoins sinistres pic.twitter.com/HaFFS3x90f
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 5, 2024
Parfois plus encore que le drame, le road movie est le genre cinématographique le plus propice à laisser parler les émotions d'une histoire et de ses personnages, sans doute parce que la simplicité évidente qu'il convoque (aller d'un point A à un point B), lui permet d'aller strictement à l'essentiel, de laisser vivre et vibrer sa narration au gré des points clés et autres rebondissements d'un périple à la fois physique et intime.
L'essence même, au fond, de l'influence apporté au genre par le cinéma américain (et, en grande partie, par la figure tutélaire qu'est John Ford), délicatement bâti sur les aspirations et les désirs - bons comme mauvais - de protagonistes promis à une vraie catharsis émotionnelle.
Et puis, après tout, Robert Louis Stevenson ne disait-il pas que " l'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage en lui-même "?
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Cinq ans après And then we danced (portrait délicat et fougueux à la fois d'une jeunesse géorgienne prise entre les traditions qui les enchaînent à une seule norme, et une modernité à laquelle qu'ils aspirent), qui avait sensiblement inscrit le cinéaste suédois Levan Akin comme un bonhomme à suivre, revoilà le bonhomme avec un troisième effort qui arpente gentiment cette dite voie balisée du road movie, Crossing Istanbul.
Soit un petit bout de cinéma à la fois délicat et mélancolique sous fond de cohabitation/compréhension générationnelle, vissée sur l'odyssée de deux âmes, Lia (une ancienne enseignante à la retraite un brin grincheuse - pour être poli) et Achi (un jeune homme rêveur), qui quittent la Géorgie pour Istanbul dans l'espoir de retrouver la nièce de Lia - obligée de partir vivre sa vie de personne trans en terres turques -, que le second pense avoir croisé, alors que la première est bien décidée à refaire sa vie auprès de celle-ci, après avoir vaincu supposément ses ressentiments conservateurs et transphobes (elle a promis à sa sœur de renouer le contact avec sa nièce qu'elle a longtemps renié).
Là-bas, ils multiplieront les rencontres - dont une avec une avocate transgenre engagée -, et feront la découverte d'une vraie culture queer, et de sa lutte vibrante pour exister au jour le jour.
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Leur déambulation cinématographique, d'un classicisme assumé et ne dépassant jamais les limites que son concept - limité lui-même - lui impose (avec des influences un brin marquées Almodóvar en tête), ne cherche jamais vraiment à révolutionner une popote à la fois tranquille et familière, Akin articulant sa narration sur un mouvement à la fois bienveillant et tolérant (voire même pas exempt d'émotion), prenant son temps pour développer ses personnages tout en offrant un portrait sensiblement anti-touristique d'une Istanbul dont il n'a jamais peur d'arpenter les recoins les plus sinistres et claustrophobes.
Facile donc, mais poignant et humain.
Jonathan Chevrier