[SƎANCES FANTASTIQUES] : #39. The Haunting
Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse d'un cinéma fantastique aussi abondant qu'il est passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !
#39. La Maison du Diable de Robert Wise (1963)
Il y a quelque chose d'assez triste à l'idée de se dire que l'immense cinéaste que fut Robert Wise, n'a jamais vraiment su être considéré a sa juste valeur de son vivant. Un comble quand on lâche ne serait-ce qu'un tout petit coup de projecteur sur sa foisonnante carrière, aussi bien en tant que monteur (coucou Citizen Kane et La Splendeur des Amberson d'Orson Welles) que metteur en scène, tant il fut capable d'épouser tous les genres possibles avec une dévotion et une minutie proprement incroyable, allant de la comédie musicale (West Side Story, La Mélodie du Bonheur), à l'épouvante gothique (Le Récupérateur de Cadavres, La Maison du Diable), en passant par la SF d'anticipation (Le Jour ou la Terre s'arrêta), le film noir (Je veux vivre !), le film de casse (Le Coup de l'Escalier) ou même le drame politique (La tour des ambitieux).
Un grand cinéaste, un vrai, capable de tout avec une caméra, même d'imprimer sur la pellicule quelques-uns des plus formidables moments de terreurs, tout en jouant purement et simplement sur la suggestion.
Monument du film de maison hanté, The Haunting - La Maison du Diable par chez nous -, et librement inspiré du roman éponyme de Shirley Jackson, se voue de tout son long à incarner une épreuve éprouvante pour son auditoire, tant il incarne un festival de sons et d'éclairages survoltés - une révérence pleine de sincérité au cinéma tout aussi évocateur de Jacques Tourneur, jusque dans son sublime noir et blanc -, certes totalement épuré dans ses incarnations fantomatiques, mais d'une richesse démesurée dans le vertige psychologique qu'elle expose et impose.
Totalement expérimental - mais in fine virtuose - dans sa grammaire cinématographique et vissé sur la capacité de Wise à provoquer la peur avec le moindre effet possible (derrière la caméra, il alterne comme un chien fou les plans subjectifs, les zooms bouillants ou même les décadrages violents, le tout appuyé par les éclairages avisés de Davis Boulton), alors que l'histoire elle-même, se base sur une expérimentation (celle du docteur Markway, qui embarque trois âmes distinctes - la clairvoyante Theodora, le cartésien Luke et la troublée Eleanor -, au coeur de Hill House, une vieille demeure supposément hantée); le film, aussi inventif dans sa forme qu'ambiguë dans son fond, que ce soit dans la relation qui lie les personnages (l'esprit dérangé d'Eleanor, entre le désir trouble que Theodora - dont on ne sait jamais vraiment les intentions - éprouve pour elle, et à contrario ce que la jeune femme éprouve pour le docteur entre amour et recherche d'une figure paternelle), ou celle qui les lie à la demeure elle-même.
La maison est-elle réellement hanté, ou assistons-nous simplement aux délires névrotiques et aux manifestations troubles et troublées, d'esprits possiblement malades ?
Difficile de réellement choisir un camp, même si Eleanor tombera définitivement dans la folie et se perdra au coeur des ténèbres de Hill House.
Sommet d'épouvante autant que formidable effort sur les méandres labyrinthiques et tortueux de la psyché humaine, The Haunting, à peine entaché par le remake honteux de Jan de Bont en 1999, est un chef-d'oeuvre intemporel, un vrai objet de cinéma total et bluffant, concocté par un put*** de cinéaste, rien de moins.
Jonathan Chevrier
#39. La Maison du Diable de Robert Wise (1963)
Il y a quelque chose d'assez triste à l'idée de se dire que l'immense cinéaste que fut Robert Wise, n'a jamais vraiment su être considéré a sa juste valeur de son vivant. Un comble quand on lâche ne serait-ce qu'un tout petit coup de projecteur sur sa foisonnante carrière, aussi bien en tant que monteur (coucou Citizen Kane et La Splendeur des Amberson d'Orson Welles) que metteur en scène, tant il fut capable d'épouser tous les genres possibles avec une dévotion et une minutie proprement incroyable, allant de la comédie musicale (West Side Story, La Mélodie du Bonheur), à l'épouvante gothique (Le Récupérateur de Cadavres, La Maison du Diable), en passant par la SF d'anticipation (Le Jour ou la Terre s'arrêta), le film noir (Je veux vivre !), le film de casse (Le Coup de l'Escalier) ou même le drame politique (La tour des ambitieux).
Un grand cinéaste, un vrai, capable de tout avec une caméra, même d'imprimer sur la pellicule quelques-uns des plus formidables moments de terreurs, tout en jouant purement et simplement sur la suggestion.
Copyright Swashbuckler Films |
Monument du film de maison hanté, The Haunting - La Maison du Diable par chez nous -, et librement inspiré du roman éponyme de Shirley Jackson, se voue de tout son long à incarner une épreuve éprouvante pour son auditoire, tant il incarne un festival de sons et d'éclairages survoltés - une révérence pleine de sincérité au cinéma tout aussi évocateur de Jacques Tourneur, jusque dans son sublime noir et blanc -, certes totalement épuré dans ses incarnations fantomatiques, mais d'une richesse démesurée dans le vertige psychologique qu'elle expose et impose.
Totalement expérimental - mais in fine virtuose - dans sa grammaire cinématographique et vissé sur la capacité de Wise à provoquer la peur avec le moindre effet possible (derrière la caméra, il alterne comme un chien fou les plans subjectifs, les zooms bouillants ou même les décadrages violents, le tout appuyé par les éclairages avisés de Davis Boulton), alors que l'histoire elle-même, se base sur une expérimentation (celle du docteur Markway, qui embarque trois âmes distinctes - la clairvoyante Theodora, le cartésien Luke et la troublée Eleanor -, au coeur de Hill House, une vieille demeure supposément hantée); le film, aussi inventif dans sa forme qu'ambiguë dans son fond, que ce soit dans la relation qui lie les personnages (l'esprit dérangé d'Eleanor, entre le désir trouble que Theodora - dont on ne sait jamais vraiment les intentions - éprouve pour elle, et à contrario ce que la jeune femme éprouve pour le docteur entre amour et recherche d'une figure paternelle), ou celle qui les lie à la demeure elle-même.
Copyright Swashbuckler Films |
La maison est-elle réellement hanté, ou assistons-nous simplement aux délires névrotiques et aux manifestations troubles et troublées, d'esprits possiblement malades ?
Difficile de réellement choisir un camp, même si Eleanor tombera définitivement dans la folie et se perdra au coeur des ténèbres de Hill House.
Sommet d'épouvante autant que formidable effort sur les méandres labyrinthiques et tortueux de la psyché humaine, The Haunting, à peine entaché par le remake honteux de Jan de Bont en 1999, est un chef-d'oeuvre intemporel, un vrai objet de cinéma total et bluffant, concocté par un put*** de cinéaste, rien de moins.
Jonathan Chevrier