[CRITIQUE] : Machete Kills
Réalisateur : Robert Rodriguez
Acteurs : Danny Trejo, Mel Gibson, Demian Bichir, Tom Savini, Cuba Gooding Jr, Antonio Banderas, Charlie Sheen, William Sadler, Marko Zaror, Sofia Vergara, Amber Heard, Jessica Alba, Michelle Rodriguez, Zoe Saldana, Alexa Vaga, Lady Gaga,Vanessa Hudgens,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h48min.
Synopsis :
Le président des Etats-Unis confie une mission suicide à Machete : sauver le pays d'un redoutable chef de cartel mexicain, qui menace d'envoyer un missile nucléaire sur le sol américain.
Critique :
Si il y a bien un cinéaste qui divise salement les cinéphiles du monde entier depuis plus d'une décennie maintenant, c'est bel et bien le sympathique Robert Rodriguez.
Paresseux et impatient pour les uns (ce qui n'est pas entièrement faux), généreux et amoureux inconditionnel du septième art bricolé pour d'autres - dont moi -, le bonhomme a au moins pour lui, le mérite de faire le buzz à chacune de ses sorties en salles.
Jamais aussi bon que lorsqu'il cornaque le script d'un autre (Une Nuit en Enfer et Planète Terreur co-écrit avec son poto Tarantino, Sin City avec Frank Miller ou encore The Faculty avec Kevin Williamson), le Robert nous revient cette fois entièrement en solo, avec une quintuple casquette un peu lourde à porter sur sa tête de texan (réalisateur - co-scénariste - chef opérateur - directeur de la photographie - compositeur), pour Machete Kills, suite imprévue et improbable de Machete, que l'on pensait conçu comme un unique one shot.
Une affiche aussi casse-gueule qu'alléchante donc, pour qui avait été un minimum séduit par le cocktail aussi fun et décomplexé du premier opus, sortie dans les salles il y a trois piges.
Après une intro sous forme de fausse bande-annonce - annonçant un troisième épisode de dingue -, on reprend littéralement les mêmes et on recommence, avec un Machete pour le coup engagé par le gouvernement ricain (like Rambo dans Rambo II : La Mission), pour récupérer une arme de destruction massive des mains d'une chef de cartel, tendance révolutionnaire taré.
Pointant toujours férocement du poing et de la machette, tous les tabous d'une Amérique faussement puritaine (sexe, drogue et violence à outrance dans un déluge de gore et de gags plus ou moins bien senties), force est d'admettre que cette première suite de la franchise mexicano-ricaine est un chouia moins efficace que l’œuvre original, la faute certainement de prime abord, à un manque d'effet de surprise de la part d'un personnage que l'on connait presque par cœur, tout autant que son metteur en scène.
Dire donc que la méthode Rodriguez - encore coincé dans ses tics " grindhouse " -, s’essouffle un peu avec ce Machete Kills est un doux euphémisme, tant sa passion du cinoche bricolé n'a jamais paru aussi redondant à mirer.
Hier, il savait faisait des merveilles avec pas grand chose, du fauché sans le sous, aujourd'hui c'est l'inverse, il s'amuse à faire du fauché avec un budget bien plus conséquent, du coup, le tout manque salement d'honnêteté et on se demande même jusqu’où il veut en venir avec son concept.
Trop long (il tiendrait bien mieux si on lui taillait une bonne demie heure de gras), assez moche visuellement (c'est blindé de faux raccords, de montages serrés, d'une photo jaunâtre, et le pire c'est que tout ça est fait volontairement...), ce pur nanar Bis aux généreuses courbes Z, accumule les défauts, surtout celles scénaristiques qui sont incroyablement flagrantes et ce, même si le scénar n'est jamais le but premier de ce genre de production sans complexe.
Sans aucune logique narrative, jamais sérieux (là encore, ce n'est pas vraiment un défaut gênant, bien au contraire), accumulant les facilités au point de ressembler à un DTV de luxe, Machete Kills est peu inspiré, plus grossier que Machete, mais surtout un chouia moins émotif (déjà que le premier ne l'était pas des masses), violent et cul qu’espérer.
Déséquilibré de toute part même si il est fort difficile de jeter la pierre à un tel délire barré - et clairement assumer -, qui prône l'idée de faire tout et n'importe quoi (et surtout n'importe quoi), la bande semble pourtant, à l'instar d'un Iron Man II, incarner un opus de transition sacrifié d'avance au profit d'un projet plus imposant (le troisième opus), lourdement introduit mais certes bien plus bandant (Machete Kills again... in Space !!!).
Fort heureusement, comme ce fut déjà le cas dans la suite - déjà - de Desperado, le cinéaste s'appuiera avec intelligence, sur une succession de caméos aux partitions surréalistes.
D'une Michelle Rodriguez caliente à une Amber Heard aussi atomique que Sofia Vergara, en passant par un Charlie Sheen (alias Carlos Estevez !) savoureux, un William Sadler plus crevure que jamais, un quatuor dément Antonio Banderas/Lady Gaga/Walton Goggins/Cuba Gooding Jr dans la peau du sous-utilisé Caméléon, sans oublier un Demain Bichir en roue libre et un immense Mel Gibson qui cabotine joyeusement; tous font admirablement bien le boulot - même si ils ne sont pas tous forcément bien dirigés -, pour empêcher que la péloche ne sombre définitivement dans l'océan de la catastrophe made in Hollywood.
Véhiculant la majeur partie des moments les plus cocasses - quand ceux-ci ne sont pas calqués sur le premier film -, ils sont les principaux points forts qui font que cette nouvelle épopée de Machete le roi de la zigouille, ne soit pas entièrement répétitive.
Cartoonesque et nanardesque jusqu'à l'extrême, bâclé mais suffisamment fun et barré pour permettre in extremis, de passer un bon moment, Machete Kills est une œuvre généreuse mais torché à l'arrache par un génie impatient, qui cherche plus à iconiser son héros à chaque scène à coups de meurtres mémorables, qu'à réellement lui offrir une vraie et belle aventure solide.
Rdv donc prochainement pour un Machete 3 dans l'espace, et si tu n'es pas d'accord avec ça cabron, dis-toi que Machete viendra très vite s'occuper de ton cul pour te faire changer d'avis.
Infiniment con, drôle et régressif, c'est bien parce qu'on t'aime beaucoup Robert, que l'on passe encore une fois plus ou moins l'éponge sur cette déception un poil limité mais attachante, mais c'est définitivement la dernière...
Prions quand même que tu retrouves ton mojo d'ici l'attendu Sin City 2...
Jonathan Chevrier