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[FUCKING SERIES] : After Life saison 2 : Parce que la vie doit continuer...




(Critique - avec spoilers - de la saison 2)


Gageons que même si elle a une certaine tendance à boitiller un brin autant dans sa narration que dans son union hybride entre un humour amer - mais savoureux - et une émotion douloureuse et pesante, After Life est le seul show récent, avec Kidding, à s'attaquer aussi frontalement au sentiment du deuil et ce, même si la comparaison avec le bijou du tandem Carrey/Gondry, lui fait terriblement de mal (même si elle ne boxe pas forcément dans la même catégorie, c'est vrai).

Copyright Natalie Seery/Netflix

 
Confrontée tout comme elle au rude passage de la seconde salve d'épisodes - ce que la série Showtime à passé haut la main avec une justesse proprement indécente -, la série écrite et mise en boîte par le génial (oui) Rocky Gervais, pourrait presque se voir comme une redite de la première... presque.
Des comédiens au diapason offrant des performances toutes aussi solides - avec Gervais en chef d'orchestre -, une volonté toujours aussi forte de laisser des punchlines amères côtoyer des émotions beaucoup plus fragiles et intimes, la retranscription continue de la complexité et du désordre du deuil (avec un désintérêt total pour la sainte souffrance, par un personnage principal qui ne se facilite absolument pas la tâche); couplé à des défauts persistants, tel qu'une mise en scène plate et presque désintéressée, voire même une étrange dissonance cognitive parfois lorsque l'écriture ne semblait pas totalement reconnaître sa propre cruauté (à tous les niveaux, et pas uniquement en ce qui concerne Tony), ou même sa certaine facilité dans la surabondance de séquences incitant (beaucoup trop) les petites larmes de son auditoire (une pluie de chansons tristes en tête).
Une certaine redite donc, ou presque, car à la différence de la première saison, le timing de cette nouvelle exploration du voyage intime de Tony, trouve une raisonnable toute particulière dans son incapacité cruelle à pouvoir sortir de son chagrin.

Copyright Ray Burmiston/Netflix

 
Faisant un poil du surplace - la narration prend du temps à démarrer, mais c'est totalement volontaire - sans pour autant trop stagner, progressant sans trop renier ce qu'elle est, la série évolue au même niveau que son héros titre, qui fait des efforts au quotidien, un petit geste de gentillesse et de patience à la fois, pour combattre ce qu'il est et ne pas reculer; un peu comme si Tony était coincé au coeur d'un Jour sans Fin, au moment où Phil Connors commence à réaliser le potentiel de son quotidien répété, et le désir de ne plus blesser tout ce qui l'entoure et de ne faire que plus rien ne compte réellement, puisque tout recommence le lendemain. 
Un enfermement volontaire et dérisoire qui est justement totalement désiré par le personnage, et qui semble être définitif à la vue du final de cette saison.
Totalement fixée sur une routine qui a évoluée - mais pas trop - dans le plus profond de sa chair, tant Tony ne sème plus le chaos et semble même prêt à entrevoir les blessures que son entourage essaie de dissimuler et à proposer quelque chose qui se rapproche de la compassion - quand il le peut -, After Life vise une certaine authenticité dans la gestion de " l'après " que n'avait pas pu totalement atteindre son aînée, qui masque sensiblement les petits coups de poignard qu'elle s'inflige elle-même : sa manie incomprehensible d'assez souvent se taper dans le dos pour sa compassion et son irrévérence facile et vulgaire (et même parfois révoltante), ou de donner trop d'importance à certains seconds couteaux (Paul Kaye surtout).

Copyright Ray Burmiston/Netflix

 
Dommage car son acidité verbale cassée par la sucrerie de ses émotions vibrantes, rend clairement le retour dans ce monde doux et blessé, particulièrement réussi et grisant, et encore plus quand une réalité aussi tragique dans laquelle on se retrouve aujourd'hui (une pandémie qui ne fait que creuser les inégalités sociales et l'individualité, au détriment du partage et de la collectivité), nous force à ressentir de plein fouet le joug de la difficulté de rester soi-même dans un société inégale et même presque, inhospitalière.
La vie continue, et espérons qu'After Life elle aussi, va continuer.


Jonathan Chevrier