[CRITIQUE] : À La Dérive
Réalisateur : Baltasar Kormákur
Acteurs : Shailene Woodley, Sam Claflin, Jeffrey Thomas,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Aventure.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h38min.
Synopsis :
Tami Oldham et Richard Sharp décident de convoyer un bateau à travers le Pacifique et se retrouvent pris au piège dans un terrible ouragan. Après le passage dévastateur de la tempête, Tami se réveille et découvre leur bateau complètement détruit et Richard gravement blessé. À la dérive, sans espoir d’être secouru, Tami ne pourra compter que sur elle-même pour survivre et sauver celui qu’elle aime.
Critique :
Honnête drame intime + romantique que réellement existentiel, jouant autant la carte du survival prenant que de la love-story peu empathique, #ALaDerive navigue en océan connu ne renouvelle décemment pas le genre malgré une mise en scène inspirée et une Shailene Woodley lumineuse pic.twitter.com/ehWCBSnpRO— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 3 juillet 2018
Baltasar Kormákur ou définitivement l'un des plus honnêtes et sympathiques faiseurs de séries B de ses dix dernières années au sein de la jungle Hollywoodienne, un bonhomme au talent certain qui aligne les péloches jouissives et qualitatives à la pelle.
Bref, un ami de la famille quoi.
Habitué des survivals en terre hostile (il est le papa du mésestimé Everest), le voilà de retour en ces premières heures de juillet avec son All is Lost à lui, À la Dérive (oui, le même titre que le tâcheron de Guy Ritchie avec son ex-femme Madonna) aka Adrift, mise en images du véritable calvaire vécu en mer par Tami Oldham et Richard Sharp.
Moins puissant que le chef-d'oeuvre de J.C Chandor, qui puisait autant sa force de son récit intime et épuré - dans tous les sens du terme - que dans la prestation habitée de la légende Redford (parfait) et définitivement loin d'être tourné vers le même public (malgré la présence solaire de Shailene Woodley), À la Dérive joue sur l'émotion (facile) que suscite ce calvaire en plein désert maritime, et s'avère même presque vibrant quand il ne se perd pas dans une pluie de flashback visant à maladroitement aérer une intense et éprouvante quête de survie (la nature est et restera le plus terrifiant et crédible des antagonistes au cinéma).
Et c'est bien là que le bas blesse : la volonté de faire de cette incroyable histoire vraie un prétexte à une romance racoleuse pour un public facilement influençable (tout comme le récent La Montagne entre Nous, avec le bien plus talentueux couple Kate Winslet/Idris Elba) plutôt que de se focaliser pleinement sur cette miraculeuse survie (et pourtant loin d'être original sur grand écran), la force de vivre merveilleuse transpirant de cette femme courage qui va se battre jusqu'au bout pour sauver sa peau et celle de l'homme qu'elle aime.
Vaincre la morosité d'un présent terrible et (presque) sans espoir en le contrebalançant avec le passé proche et les prémices d'une romance qui mènera inéluctablement les jeunes héros vers le premier cas de figure, l'idée est plutôt créative, et le choix aurait même pu être payant si le réalisateur, plutôt solide derriere la caméra - et auteur de quelques plans plutôt enlevés-, arrivait à nous impliquer un minimum dans son histoire et l'amour - jamais empathique - qui unit ses deux tourtereaux.
Si nous n'avons pas envie de croire en eux, pourquoi se passionner pour leur quête de survie ?
C'est la grosse question qui entoure donc cet honnête survival, plus romantique qu'existentiel, qui ne renouvelle décemment pas le genre (malgré une scène de tempête réellement terrifiante), mais qui divertit gentiment son monde.
On a vu pire, mais on a surtout - évidemment - vu mieux.
Jonathan Chevrier