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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Remorques


Réalisateur : Jean Grémillon
Avec : Jean Gabin, Madeleine Renaud, Michèle Morgan,...
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min

Date de sortie : 27 novembre 1941
Date de ressortie : 19 avril 2023

Synopsis :
André Laurent, capitaine du remorqueur Le Cyclone, assiste avec son équipage à la noce d’un de ses marins, avant d’être appelé en urgence pour secourir les passagers d’un cargo, dont Catherine, l’épouse du commandant. Alors que sa femme lui dissimule sa maladie et le supplie de prendre sa retraite, André tombe follement amoureux de Catherine, avec laquelle il débute une liaison...



Critique :


Comment lutter pour faire perdurer le feu de la passion, quand celui-ci est condamné à s'éteindre que ce soit sous le souffle de l'interdit où de l'inéluctable.
C'est tout le questionnement qui irrigue le mélodrame Remorques de Jean Grémillon, adaptation résolument libre du roman éponyme de Roger Vercel qui permit la réunion du couple mythique Jean Gabin/Michèle Morgan deux ans après Le Quai des Brumes (le fameux « T'as d'beaux yeux, tu sais. », t'as la ref), et vissée sur la double romance tragique du capitaine André Laurent, qui risque sa vie tous les jours à bord de son navire remorqueur - " Le Cyclone " -, pour sauver celle des autres.

Il est marié à Yvonne, qui désire plus que tout de le voir quitter ce métier tout en lui cachant la vérité de sa grave maladie.
C'est un soir de tempête, furieusement évocateur, qu'il sauvera le cargo d'un escroc qui lui fera perdre l'argent mais, paradoxalement, lui fera gagner bien plus : l'amour de sa femme, Catherine, qui deviendra sa maîtresse...

© Carlotta Films/© 1941 SEDIF. TOUS DROITS RÉSERVÉS

Passé la démystification de la " figure Gabin " dans Gueule d'amour, Grémillon persiste et signe en taillant dans le marbre pour le comédien, une figure d'homme pour qui amour et devoir s'entremêlent avant de se séparer l'un de l'autre; un homme dont la raison est autant importante que son désir constant d'aventure mais qui, sous le feu ardent de la passion et d'une vulnérabilité qu'il, voit son sens des responsabilités lentement mais sûrement se consumer (à tel point que lorsqu'il trompe sa femme mourante, et qu'il ne voit pas mourir, avec Catherine, sa vie personnelle comme professionnelle en souffre terriblement).
Un mal d'amour, un mal de (a)mer.

Embrassant la célébration naturaliste de la classe ouvrière, filmant d'un œil de documentariste les marins à la tâche avec autant de minutie que la naissance pudique d'un amour voué à l'échec (tout comme celui plus tranquille, d'un amour hanté par le sceau de la mort), Remorques se fait avant tout et surtout une sombre et mélancolique œuvre romanesque sur des âmes solitaires à qui le bonheur est refusé (collant parfaitement avec le pessimisme de son époque et du cinéma français de l'époque), emportées qu'elles sont par la brutalité d'une nature tout aussi tourmentée et ambiguë,
 belle et impitoyable face à laquelle l'homme n'est rien, l'homme n'est plus rien.
Qu'on se le dise, la raison l'emporte toujours sur le chaos des cœurs et des amours manqués...


Jonathan Chevrier


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