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[CRITIQUE] : Bienvenue à Marwen

 

Réalisateur : Robert Zemeckis
Acteurs : Steve Carell, Leslie Mann, Eiza González, Janelle Monáe, Gwendoline Christie, Diane Kruger,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain
Durée : 1h56min

Synopsis :
L'histoire de Mark Hogancamp, victime d'une amnésie totale après avoir été sauvagement agressé, et qui, en guise de thérapie, se lance dans la construction de la réplique d'un village belge durant la Seconde Guerre mondiale, mettant en scène les figurines des habitants en les identifiant à ses proches, ses agresseurs ou lui-même.



Critique :

On avait laissé le génial - et le mot est faible - Robert Zemeckis fin 2016 avec l'injsutement boudé Alliés, faux film de guerre mais vraie romance contrariée sous fond de thriller Hitchcockien étirant sa lente toile dans les arcanes de l'espionnage antinazis
Une pure péloche à l'ancienne, volontairement anti-spectaculaire, glamourisé à outrance et épousant sans retenue le romantisme et le classicisme évident d'une intrigue certes simpliste et épurée à l'extrême (tout comme la mise en scène du cinéaste), mais à la maitrise remarquable.
Jouant pleinement la thématique des faux-semblants avec un suspense et une tension redoutable - retournements de situations rocambolesques inclus -, le cinéaste opérait une mise en abime aussi séduisant qu'anxyogène dans la vie d'agents aux doubles identités, mettant dès le départ, ses deux héros à rude épreuve en faussant leur rapport dans un jeu du chat et de la souris réaliste (à la différence des blockbusters ricains, Zemeckis avait le bon gout de ne pas faire son film uniquement en langue anglaise) et obscur; dominé par un couple Marion Cotillard (parfaite)/Brad Pitt (monolithique) à l'alchimie convaincante.



Un diamant brut qui ne demandait qu'à être aimé en salles, et qui s'alignait brillamment sur le retour en forme indécent du bonhomme, après une décennie à user son aura en s'évertuant à vouloir façonner ce qui pouvait/devait être le cinéma de demain, le virtuel et la performance capture.
A nouveau méchamment boycotté de la course aux statuettes dorées, le voilà de retour pour embellir les premières heures de 2019 avec Bienvenue à Marwen, projet au long cours façon doux melting-pot de son cinéma béni, porté par le désespérément mésestimé Steve Carell.
En narrant l’histoire vraie de Mark Hogankamp, un photographe vétéran de la Seconde Guerre Mondiale victime d’une violente agression un soir à la sortie d’un bar, qui va se reconstruire par la force d'un monde imaginaire peuplé de poupées, le papa de Forest Gump va renouer de manière totalement improbable, avec la fantaisie de son cinéma que l'on pensait perdu au fil du temps - malgré quelques bribes entraperçues dans le grisant The Walk.
Aidé par la plume experte de Caroline Thompson (Edward aux mains d'argent, La Famille Adams, L'Incroyable Voyage, L'Étrange Noël de Monsieur Jack, Les Noces Funèbres), le cinéaste opère quelques savoureux coups de rétroviseurs dans sa filmographie et fait de son film une sublime ode autant à la femme qu'à la puissance de l'imaginaire, terrain de tous les possibles et même de la thérapie, quand elle est couplée comme ici à l'art.



Véritable mélange des genres (le drame psychologique et intime, la comédie touchante se transformant peu à peu en feel good movie, le film d'animation,...) techniquement incroyable, le métrage croque avec une finesse rare, la reconstruction d'un homme brisé (Steven Carell, en tout point parfait) et isolé, en nous plongeant tête la première dans son univers fantastique, ce terrain de jeu bigger than life qui lui permettra d'exorciser son mal et de se sauver lui-même par la croyance d'une rédemption pourtant longtemps impossible.
Une envie criante de tenir le coup et de s'en sortir qui sera majoritairement motivé par les femmes qui vont habiter son quotidien (surtout le personnage de la voisine campée par la touchante Leslie Mann), des héroïnes à part entière - là ou l'homme n'est bon qu'à tuer et détruire - toutes différentes les unes que les autres, mais dont chaque personnalité va être le moteur vibrant qui vont l'aider à affronter son traumatisme et ses ennemis, d'abord dans son monde avant la réalité.
Ou quand deux mondes, l'un fictif et l'autre bien réel, l'un doux et fascinant tandis que l'autre est indiscutablement gerbant et tragique, se répondent et s'assemblent avec une cohérence rare, pour ne faire qu'un dans la thérapie fantasque mais déchirante d'un héros Zemeckisien en diable, fusion sur pellicule de la douce rêverie d'un Forest Gump, la détermination de changer sa vie d'un Marty McFly et le génie artistique d'un Philippe Petit. 
Mieux, le metteur en scène se permet même de déconstruire l'image même de la masculinité de son héros dans une dichotomie fascinante, là encore entre la réalité (un homme détruit, qui aime porté des talons, qui n'a pas peur de pleurer, qui se construit sa propre image des femmes qui l'entourent pour guérir,...) et la fiction (action man puissant entouré de femmes, luttant contre les méchants nazis).


