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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #5. Frailty

© 2001 - Lions Gate Films - All Rights Reserved


Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'oeuvre de la Hammer, que des pépites cinéma bis transalpin en passant par les slashers des 70's/80's; mais surtout montrer un brin, la richesse d'un cinéma fantastique aussi riche qu'il est passionnant à décortiquer.
Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !



#5. Emprise de Bill Paxton (2001)

Ce n'est une fois que certains talents du septième art nous quittent pour de bon, que l'on mesure réellement autant l'impact de leur rôles dans notre cinéphilie, que celui de l'importance de leur absence.
Robin Williams, Philip Seymour Hoffman, Alan Rickman... la liste est longue, et le génial Bill Paxton en fait décemment parti.
Outre avoir été un comédien talentueux passé par la bonne école (celle de son cinéaste chouchou, le pape James Cameron), le bonhomme fut également un cinéaste mésestimé s'étant aventuré, avec un certain aplomb, derrière la caméra avec un premier projet franchement musclé.
Moins illustres que certaines pointures aux doubles casquettes (Eastwood, Gibson ou encore Costner en tête), Paxton n'avait pourtant rien à leur envier avec Emprise, son premier long-métrage.

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Un put*** de thriller fantastico-gothique coup de poing, prenant littéralement par les valseuses le thème coton de la religion au sein d'une Amérique faussement puritaine (il attaque autant la morale que le conservatisme du peuple ricain); et même plus directement la notion de justice divine, par le biais d'un père de famille veuf se lançant avec sa progéniture, dans une vague de meurtres punitifs sous le commandement de Dieu le père.
Manipulateur comme un Hitchcock des grands jours, avec une narration au présent parsemés de flashbacks troublants et anxiogènes, Emprise pose sa caméra dans un état duTexas qui vit sous la terreur d'un tueur en séries qui se fait surnommer "La Main de Dieu".
Supposément sans histoire, Fenton Meiks se présente au QG du FBI et déclare connaître l'identité du coupable, qui ne serait autre que son petit frère Adam, fraîchement suicidé.
Alors qu'ils roulent en direction du "Jardin des roses", où les corps des victimes sont censés enterrées, Fenton raconte aux agents fédéraux qui l'accompagnent, comment tout a commencé finalement vingt ans plus tôt, en 1979, ou il était âgé de seulement douze ans et son frère de neuf.
Tous deux vivaient une enfance heureuse avec leur père, veuf depuis la naissance d'Adam, jusqu'à ce qu'il leur annonce qu'un "ange" lui était apparu au boulot (il est mécanicie et qu'ils devaient accomplir une mission toute particulière.
Si Adam accepte sans réserve de suivre son père, Fenton lui, pense que celui-ci est tout simplement atteint de démence...

Réflexion puissante autant sur le pouvoir/devoir de l'éducation parentale, que sur les limites de l'extrémisme religieux, d'un mysticisme fascinant et terrifiant à la fois, le film est une véritable claque viscérale et haletante à la frontière du gothique, ou chaque saillies violentes est savamment orchestrée pour suggérer plus qu'elle n'en montre véritablement.

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Paxton, qui ne cautionne ni ne juge les actes de son héros (qu'il se paye le luxe de camper avec prestance, dans ce qui restera à jamais son meilleur rôle), renvoie directement le pays de l'Oncle Sam face à sa propre violence jusque dans un final crepusculaire qui répond avec force à la question qui brûle la psyché de ses spectateurs tout du long : les victimes de ce justicier improvisé sont-elles réellements des victimes ou bel et bien des criminels méritant la peine capitale ?
La vérité éclatera dans un cri de rage primitif et franchement dérangeant, à tel point que même près de deux décennies plus tars, elle nous hante encore au plus profond de notre psyché...
C'est dire le tour de force du comédien, mais surtout combien nous avons perdu autant un grand performeur, qu'un potentiel grand cinéaste.


Jonathan Chevrier

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