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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #159. Staying Alive

© 1983 - Paramount Pictures. All rights reserved

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !



#159. Staying Alive de Sylvester Stallone (1983)

La nostalgie des merveilleuses 80s aidant, il n'est pas si difficile d'affirmer qu'à une époque actuelle ou la franchisation à outrance de tout produit un minimum populaire, est devenu le mojo de la quasi-totalité des majors Hollywoodiennes, autant dans un souci férocement cupide que dans une paresse totale de proposer quelque chose d'original (à quoi bon, tant que le spectateur se rend en masse dans les salles pour digérer la tambouille); le cinoche, c'était mieux avant.
Tellement que cette affirmation facile, devient un argument presque (et on dit bien presque) pertinent, même si les franchises existaient déjà et que la cupidité rythmait également la majorité des choix des " décisionnaires ".
La seule différence est qu'auparavant, les studios tentaient de contenter un minimum les spectateurs, en répondant un tant soit peu à leurs attentes en leur offrant ce qu'ils voulaient voir : des suites bien foutues et respectueuses, leur donnant la possibilité de retrouver des héros qu'ils ont appris à aimer, pendant une petite poignée d'heures.
Une idée simple, mais sensiblement oubliée en cours de route avec la mutation de la jungle Hollywoodienne au virage du nouveau millénaire, boursouflée par la dominance Disney et le polissage putassier de ses divertissements.

© 1983 - Paramount Pictures. All rights reserved

Mais, comme toute chose, les contre-exemples aussi minoritaires soient-ils, existent et malgré tout l'amour que l'on peut porter à Stallone et Travolta, Staying Alive est clairement de ceux-là, même si elle n'essaie jamais d'incarner plus qu'elle ne l'est tout du long : un modeste film de danse qui ne se prend jamais au sérieux.
Vrai/fausse suite des aventures de Tony Manero, flanquée cinq ans après La Fièvre du Samedi Soir, ou le bonhomme s'accroche toujours à son rêve de devenir danseur professionnel, mais cette fois sur la scène de Broadway.
Danseur parmi tant d'autres sans emploi à Manhattan, il tente de joindre les deux bouts en donnant des cours à des aspirants sans talent et en jouant les serveurs dans le genre de club dans lesquels il régnait jadis.
En attendant de concrétiser son rêve, il parvient à intégrer une troupe de danse grâce à sa compagne d'un soir et amie Jackie, et il tombera très vite sous le charme de Laura, la danseuse étoile gentiment arriviste du show.
Dès lors, il va être déchiré entre la garce (elle est vendu comme telle) qui ne veut pas de lui et la sainte fille qu'il ne veut pas réellement, alors que sa chance de percer peut lui filer entre les doigts...
Véritable trip fourre-tout mégalo, ou les sonorité entraînantes des Bee-Gees (l'album Saturday Night Live a fait le statut de culte du film de John Badham, pas l'inverse) sont mises un brin au placard au profit des créations musicales ringardes du frangin de Sly, Frank Stallone (un choix pour le moins... stupide), Staying Alive a tout du projet " vaniteux " de Stallone, concocté parce qu'il avait totalement la possibilité et la liberté de le faire; parce qu'il voulait réaliser un projet qui n'avait rien à voir avec Rocky Balboa ou John Rambo, transformer son frère en Next Big Thing de la musique (indépendamment du fait que Frank avait ou non le talent de justifier ce statut).

© 1983 - Paramount Pictures. All rights reserved

Dans un sens, le film peut même intimement se voir comme la première pierre de la lente descente mégalo du comédien au coeur des 80s, qui hors de ses héros populaires, n'arrivaient jamais vraiment à attirer pleinement l'adhésion ni le soutien du public, même lorsqu'il franchissait (louablement) sa zone de confort.
Excessif, plombé par un scénario dévitalisé de toute l'aura du film original (de la chronique sociale affûtée sur la volonté de bouffer l'American Dream par la racine), qui pèche autant par la manque de profondeur de ses personnages que l'incohérence de leurs attitudes (Tony est encore plus insupportable qu'avant, la dévotion de Jackie est limite ridicule,...), sans oublier un sexisme latent difficilement supportable (Laura a la même attitude que Tony, mais elle est jugée mauvaise parce qu'elle est une femme; l'étrange volonté de Jackie d'être continuellement traitée comme un paillasson est montré comme sa qualité la plus noble,...); Staying Alive, pas même relevé par des chorégraphies solides et la mise en scène dynamique de son cinéaste - qui cherche à lui insuffler une vibe Rocky-esque -, a perdu sa fièvre du samedi soir au profit d'une grippe tout de kitsch et de niaiserie confondante.
On ne peut pas toujours réinventer un personnage, même avec la plus grande et testostéronée volonté du monde...


Jonathan Chevrier

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