Grande aventure expérimentale à l'échelle humaine, assumant pleinement sa part d'ombre (et sa violence, souvent animée) autant que ses nombreux parti-pris, visuellement sublime et porté par une animation fluide et appliquée, Bienvenue à Marwen est un merveilleux conte universel d'une subtilité et d'une justesse bouleversante, un sommet de feel good movie aussi épique et spectaculaire qu'il est douloureux et lumineux, dont on ressort aussi émerveillé que conquis.
L'union fait la force, et le salut de l'humanité réside autant dans l'art et le pouvoir de l'imaginaire que dans la femme, c'est Zemeckis qui le dit, et on le croit sur parole.


Jonathan Chevrier



Sur un panneau de bois, des lettres maladroitement écrites épellent Bienvenue à Marwen. Voici comment s’ouvre ce nouveau long-métrage réalisé par l’immense Robert Zemeckis à qui l’on doit notamment la trilogie Retour vers le Futur ou encore (et c’est là une préférence toute personnelle) le génialissime Qui veut la peau de Roger Rabbit ? sorti en 1988.


Dans ce nouveau film, le réalisateur s’inspire d’une histoire vraie, comme il l’avait fait en 2015 pour The Walk - Rêver plus haut avec Joseph Gordon-Levitt campant le rôle du funambule français Philippe Petit. Là encore, l’artiste au centre du film a un genre bien à lui : Mark Hogencamp, ancien illustrateur reconverti en photographe de poupées. Très vite, le spectateur comprend que Mark, magistralement interprété par Steve Carell, subit encore les séquelles d’une violente agression qui a failli lui coûter la vie. Désormais incapable de dessiner ni même d’écrire, Mark a ainsi reconstitué un village miniature dans son jardin et consacre son temps à y photographier des poupées achetées au magasin de loisirs du coin, qui ressemblent de manière troublante à Mark et aux femmes qui peuplent sa vie. Et ce village porte le nom de Marwen.

Officiellement, Marwen est un village fictif que Mark situe en Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, à ses yeux, les habitants de plastique qui le peuplent sont bien réels - plus que réels, ils sont pour lui des amis à part entière. Le héros, un capitaine américain appelé Hogie, est une version “améliorée” de Hogencamp : honnête et courageux, il se bat vaillamment contre les hordes de soldats nazis qui ne cessent de revenir le hanter… Tout ce que Mark a été incapable de faire lorsqu’il a été victime de son agression par un groupe d’hommes. Ces photographies représentent pour Mark un échappatoire et une façon de panser ses blessures : les scènes d’animation où les poupées prennent vie sont bluffantes, rythmées, enflammées… À l’inverse de la vie de Mark, qui vit de manière tristement recluse, gavé de médicaments, paranoïaque et socialement inadapté. Mais la date du procès de ses agresseurs approche, et il va lui falloir trouver le courage d’affronter ses peurs...



Si Bienvenue à Marwen n’est pas exempt de défauts (les personnages secondaires sont très superficiels, certains noeuds de l’intrigue gros et manquant de subtilité...), il est néanmoins à voir pour plusieurs raisons. D’abord, comme évoqué précédemment, pour les passages en animation qui sont inventifs, drôles et bien faits : on suit avec plaisir la véritable intrigue parallèle qui se tisse dans ce monde miniature, avec le héros Hogie, les attaques des nazis, et même une (pas si) mystérieuse antagoniste, la sorcière Deja. Ensuite, pour la performance de Steve Carell qui est très touchante et qui affirme une fois de plus son talent dans l’interprétation de l’artiste brisé Mark Hogencamp, qui avait déjà fait l’objet d’un documentaire en 2010 intitulé Marwencol. Enfin, pour l’optimisme et la profonde bienveillance qui se dégage tout au long du film : si certains sourcillent devant la fascination inhabituelle de Mark pour ses poupées, son entourage a tendance à bien l’accepter et le pousse même à s’assumer toujours plus en tant qu’artiste, en lui offrant de nouvelles poupées et à l’encourageant à se rendre à l’exposition dédiée à son oeuvre organisée à New York. Mark a également d’autres fétiches, qui sont d’ailleurs la raison pour laquelle il s’est fait tabasser, et qui en temps normal feraient tiquer ; mais dans le film, on observe de nouveau une profonde bienveillance et acceptation de la part des personnages. Cette tolérance et cette douceur mettent du baume au coeur, d’autant plus que c’est entouré de ce soutien que Mark va finir par se battre pour reprendre sa vie en main. C’est beau, inspirant et c’est une belle leçon d’acceptation de soi et des autres qui nous est livrée par Robert Zemeckis à travers cette histoire inspirée de faits réels.



Finalement, malgré certains creux, Bienvenue à Marwen peut se regarder comme un conte, une aventure humaine, un combat contre des démons à l’aide de poupées, mais sans tomber dans un excès de pathos ou de ridicule - un pari risqué, mais réussi.


Victoire



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