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[CRITIQUE] : Buzz l'Éclair


Réalisateur : Angus MacLane
Acteurs : avec les voix de Chris Evans (V.O), François Civil, Lyna Khoudri, Michael Gregorio, Tomer Sisley,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Animation, Aventure, Comédie, Famille, Science fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min

Synopsis :
La véritable histoire du légendaire Ranger de l’espace qui, depuis, a inspiré le jouet que nous connaissons tous. Après s’être échoué avec sa commandante et son équipage sur une planète hostile située à 4,2 millions d’années-lumière de la Terre, Buzz l’Eclair tente de ramener tout ce petit monde sain et sauf à la maison. Pour cela, il peut compter sur le soutien d’un groupe de jeunes recrues ambitieuses et sur son adorable chat robot, Sox. Mais l’arrivée du terrible Zurg et de son armée de robots impitoyables ne va pas leur faciliter la tâche, d’autant que ce dernier a un plan bien précis en tête…



Critique :


Il y a quelque chose de profondément cynique dans le fait de voir que les deux sorties les plus rafraîchissantes de Pixar ces dernières années, Luca et Alerte Rouge, toutes deux jugées indignes d'une sortie en salles puisque cantonnées à une distribution directe et sans ménagement sur Disney Plus, là où le résolument plus mercantile - et donc fédérateur - Buzz l'Éclair d'Angus MacLane (déjà derrière la suite racoleuse et oubliable Le Monde de Dory), a le mérite d'atteindre les salles obscures, en bon prequel révisionniste et savamment moderne (il présente des personnages secondaires issus de minorités et une relation lesbienne dont Disney se félicite aujourd'hui, alors qu'elle a été soutenue au forceps par Pixar pour ne pas être supprimée) qu'il est.
Mais, et c'est peut-être là l'une des vraies surprises - involontaires - du film, c'est qu'il propose d'une certaine manière une nouvelle façon pertinente d'appréhender l'univers Pixar et l'emprise créative qu'impose sa maison-mère impitoyable depuis une bonne décennie désormais.

Copyright 2021 Disney/Pixar. All Rights Reserved.

Les meilleurs efforts de la firme à la lampe ont toujours été ceux qui nous présentaient des personnages, merveilleusement divers (jouets, insectes, super-héros, rats, voitures, robots futuristes où encore émotions anthropomorphisées), acceptant qui ils étaient réellement auprès des autres, trouvant ainsi plus confortablement leur place dans le monde.
En ce sens, Lightyear en V.O. ne dénote absolument pas de cette formule maison, avec son héros gèrant ses propres fautes et remords au coeur de plus d'un demi-siècle de temps perdu - pensez Interstellar - comment autant de tentatives de rattraper ses erreurs.
Mais il adopte une approche tellement décousue et superficielle de cette formule que l'émotion qu'il dégage n'a jamais la puissance ni la résonance qu'elle rêverait d'avoir - pensez Interstellar bis.
Et c'est sans aucun doute là ou toute la complexité même de l'entreprise bancale qu'il incarne depuis les prémisses de son annonce, montre ses limites : être à la fois un artefact fictif du monde de Toy Story (le film de science-fiction préféré d'un môme de huit ans), avec ce qu'il implique comme attache (les divers slogans dégainés par le jouet Buzz, morceau de merchandising du film, mais aussi son grand ennemi Zurg), et un morceau de science-fiction autonome censé être à la fois pour les adultes et les enfants comme Andy, qui ignore totalement ce qui a déjà été fait (Buzz l'Éclair, le film : Le Début des aventures et la série animée Les Aventures de Buzz l'Éclair).

