[CRITIQUE] : AK vs AK
Avec : Anil Kapoor, Anurag Kashyap, Sonam Kapoor,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Comédie, Thriller, Drame.
Nationalité : Indien.
Durée : 1h48min.
Synopsis :
Après un accrochage en public avec une star du cinéma, un réalisateur en disgrâce se venge : il kidnappe la fille de l'acteur, puis il filme sa recherche en temps réel.
Critique :
Hilarant et référencé, questionnant autant la notion de célébrité et la superficialité du star système, que la personnalité même de ses 2 protagonistes, #AKvsAK démontre avec force, folie et ironie que le cinéma indien est toujours capable de s'aventurer hors des sentiers battus. pic.twitter.com/vxx2w8uzvg
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) December 29, 2020
Autant frappé si ce n'est plus, que toutes les autres industries du septième art en cette catastrophique année 2020 sous pandémie, Bollywood s'échine pourtant à nous envoyer une ultime petite claque dans la caboche pour clore la saison sous les meilleurs auspices.
Tourné subrepticement et balancé quasiment dans la foulée sur une Netflix qui nous a réservé de belles surprises du côté du continent asiatique cette année (et pas uniquement niveau série), AK vs AK le faux documentaire (mais pas totalement mockumentary) de Vikramaditya Motwane, dégaine pas moins d'un choc sismique en faisant s'affronter deux immenses stars de l'industrie : Anil Kapoor (véritable patriarche d'un cinéma indien qu'il domine depuis le milieu des 80's) et Anurag Kashyap (cinéaste affûté qui n'a eu de cesse de critiquer et combattre le népotisme du cinéma local, à coups de péloches burnées), deux visages bien distinct et souvent en guerre, au sein de Bollywood.
Dans le film, le second poussé les limites du vice diabolique en kidnappant Sonam Kapoor et en donnant à son père - le premier -, seulement dix heures pour la retrouver, alors qu'il est suivi tout du long par l'équipe de Kashyap, qui ne rate pas une miette de sa course haletante.
Un affrontement métaphorique sur le papier, entre un cinéaste rebelle et sans soutien, qui s'attaque à un monstre sacré à la famille du cinéma plus qu'imposante.
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Mais tout ceci est un leurre tant cette recherche méta façon jeu de cache-cache terrifiant, n'est en fait qu'une manipulation orchestré par le réalisateur, un terreau parfait d'après lui pour croquer " le thriller le plus dangereux du cinéma "...
Jouissant d'un avantage plus que certain sous la tutelle de la célèbre plateforme (pas de censure), Motwane croque une sorte de petit miracle louchant amoureusement sur le dernier tiers du mal-aimé The Fan de feu Tony Scott (avec un soupçon sournois de " Takennerie " il est vrai), un bout de film surréaliste ou un père superstar n'est jamais pris au sérieux dans sa détresse, et ou un cinéaste tente tellement de renouveler son cinéma, qu'il plonge tête la première dans la provocation/illégalité ultime; le métrage épouse d'ailleurs peut-être un peu trop son ombre, à tel point que la suspension complète de notre incrédulité en pâti un brin.
Hilarant et (très) référencé, questionnant autant la notion de célébrité extrême (Kapoor doit constamment se heurter à sa personnalité publique) et la superficialité du star système (et l'inconscience des fans) que la personnalité même de ses deux protagonistes (ce qu'ils montrent à l'écran est-elle vraiment une version si exagérée d'eux-mêmes ?), sans pour autant répondre à un dilemme plus important encore (la place des femmes dans le cinéma indien, ici encore plus enfermé dans un rôle de pion dans un jeu d'hommes, malgré un sous-texte final ironique sur la mysoginie à Bollywood); AK vs AK est une vraie piqûre de rappel folle et grisante, sur le fait que le septième art indien - et pas uniquement indépendant - est parfaitement capable de s'aventurer hors des sentiers battus.
Jonathan Chevrier