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[CRITIQUE] : Anatolia


Réalisateur : Ferit Karahan
Avec : Samet Yıldız, Ekin Koç, Mahir İpek,…
Distributeur : Moonlight Films Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Turque, Roumain.
Durée : 1h25min

Synopsis :
Yusuf et son meilleur ami Memo sont élèves dans un pensionnat pour garçons kurdes, isolé dans les montagnes de l'Anatolie orientale. Lorsque Memo tombe mystérieusement malade, Yusuf est contraint de surmonter les obstacles bureaucratiques dressés par la direction autoritaire et répressive de l'école pour tenter d'aider son ami. Mais, au moment où les adultes comprennent enfin la gravité de l'état de Memo et essaient de l'emmener à l'hôpital, l'école a été ensevelie sous une tempête de neige. Coincés, dans l'impossibilité d'obtenir de l'aide, les enseignants et les élèves se rejettent la balle. Rancunes, sentiments de culpabilité et secrets cachés émergent, alors que le temps passe inexorablement et menace d'emporter Memo.



Critique :


Si la réalité est - un poil - nuancé, force est d'admettre que lorsque le septième art pose ses caméras dans les couloirs d'un internat/pensionnat, c'est (très) rarement pour y conter une histoire heureuse, sondant la face sombre d'institutions où la violence, le désespoir où encore l'intimidation sont monnaie courante, laissant une jeunesse vulnérable face à toutes les angoisses du monde.
Dans l'ombre d'un If qui capturait l'atmosphère claustrophobe de ses lieux, Anatolia, co-écrit et mis en scène par Ferit Karahan, catapulté dans un pensionnat jonché dans les profondeurs enneigés de l'Anatolie où la survie n'est pas qu'une simple formule (et encore plus quand la froideur de l'hiver pointe le bout de son nez, tant endurer et courber l'échine est la seule et unique chose à faire), en fait lui une étude plus kafkaïenne de la précarité, de l'incompétence institutionnelle et de la notion de culpabilité qui y résident.

Copyright Moonlight Films Distribution

Articulé autour d'une seule journée, la narration colle aux basques du jeune Yusuf et de son meilleur ami Memo, qui vivent dans le même dortoir d'un internat pour garçons kurdes dans les montagnes reculées de l'Anatolie orientale, un environnement strict et austère au milieu de nulle part.
Sans chauffage et obligé de se laver à l'eau froide avec une simple bassine - une punition pour s'être " chamailler " avec d'autres gosses " -, Memo tombe malade ce qui incombe à Yusuf de prendre la responsabilité de s'assurer qu'il va bien, en affrontant les couches impitoyables et l'apathie irritante d'une bureaucratie scolaire encore plus figée que son cadre.
Entre le drame intime et douloureux de sous fond de résignation et d'injustice, le huis clos anxiogène et la comédie grinçante dont l'aspect savamment décalé (des petites touches d'absurdes qui viennent dégraisser la tension) vient totalement rebattre les cartes de la charge sourde contre les failles administratives (entre incompétence, cruauté occasionnelle et dissimulation assumée), Karahan privilégie un regard calme et désespérée pour mieux nourrir la puissance de sa critique fine et réservée mais féroce contre les échecs institutionnels catastrophiques et récurrents, qui mènent à la disparition de milliers d'âmes chaque année tout autant qu'au désenchantement d'une jeunesse totalement délaissée et maltraitée.


Jonathan Chevrier


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