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[CRITIQUE] : Le Feu Sacré


Réalisateur : Eric Guéret
Acteurs : -
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h33min.

Synopsis :
Dans le Nord, l’aciérie Ascoval est menacée de fermeture. Les 300 salariés ont une année pour trouver un repreneur. Dans la chaleur des fours, sur les barrages routiers et jusqu'aux couloirs de Bercy, les ouvriers, la direction, et les responsables syndicaux refusent de se laisser submerger par cette violence mondialisée : l’usine est neuve, rentable, et parfaitement convertible dans une économie de développement durable. Ce sont les vies de ces hommes et femmes et de leurs familles qui sont en jeu. Leur ténacité et leur union feront leur force.

Critique :



Et si en cette riche (oui) année ciné 2020, il y a avait eu autant de claques à décompter du côté des documentaires, que du septième art plus traditionnel ?
Non pas que le giron du documentaire était un poil plus pauvre les années précédentes - loin de là -, disons plutôt que l'absence de grosses sorties rutillantes a justement permis à bon nombre d'entre eux, d'avoir une exposition un poil plus marquée, poussant de facto les spectateurs en salles, certes moins nombreux qu'à l'accoutumée, à se diriger vers des séances hors des sentiers battus.
Et Le Feu Sacré d'Eric Guéret, est clairement de ses expériences aussi passionnantes que nécessaires, qui se doivent d'être vécues dans une salle obscure.
Documentaire choc sur la désindustrialisation galopante d'une société hexagonale à l'agonie, plongée au coeur d'une lutte contre-la-montre, sur une année, d'une poignée d'hommes et de femmes tentant corps et âmes de garder leur emploi, le film est une claque haletante et émouvante, dont on ne ressort pas indemne.

Copyright Eric Gueret

Plaqué au plus près des visages, dans la chaleur des fours d'une ascierie flambant neuve mais menacée de fermeture, Eric Guéret décrit avec empathie les destins brisées de femmes et d'hommes ayant consacrés presque toute une vie (trente ans pour certains) à un métier qui ne les nourrira plus, à des âmes inquiètes totalement vissées sur un jeu de poker aléatoire, avec de potentiels nouveaux repreneurs et des politiciens faisant l'autruche, à des citoyens victimes directes et impuissantes d'un capitalisme cynique et destructeur.
Des centaines d'existences admirables remisent en jeu, avec elles leurs proches, que le cinéaste a suivi pendant dix-huit mois, entre espoirs, désespoirs et envie de tout arrêter, de ne plus se battre pour réécrire une histoire tragique à l'issue déjà scellée d'avance.
On assiste alors pétrifié et totalement désemparé, à la morte lente d'une partie de la France - mais pas que -, à l'assombrissement tout en sueurs et en larmes de l'humanité qui cherche pourtant constamment à trouver une porte de sortie, à construire un renouveau industriel bénéfique pour tous et à ne jamais baisser les bras face à la fatalité.
Le Feu Sacré est en chacun d'eux, et incarne une sublime et palpitante ode au déterminisme et à l'espoir, et en ces temps de crise presque interminable, il est toujours bon ton de se dire que l'éclaircit vient toujours après la pluie.

 

Jonathan Chevrier