[FUCKING SERIES] : Après toi, le chaos : Enfer dans la Galice profonde
(Critique - avec spoilers - de la série)
Raquel (Inma Cuesta, formidable) arrive comme enseignante suppléante dans un institut d'une petite ville galicienne où son mari a grandi.
Peu de temps après son arrivée, elle découvre qu'elle occupe le poste d'une enseignante qui s'est suicidé, Viruca (Barbara Lennie, formidable bis), et que ce décès est arrivé dans des circonstances loin d'être claires.
Les parallèles entre leurs vies deviennent dès lors de plus en plus évidents lorsque le mariage de Raquel est mis à l'épreuve (comme le fut celui entre Viruca et Mauro), et qu'elle en vient elle-même à douter de ses propres perceptions.
Pire, elle va très vite réaliser qu'en dénouant le chemin tortueux de sa prédécesseur (de sa classe qui la tourmente aux potins locaux, en passant par ex-mari obsessionnel) celle-ci a tout simplement été assassinée, et que cette menace d'harcèlement implacable pointe vite sur elle...
Estampillée dix-septième production espagnole made in Netflix, Après toi, le chaos est une modeste et prenante mini-série/série limitée, qui démontre par A + B que le soleil de la créativité rayonne résolument bien plus du côté des terres ibériques que celles hexagonales - et d'autant plus du côté des productions maisons de la plateforme.
Dans les huit épisodes qui compose sa première (et unique) saison, le show se révèle sans forcer aussi captivant et addictif que le livre sur lequel il se base (l'excellent El desorden que dejas de Carlos Montero, paru en 2016), mais aussi et surtout plus mature que sa petite et irrévérencieuse sœur Elite - elle aussi chapeauté par Montero -, qui n'a eu de cesse de s'essouffler passer ses solides premiers épisodes.
Se payant le luxe de fissurer parfois les contours de sa carapace prévisible (d'autant plus pour les Sherlock Holmes en herbes, qui n'auront pas besoin de tous les épisodes pour déceler le vrai du faux), sans pour autant casser la baraque à frites de l'originalité (et il est nécessaire de ne surtout pas s'abreuver d'infos sur l'intrigue, et de laisser sa magie opérer seule) dans son récit miroir à double temporalité aux thèmes passionnants (entre compromission - mariage douloureux - et immoralité - liaison entre un élève et sa professeure -, le show questionne joliment son spectateur sur les notions de moralité et de résilience), et à la perversité savoureuse; la série délivre un suspens à combustion lente, sombre et jamais avare en révélations (les cliffhangers de fin d'épisodes sont savamment orchestrés pour que le spectateur ne lâche rien), tout en offrant de beaux portraits de femmes (là où l'écriture des personnages masculins apparaît bien plus lourde), le tout sublimé par une photographie léchée renforçant l'aspect oppressant d'une Galice rarement aussi inquiétante à l'écran.
Sans briser trois pattes à un canard unijambiste, on appelle ça une bonne séance de binge-watching intense - quatre heures de show à tout péter -, parfaite pour occuper un dimanche de pluie... ou une après-midi confinée (foutu Covid-19...).
Jonathan Chevrier
Raquel (Inma Cuesta, formidable) arrive comme enseignante suppléante dans un institut d'une petite ville galicienne où son mari a grandi.
Peu de temps après son arrivée, elle découvre qu'elle occupe le poste d'une enseignante qui s'est suicidé, Viruca (Barbara Lennie, formidable bis), et que ce décès est arrivé dans des circonstances loin d'être claires.
Les parallèles entre leurs vies deviennent dès lors de plus en plus évidents lorsque le mariage de Raquel est mis à l'épreuve (comme le fut celui entre Viruca et Mauro), et qu'elle en vient elle-même à douter de ses propres perceptions.
Pire, elle va très vite réaliser qu'en dénouant le chemin tortueux de sa prédécesseur (de sa classe qui la tourmente aux potins locaux, en passant par ex-mari obsessionnel) celle-ci a tout simplement été assassinée, et que cette menace d'harcèlement implacable pointe vite sur elle...
Estampillée dix-septième production espagnole made in Netflix, Après toi, le chaos est une modeste et prenante mini-série/série limitée, qui démontre par A + B que le soleil de la créativité rayonne résolument bien plus du côté des terres ibériques que celles hexagonales - et d'autant plus du côté des productions maisons de la plateforme.
Copyright Jaime Olmedo/Netflix |
Dans les huit épisodes qui compose sa première (et unique) saison, le show se révèle sans forcer aussi captivant et addictif que le livre sur lequel il se base (l'excellent El desorden que dejas de Carlos Montero, paru en 2016), mais aussi et surtout plus mature que sa petite et irrévérencieuse sœur Elite - elle aussi chapeauté par Montero -, qui n'a eu de cesse de s'essouffler passer ses solides premiers épisodes.
Se payant le luxe de fissurer parfois les contours de sa carapace prévisible (d'autant plus pour les Sherlock Holmes en herbes, qui n'auront pas besoin de tous les épisodes pour déceler le vrai du faux), sans pour autant casser la baraque à frites de l'originalité (et il est nécessaire de ne surtout pas s'abreuver d'infos sur l'intrigue, et de laisser sa magie opérer seule) dans son récit miroir à double temporalité aux thèmes passionnants (entre compromission - mariage douloureux - et immoralité - liaison entre un élève et sa professeure -, le show questionne joliment son spectateur sur les notions de moralité et de résilience), et à la perversité savoureuse; la série délivre un suspens à combustion lente, sombre et jamais avare en révélations (les cliffhangers de fin d'épisodes sont savamment orchestrés pour que le spectateur ne lâche rien), tout en offrant de beaux portraits de femmes (là où l'écriture des personnages masculins apparaît bien plus lourde), le tout sublimé par une photographie léchée renforçant l'aspect oppressant d'une Galice rarement aussi inquiétante à l'écran.
Sans briser trois pattes à un canard unijambiste, on appelle ça une bonne séance de binge-watching intense - quatre heures de show à tout péter -, parfaite pour occuper un dimanche de pluie... ou une après-midi confinée (foutu Covid-19...).
Jonathan Chevrier