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Pourtant tout partait du bon pied où, plutôt, du bon vaisseau avec un Buzz à la confiance/conscience de soi totalement exacerbée, faisant partie d'une mission humaine catapulté dans l'espace lointain mais qui, après avoir décidé de découvrir une planète en cours de route (planète qui, au-delà de ses insectes extraterrestres géants et de ses conditions arides, possède des signes vitaux intéressants), met tout le monde en péril en raison d'une erreur d'une fraction de seconde qu'il a commise après avoir refusé d'accepter de l'aide.
Se sentant - logiquement - responsable que tout son équipage ne puisse rentrer à la maison, le bonhomme expérimente désespérément des carburants locaux - des cristaux - pour atteindre la vitesse lumière suffisante et ainsi traverser la galaxie.
Le hic, c'est qu'à chaque fois qu'il voyage à travers le temps et l'espace, il perd quatre années, ce qui ne se voit pas sur son corps - il ne vieillit pas - mais bien sur les colons qu'il a laissés derrière lui, dont sa meilleure amie Alisha Hawthorne, qui a eu le temps justement, de faire sa vie.
Mais le problème sera encore une fois autre avec l'arrivée du tyrannique Zurg et de sa horde de robots...
Une histoire plus où moins complexe donc qui, évidemment, fonctionne sur un jeune public mais laissera sensiblement le spectateur plus adulte (comprendre : exigeant) et habitué du genre sur la touche, tant tous les questionnements qu'impose ce gimmick scénaristique sont balayés d'un revers du scaphandre par le refus de Buzz d'accepter l'avenir dans lequel il s'est soudainement retrouvé et sa lutte pour accepter les erreurs du passé.

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Jamais les fondements mêmes de la mission originale ne seront fouillés plus que raison (ni même les motivations de la société qui l'organise), jamais la manière dont Buzz appréhende au jour le jour la réalité de cette planète qui n'avance pas à la même vitesse que lui, jamais on ne donne de motivation autre à celui-ci, que de remplir coûte que coûte sa mission (et vaincre sa culpabilité par rapport au sort des autres et non de lui-même); jamais on ne le voit être un minimum dissuadé dissuader de ses escapades spatiales obsessionnelles, par des personnages ayant finalement fait leur vie - contrairement à lui - là-bas...
Là où Pixar a toujours (dans la grande majorité de ses productions disons) brillé pour la méticulosité de ses histoires, Buzz l'Éclair demande à son auditoire de devoir se contenter de ses contours gentiment bis de l'odyssée spatiale, entre les explorations sérieuses des 50s et les kitscheries amusantes des 80s (Flash Gordon en tête).
Ce qui est férocement contradictoire tant il démontre parfois qu'il est réellement calibré pour être plus qu'une simple odyssée SF, avec sa méditation réfléchie et vibrante sur le passage du temps, la nécessité de se connecter aux autres et de vivre l'instant présent, sous peine de passer justement à côté de son existence.
Mais il a une telle tendance à surligner ses thèmes et passages émotionnels que rien ne sonne totalement juste, pas même lorsqu'il introduit des personnages qui ont beau avoir des micro-arcs narratifs qui leur est propre, mais n'incarnent finalement que des éléments futiles/interchangeables pour rappeler à Buzz (dont la psychologie n'est pas si éloigné de celle de Mr Indestructible) la valeur du travail d'équipe - asséné tellement de fois à coups de bazooka que le message lui-même perd de son importance.

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Un manque de netteté, voire même tout simplement de profondeur, qui n'empêche pas pour autant le film d'être une expérience divertissante d'autant que MacLane compose ici monde raffiné et immersif rempli de personnages - très - sympathiques (dont Sox, le félin robotique hyper-intelligent qui est le compagnon thérapeutique de Buzz, concocté par Peter Sohn, et qui aurait très bien pu/du figurer dans les jouets d'Andy), mais la façon dont toutes les pièces de son puzzle s'additionnent laisse un petit arrière goût amer étant donné tout le passif exceptionnel de la firme.
Force est d'admettre que même l'esprit le plus cynique n'aurait pu penser que le " vers l'infini et au-delà " dégainé il y a dix-sept ans maintenant, nous amènerait finalement ici, à un multivers qui pourrait, on connait Disney, être franchisé encore un petit peu plus à outrance à l'avenir.
So long, (Pixar) partner...


Jonathan Chevrier