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[CRITIQUE] : Tu mérites un amour


Réalisatrice : Hafsia Herzi
Acteurs : Hafsia Herzi, Djanis Bouzyani, Jérémie Laheurte, Anthony Bajon,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Romance, Comédie dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h39min

Synopsis :
Suite à l'infidélité de Rémi, Lila qui l'aimait plus que tout vit difficilement la rupture. Un jour, il lui annonce qu'il part seul en Bolivie pour se retrouver face à lui-même et essayer de comprendre ses erreurs. Là-bas, il lui laisse entendre que leur histoire n'est pas finie... Entre discussions, réconforts et encouragement à la folie amoureuse, Lila s'égare...



Critique :

Quand on parle de Hafsia Herzi, la première chose qui apparaît dans la conversation est son rôle dans le film de Abdellatif Kechiche La graine et le mulet. Une séquence en particulier : celle de sa danse du ventre pour faire patienter les clients. Sa performance puisait dans les derniers retranchement de son corps. Pourtant, il est dommage de ne parler que de ce rôle, quand on voit son immense filmographie depuis 2007. Douze ans après cette entrée fracassante dans le monde du cinéma, l’actrice a enfin réalisé son rêve : faire un film. Présenté pour la première fois à la Semaine de la critique au dernier festival de Cannes, Tu mérites un amour a fait son petit bonhomme de chemin depuis (dont un passage remarqué au festival d'Angoulême où la réalisatrice est repartie avec le Valois de la mise en scène) jusqu’à débarquer dans nos salles. Elle incarne Lila, une jeune femme qui a subi une rupture douloureuse et apprend les codes des relations amoureuses 2.0.


Hafsia Herzi ne s’est pas donnée le premier rôle pour le plaisir de briller, mais plutôt par nécessité. Auto-produit, l’organisation de tournage était telle qu’aucune actrice aurait pu suivre le rythme. Mais qui aurait pu mieux incarner cette Lila, femme au cœur brisée, qui hante le film de sa mélancolie ? Tu mérites un amour la suit, ainsi que ses amis, dans cette recherche sans fin d’une relation, amoureuse, sexuelle. Herzi les filme au plus près, captant leur parole comme une documentariste. Elle arrive donc à cerner les relations de nos jours : certains comportements toxiques qui paraissent naturels (fouiller dans l’historique, dans le portable, le harcèlement par message, etc ...), les dates Tinder, l’idéalisation des couples des anciennes générations (c’était plus facile avant), … la réalisatrice ne fait pas un bilan très positif. Ce qui saute aux yeux surtout c’est qu’on ne s’autorise plus la tristesse, la mélancolie. Lila se force donc à rencontrer d’autres personnes. Pour faire plaisir à ses amis, puis parce qu’il faut bien aller de l’avant. Mais comment continuer quand le deuil d’une ancienne relation n’est pas achevée ?


Tu mérites un amour montre les codes du jeu amoureux et encore une fois le constat est amère : tout est prétexte à la contrainte, même légère. Accepter le numéro d’un inconnu après qu’il est lourdement insisté, voir un quasi inconnu devant chez soi alors qu’on ne lui a jamais donner son adresse, accepter un bisou de son ex alors qu’on a pas envie, mais le faire quand même après une insistance de sa part. Lila incarne une génération de femme pour qui il est naturel de se laisser faire. Elle n’a rien à perdre. Pour elle, tout est mieux que d’être seule et malheureuse, quitte à faire de nouvelles expériences. Mais quid de ses envies, de ses besoins ? Lila ne se pose jamais vraiment la question, jusqu’à ce moment très émouvant, où un ami lui récite le magnifique poème de Frida Kahlo (dont le titre du film est tiré). Il serait temps que le personnage de Hafsia Herzi pense à elle, qu’elle laisse de côté les jeux toxiques de notre génération.
Malgré sa mise en scène travaillée, la réalisatrice bégaye dans son premier long-métrage. Ses choix ne sont pas toujours bons (les dialogues faussement improvisé notamment), le spectateur aguerri sent aussi l’influence de Kechiche dans sa façon de filmer les corps et le quotidien.


Même si le côté mélancolique et spontané fonctionnent (on retient notamment une scène inoubliable avec le merveilleux Djanis Bouzyani), les jeux de certains acteurs/actrices sont plus que approximatifs. On loue cependant la façon de dépeindre notre génération avec autant de réalisme, sans fioriture.


Laura Enjolvy


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