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[CRITIQUE] : A Thief’s Daughter


Réalisatrice : Belén Funes
Acteurs : Greta Fernández, Eduard Fernández, Àlex Monner,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h42min.

Synopsis :
Sara, 22 ans, vient juste d'avoir un bébé et n'aspire qu'à mener une vie normale avec son petit frère. Mais après des années d'absence dont une partie passée en prison, leur père, Manuel, réapparaît soudainement dans leurs vies. Alors que les choses commencent à aller mieux pour elle, elle va devoir prendre la décision la plus difficile de sa vie.



Critique :


Il y a une forte saveur Loachienne voire Dardennienne à la vision du premier passage derrière la caméra - pour un film de fiction - de la cinéaste Belén Funes, A Thief's Daughter, qui peut résolument se voir comme une suite de son court-métrage Sara a la fuga, dans son exploration naturaliste et empathique de la vie au bas de l'échelle sociale dans le Barcelone actuel.
Appuyé par un découpage millimétré - signé par l'expérimenté Bernat Aragones -, le film s'attache au quotidien perturbé de la jeune Sara, une vie incarnant un jonglage effréné entre de nombreux tracas et responsabilités, couplés aux besoins essentiels de son petit bout de chou de six mois.
Séparée de son compagnon Dani, elle s'appuie sur des options de logements sociaux temporaires autant que sur les services de garde d'enfants, tout en tentant de joindre difficilement les deux bouts en alignant les emplois précaires et peu rémunérés - principalement dans l'industrie alimentaire.
Vraie femme déterminée, organisée et motivée (elle s'est faite dans la rue et cela se sent), elle ne se laissera pas démonter par sa déficience auditive, ni même par sa difficulté d'adopter son jeune demi-frère Martin (coincé dans un orphelinat), et encore moins par le retour soudain de son père, Manuel, sorti plus tôt de prison...

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Parfois, au-delà d'un script qui ne brise aucun horizon déjà arpenté ni même aucune exploration créative et thématique nouvelle, l'importance réside ailleurs, que ce soit dans la mise en scène de son ou sa cinéaste, les interprétations de ses comédiens/comédiennes ou même plus simplement, dans la complicité évidente qu'ils partagent ensemble.
Comme c'est le cas ici avec A Thief's Daughter, tant toute la sensibilité particulière qui transpire de toutes les images du métrage, découle de cette complicité furieusement cinégénique et de la compréhension parfaite de Funes à filmer uniquement ce qui doit l'être, tout en laissant libre court à la merveilleuse Greta Fernández, pour retranscrire le fardeau vécu par une femme confrontée à la solitude, l'incompréhension, le rejet et le découragement constant face à sa situation.
Jamais hors des sentiers battus mais bien dessiné car ne se concentrant pas exclusivement sur la relation insaisissable entre Sara et son père (excellent Eduard Fernández, en voleur qui peut tout subtiliser sauf la vie de sa fille), même si elle est le coeur émotionnelle du récit (et le véhicule des plus belles scènes du film, que ce soit celle dans l'atelier de son père, de la célébration de la communion de Martin ou celle, extraordinaire, au tribunal), filmé avec maîtrise (une caméra constamment en mouvement et souvent au plus près des émotions et des visages, comme pouvait le faire feu John Cassavetes) et rappelant aussi bien dans le fond comme dans la forme, le chef-d'oeuvre Rosetta des Dardenne; A Thief's Daughter est un formidable portrait de jeune femme finement gravée dans la roche, jetant un coup de projecteur bienvenue sur les réalités sociales difficiles qui prévalent dans l'Espagne actuelle - et même bien au-delà.


Jonathan Chevrier



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