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[CRITIQUE] : En Bonne Compagnie


Réalisatrice : Silvia Munt
Acteurs : Alícia FalcóElena Tarrats, Itziar Ituño,...
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Espagnol, Français.
Durée : 1h35min

Synopsis :
Pays basque, été 1977. Bea a 16 ans et rejoint le mouvement féministe qui traverse le pays. Tandis qu'elle s'engage dans la lutte pour le droit à l’avortement, elle rencontre Miren, une jeune femme de bonne famille, qui fera de cet été une étape décisive de sa vie.



Critique :


À une heure où le droit à l'avortement semble discuté - pour être poli - au sein même de ce qu'il est pourtant commun d'appeler des " démocraties " (il est toujours question d'inscrire le droit à l'IVG dans la Constitution française), des oeuvres telles que Call Jane de Phyllis Nagy (injustement cantonné à une distribution sur Canal +), L'Évènement d'Audrey Diwan et Annie Colère de Blandine Lenoir sont autant de piqûres de rappels nécessaires qu'un hommage vibrant à celles qui se sont battus pour que ce droit humain ne soit plus refusé.

En Bonne Compagnie de Silvia Munt, que l'on avait laissé laissé 2016 avec le documentaire coup de poing Afectados (Rester Debout) (effort Wisemanien et digne sur la lente reconstruction d'une Espagne terrassée par la crise économique de 2008), ajoute une nouvelle (belle) pierre à cette édifice, en revenant sur l'événement des " 11 de Basauri ", onze femmes issues de la classe ouvrière, qui furent emprisonnées dans l'Espagne post-Franco, pour avoir aidé plusieurs milliers de femmes à avorter en sécurité et dans la dignité.

Copyright Damned Distribution


Annie Colère n'est jamais très loin donc - Call Jane également -, tant Munt privilégie la compassion et la bravoure à la colère, même si le jeu des comparaisons s'arrête assez vite puisque le film ne suit pas au plus près des mobilisations de ses héroïnes du quotidien qui mèneront à la la dépénalisation - tardive - de l’avortement en 1985, mais se focalise plutôt sur la relation intime entre deux jeunes femmes aux origines disparates, Bea (la fille d'une employée de maison dont le père en prison, aussi rebelle et rock n' roll qu'elle est fortement impliquée dans l'activisme féministe local) et Miren (petite fille d'une famille riche, religieuse et conservatrice, lancée dans une vraie découverte d'elle-même), unies dans la nécessité d'une lutte commune, un espoir de désir et de liberté qui transcende les différences sociales.

Du cousu main donc, mais qui n'en fait pas moins une mise en lumière nécessaire d'un épisode méconnu de l'histoire Basque, un beau mélodrame pudique et féministe qui ne dévalorise jamais les sacrifices consentis, tout autant qu'il véhicule une célébration sincère et enthousiaste de la sororité.


Jonathan Chevrier