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[CRITIQUE] : Adagio


Réalisateur : Stefano Sollima
Avec : Pierfrancesco Favino, Toni Servillo, Adriano Giannini, Giancarno Franchini,…
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Policier, Thriller, Drame.
Nationalité : Italien.
Durée : 2h07min

Synopsis :
Une histoire crépusculaire de vengeance et de rédemption.



Critique :



Après une escapade outre-Atlantique, ou il a signé deux excellents actionners - Sans aucun remords mais surtout Sicario La Guerre des Cartels -, le talentueux cinéaste italien Stefano Sollima, neuf ans après Suburra, retrouve ses terres avec Adagio, pur film noir nerveux, mélancolique et œdipien façon odyssée criminelle à la Johnnie To, au coeur d'une Italie nocturne tout aussi violente et bouillante que dans le récent Dernières nuits à Milan d'Andrea Di Stefano

Catapulté dans une Rome tout en décadence, écrasée par une chaleur étouffante, une électricité fonctionnant par intermitence et une décadence grandissante, où la brutalité et les erreurs des pères se répercute inéluctable sur la chair de leur chair, l'histoire aux fortes résonances Shakespeariennes, suit celle tortueuse du jeune Manuel, rejeton Manuel, 17 ans au compteur et une naïveté un peu trop prononcée, fils d'une ancienne grosse pointure de la Banda della Magliana, Daytona, devenu l'ombre de lui-même a cause de la maladie.

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Attrapé par trois flics corrompus alors qu'il se prostituait, il est obligé par eux de s'introduire dans une fête homosexuelle pour faire des photos compromettantes d'un politicien local.
S'il s'exécute, le gamin panique et fuit les policiers, pour mieux trouver refuge chez un ami criminel de son paternel, qui lui intime de trouver Romeo, qui vient de sortir de prison pour cause de cancer, et qui a justement été envoyé derrière les barreaux - et a même perdu son fils - à cause de Daytona...

Chasse à l'homme sanglante qui prend subtilement son temps pour présenter - juste ce qu'il faut - ses personnages, tout autant que les liens tortueux et complexes qui les lient (malgré quelques petits couacs d'écriture de-ci, de-là) dans les ténèbres d'une capitale perdue, Adagio vogue sans réserve dans un respect pur et dur des codes du genre (jusque dans ses faiblesses donc), récit tout en épure et en masculinité toxique exacerbée sous fond de choc intergénérationnel et de mélancolie affirmée (Johnnie To, comme dit plus haut, n'est jamais loin), que Sollima épouse avec une mise en scène sèche et posée, au plus près de l'intimité de ses personnages comme des recoins sombres de sa cité de cœur.
Imparfait et ne pétant pas dans la soie de l'originalité donc, mais un petit coup de fouet efficace et crépusculaire à un genre tombé un brin en désuétude, même si toujours vivace de l'autre côté des Alpes.


Jonathan Chevrier