[CRITIQUE] : Se souvenir d'une ville
Réalisateur : Jean-Gabriel Périot
Acteurs : -
Distributeur : Jour2Fête
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Bosniaque, Suisse, Allemand.
Durée : 1h48min.
Synopsis :
Après le César obtenu pour Retour à Reims (Fragments) en 2023, Jean-Gabriel Périot réalise Se souvenir d'une ville consacré au siège de Sarajevo. Pendant quatre ans, les habitants de la ville ont résisté, survécu et se sont bricolés un quotidien malgré les bombes et les privations. Sur le front ou à l’arrière, de jeunes cinéastes mobilisés se sont mis à filmer. Des images pour témoigner, sauvegarder des moments de leurs vies ou simplement se distraire et échapper à leur vie de soldat. 30 ans après, ils partagent avec nous leurs films, leur expérience du siège et leurs questions sur l’avenir.
Critique :
Tenter de représenter le nerf complexe de l'histoire récente de l'humanité (même si, jusqu'ici, sensiblement française), que ce soit aussi bien sur le petit que sur le grand écran, est un exercice loin d'être facile mais c'est pourtant ce qui motive la filmographie de Jean-Gabriel Périot, cinéaste au point de vue perspicace et fascinant dans sa manière de confronter les images d'un passé plus ou moins lointain, à notre présent contemporain pour mieux tisser une réflexion qui va toujours bien plus loin que le simple regard miroir et/où comparatif.
On garde d'ailleurs, toujours en mémoire, son récent et magnifique Retour à Reims (Fragments), où il s'échinait à scruter au travers du roman autobiographique éponyme de Didier Eribon, plus de quatre-vingts ans d'histoire et retracer l'ascension aussi bien que la chute - au sens littéral autant qu'au sens figuré - de la classe ouvrière française.
Une plongée singulière mais essentielle, à qui il ne manquait qu'une pointe d'émotion pour tutoyer les cimes de la perfection.
Son nouvel effort, Se souvenir d'une ville, s'inscrit dans ce même mouvement et sans cette même rigueur documentaire mais à travers une approche encore plus métaphysique, véritable films dans le film façon patchwork riche et solidement garni d'images intimes.
Une exhumation tout en réflexions dans lequel plusieurs cinéastes amateurs de Sarajevo revisitent pour la première fois leurs films de guerre tournés dans l'urgence au coeur des années 1990, images avec lesquelles ils renouent sur les lieux mêmes de leur tournage, et qu'ils commentent avec trente ans de recul et les séquelles d'un conflit particulièrement brutal.
Entre la réappropriation de l'histoire par ses propres artisans et spectateurs, et l'œuvre mémorielle essentielle (et encore plus aujourd'hui, où les tragédies humaines et les nombreux massacres sont soit aseptisés, soit volontairement masqués par les médias), où l'espoir du présent vient naître dans le souvenir du chaos d'hier, Se souvenir d'une ville se fait une exploration pure et authentique de la vérité, un documentaire brillant, pertinent et percutant, comme l'œuvre de son auteur.
Jonathan Chevrier
Acteurs : -
Distributeur : Jour2Fête
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Bosniaque, Suisse, Allemand.
Durée : 1h48min.
Synopsis :
Après le César obtenu pour Retour à Reims (Fragments) en 2023, Jean-Gabriel Périot réalise Se souvenir d'une ville consacré au siège de Sarajevo. Pendant quatre ans, les habitants de la ville ont résisté, survécu et se sont bricolés un quotidien malgré les bombes et les privations. Sur le front ou à l’arrière, de jeunes cinéastes mobilisés se sont mis à filmer. Des images pour témoigner, sauvegarder des moments de leurs vies ou simplement se distraire et échapper à leur vie de soldat. 30 ans après, ils partagent avec nous leurs films, leur expérience du siège et leurs questions sur l’avenir.
Critique :
Entre la réappropriation de l'histoire par ses propres artisans et spectateurs, et l'œuvre mémorielle essentielle où l'espoir du présent vient naître dans le souvenir chaos d'hier,#SeSouvenirDUneVille se fait une exploration authentique de la vérité, un doc pertinent et percutant pic.twitter.com/6ZgERyU0qa
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 17, 2024
Tenter de représenter le nerf complexe de l'histoire récente de l'humanité (même si, jusqu'ici, sensiblement française), que ce soit aussi bien sur le petit que sur le grand écran, est un exercice loin d'être facile mais c'est pourtant ce qui motive la filmographie de Jean-Gabriel Périot, cinéaste au point de vue perspicace et fascinant dans sa manière de confronter les images d'un passé plus ou moins lointain, à notre présent contemporain pour mieux tisser une réflexion qui va toujours bien plus loin que le simple regard miroir et/où comparatif.
Copyright Alter ego production et Alina Film |
On garde d'ailleurs, toujours en mémoire, son récent et magnifique Retour à Reims (Fragments), où il s'échinait à scruter au travers du roman autobiographique éponyme de Didier Eribon, plus de quatre-vingts ans d'histoire et retracer l'ascension aussi bien que la chute - au sens littéral autant qu'au sens figuré - de la classe ouvrière française.
Une plongée singulière mais essentielle, à qui il ne manquait qu'une pointe d'émotion pour tutoyer les cimes de la perfection.
Son nouvel effort, Se souvenir d'une ville, s'inscrit dans ce même mouvement et sans cette même rigueur documentaire mais à travers une approche encore plus métaphysique, véritable films dans le film façon patchwork riche et solidement garni d'images intimes.
Une exhumation tout en réflexions dans lequel plusieurs cinéastes amateurs de Sarajevo revisitent pour la première fois leurs films de guerre tournés dans l'urgence au coeur des années 1990, images avec lesquelles ils renouent sur les lieux mêmes de leur tournage, et qu'ils commentent avec trente ans de recul et les séquelles d'un conflit particulièrement brutal.
Copyright Alter ego production et Alina Film |
Entre la réappropriation de l'histoire par ses propres artisans et spectateurs, et l'œuvre mémorielle essentielle (et encore plus aujourd'hui, où les tragédies humaines et les nombreux massacres sont soit aseptisés, soit volontairement masqués par les médias), où l'espoir du présent vient naître dans le souvenir du chaos d'hier, Se souvenir d'une ville se fait une exploration pure et authentique de la vérité, un documentaire brillant, pertinent et percutant, comme l'œuvre de son auteur.
Jonathan Chevrier