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[CRITIQUE] : Adam à travers le temps


Réalisateur : Shawn Levy
Avec : Ryan Reynolds, Walker Scobell, Jennifer Garner, Mark Ruffalo, Zoe Saldana, Catherine Keener,…
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Science-fiction, Aventure, Comédie, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min

Synopsis :
Un pilote entreprend un voyage dans le temps aux côtés de l’enfant qu’il était et de son père disparu afin de soigner les plaies du passé, tout en sauvant l’avenir.



Critique :


Que ce soit au travers de ses nombreux divertissements familiaux hautement recommandables où son implication dans la production de la populaire Stranger Things, Shawn Levy a toujours su titiller (habilement ou non selon les spectateurs) le sentiment de nostalgie que suscite toute l'époque bénie des péloches made in Amblin.
Ces petits bouts de cinéma intemporels et pourtant furieusement ancrés dans les 80s, dont on ne se lasse pas de revoir encore et encore, et que très peu de productions contemporaines ont finalement su capter l'essence.
Il n'y a rien d'étonnant donc dans le fait que son nouveau long-métrage, Adam à travers le temps, pour lequel il retrouve Ryan Reynolds quelques mois après le succès mérite du très chouette Free Guy, nous paraisse aussi familier, que ce soit dans les références qu'il convoque sans trembler, où dans la simplicité du cocktail comico-science-fictionnel avec un doigt de buddy movie, qu'il incarne.

Copyright Doane Gregory/Netflix

Sans tourner trop longtemps du popotin, il n'y a même rien de plus évident finalement que de se dire qu'il pourrait très bien être l'une de ses bandes que l'on aurait pu loué à l'époque dans un vidéoclub (rien que pour sa jaquette ou son pitch), et dont on aurait poncé la VHS tout un week-end avant de devoir le rendre à la boutique, non sans un poil de mélancolie.
On y suit en 2050, les aléas temporels et spatiaux d'Adam Reed, un pilote voyageant dans le temps qui tente de retrouver sa femme Laura, disparu dans des circonstances mystérieuses lors d'une mission en 2018.
Poursuivi par la méchante Maya Sorian (un vilain totalement prétexte et artificiel, dont la double dynamique rappelle celle de Biff dans Retour vers le Futur 2), Adam s'écrase finalement non pas en 2018 mais bien de nos jours, en 2022, où il se fait un ami improbable en la personne de son lui plus jeune.
Même s'il est scrupuleusement déconseillé de rentrer en contact physiquement avec soi-même (cela peut soit annihilier notre existence, soit plus simplement foutre un sacré bordel), les deux vont faire équipe (aidés entre-temps par leur famille) pour remettre les choses en ordre et ne plus trop bousculer le continuum espace temps, tout en s'occupant de mettre un terme au règne de terreur de Sorian, intimement lié à leur défunt père...

Copyright Doane Gregory/Netflix

Totalement conscient de ne jamais être aussi bon que ceux qu'il cite/pille avec amour (Star Wars, Retour vers le Futur, E.T., Terminator,...), tout autant qu'il est furieusement perfectible et prévisible, The Adam Project en V.O. coche toutes les cases du rejeton Amblinien parfait, que ce soit dans sa manière d'épouser le divertissement familial avec une pureté presque candide, où le fait qu'il n'ait jamais peur d'affronter ses propres émotions et ses séquences déchirantes.
Car étrangement, même s'il veille logiquement à réserver son lot de scènes de combats et d'action pétaradante (scrupuleusement dénué de toute violence, les corps s'évaporant dans des explosions de couleurs vives ressemblant à des sprites de jeux vidéo se transformant en pluies de pièces), et que son humour punchy fait des ravages tant il est vissé sur l'alchimie étonnante entre Ryan Reynolds (signant peut-être sa meilleure performance de récente mémoire, tant il est moins " Reynoldsien " que d'habitude) et le jeune Walker Scobell (qui reproduit les mimiques et l'esprit sardonique de Reynolds à la perfection), sa force réside bien dans la délicatesse et la tendresse avec laquelle il établit son intimité et ses enjeux émotionnels (par petites touches émouvantes, que ce soit un câlin tardif, des excuses chuchotées,...), où qu'il gère ses relations familiales et les sentiments qui tiraillent ses deux héros (la douloureuse gestion d'un deuil impossible et la nécessité d'affronter son passé en tête).

Copyright Doane Gregory/Netflix

Plus étonnant encore, s'il ne cherche pas à rendre plus complexe et minutieuse que de raison, la vanité fantastique de sa mécanique du voyage dans le temps (tout comme - ou presque - Retour vers le Futur), il lie constamment l'émotion à ce processus (tout comme... Retour vers le Futur), puisqu'il a un rapport direct avec le chagrin partagé de ses deux héros (c'est leur père qui est l'inventeur - involontaire - du voyage dans le temps).
Pas dénué de quelques réjouissances attendues (oui, il existe bien un univers dans lequel Ryan Reynolds est en réalité le fils de Jenna Rink et Matt Flamhaff, et cette nouvelle ravira les fans de 30 ans sinon rien) voire même d'une réflexion - légère certes - sur le paradoxe temporel (où comment deux versions d'une même personne peut en apprendre l'une de l'autre en se rencontrant), Adam à travers le temps ne pète pas fondamentalement dans la soie de l'originalité, mais assume tout du long ce qu'il est : un pur blockbuster d'aventure familial tout droit sortie des 80s, spectaculaire, fantaisiste et émouvant à la fois.
C'est toujours dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes.


Jonathan Chevrier