[CHRONIQUE] : Hommage au regretté Philip Seymour Hoffman
Prions juste pour qu'on est le moins possible à s'étendre sur le sujet...
" Cher et regretté Philip Seymour,
Il y a des jours comme cela, ou il est foutrement douloureux d'être un cinéphile endurcis, foutrement douloureux de s'attacher plus que de raison à certains talents inestimables qui, à chacune de leur apparition, même l'espace d'un instant seulement, peut vous égayer une échappée improvisée dans une salle obscure.
Outre être l'un des plus grands acteurs que le monde du septième art n'est jamais connu, tu étais de ces talents qui dès qu'il pointait le bout de leur nez gracieux, nous assurait à 100% être en train de vivre un Vrai moment de cinoche unique et mémorable.
Quel choc fut le mien donc, en apprenant hier ton décès, ton intronisation indiscutable au rang des monstres sacrés qui ne sont plus, quelques jours seulement après l'anniversaire de celui du regretté Heath Ledger, partie dans les mêmes sombres circonstances.
Victime de ta putain d'addiction à l'héroïne, tu nous laisse orphelin comme un père sans amour pour ses rejetons, privés de ce que le cinéma ricain nous proposait - presque - de plus beau.
52 films en vingt-deux ans de carrière, tu n'étais pas un boulimique du travail, tu tournais peu mais merde, qu'est-ce que tu tournais bien.
Acteur fétiche de ton grand pote le précieux Paul Thomas Anderson, et après être passé devant les caméras - entre autres - de (retenez votre souffle) Cameron Crowe, des frangins Coen, de Spike Lee, de feu Anthony Minghella, Sydney Lumet, Martin Brest, Richard Curtis, Mike Nichols, George Clooney ou encore Benneth Miller et J.J. Abrams; tu avais bâtit une filmographie de malade, à en faire bâver plus d'un wannabe Hollywood star.
Tellement à l'aise dans toutes les peaux (même celles des crevures les plus éxécrables), que je me demande bien si tous les cinéastes du monde ne bandaient à l'idée de rêver t'avoir dans chacun de leur casting un jour.
Une question illégitime tu as raison - non mais pour qui je te prends -, puisque ta carcasse impressionnante, si elle n'est pas le modèle de beauté du dictat Hollywoodien, est pourtant bel et bien celle qui séduit le mieux un écran de cinéma, tant celui-ci se laisser bouffer à tous les coups sous ton imposante prestence, sans ne jamais t'opposer la moindre résistance.
Pourquoi il n'y a que toi à l'image même quand ils sont plusieurs à jouer autour de toi ?
Comment diable fais-tu pour autant enchainer les performances lumineuses ?
Hélas, tu n'auras plus l'opportunité de nous le démontrer aujourd'hui, et si nous avons tous intimement l'impression d'avoir perdu gros, imagines donc bien l'état dans lequel se trouvera ton septième art made in USA, quand il retrouvera ses esprits et aura pleinement conscience de sa perte définitive et irrécupérable.
Ton dernier rôle en date, celui du Haut-Juge Plutarch Heavensbee dans Hunger Games : La Révolte - dont on se demande bien si tu as pu tourner toutes tes scènes, dans le cas échéant ton dernier long est celui d'Anton Corbijn, Un Homme Très Recherché, pas mal pour un adieu - est certainement bien loin de te faire valoir une seconde statuette par l'Académie, il aura sans nul doute une valeur toute particulière pour les spectateurs que nous sommes, qui n'auront pas eu assez le temps de t'avouer toute l'admiration que l'on te porte depuis toujours.
" Pour un esprit équilibré, la mort n'est qu'une grande aventure de plus... " que tu disais, lucidement, au New-York Times lors d'une interview en 2012.
Dorénavant, je regarderais mes classiques La 25eme Heure, Boogie Nights, Magnolia, Presque Calèbre ou encore The Big Lebowski, Mission : Impossible 3 et Good Morning England avec un putain de pincement au cœur incurable.
Plus de 50 péloches, un oscar et une overdose, tu es partis trop vite et j'espère de tout coeur que ta présence angélique vendra chèrement sa place au paradis des acteurs.
Vayas con Dios amigo, tu resteras à jamais dans nos cœurs, et tes films dans nos mémoires.
Ici au sein de la Fucking Team, nous ne t'oublierons pas, car un héros, un vrai, ça ne meurt jamais.
Jonathan Chevrier "