[CRITIQUE] : Serre Moi Fort

Réalisateur : Mathieu Amalric
Acteurs : Vicky Krieps, Arieh Worthalter, Anne-Sophie Bowen-Chatet,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h37min.

Synopsis :
Ça semble être l’histoire d’une femme qui s’en va.

Critique :

Entre l'odyssée Depleschienne et le schéma rhizomatique des films de Charlie Kaufman, le tout saupoudré d'une pointe d'introspection faillible à la Virginia Woolf, #SerreMoiFort est une merveille de mélodrame poétique et tourmenté, dominé par une Vicky Krieps absolument impériale pic.twitter.com/J80xbtFjjO
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 6, 2021

Le synopsis du nouvel effort de Mathieu Amalric est aussi minimaliste qu'il est d'une puissance évocatrice étonnante : " Ça semble être l’histoire d’une femme qui s’en va. ".
Le mystère est entier et pourtant tout est dit, tout réside dans un simple mot qui caractérise à lui seul, toute la maestria de cette adaptation plus ou moins lointaine de la pièce de théâtre Je reviens de loin de Claudine Galea.
Rien n'est plus sur que l'incertitude elle-même, et le film évolue consciemment au gré des questions inachevées et des demi-réponses, prenant bien plus la voie du monologue intérieur viscérale que d'un vrai portrait de femme brisée qui quitte le domicile familial et les siens ou, tout du moins, qui espère pouvoir le faire.
Car tout le film se passe dans sa tête, mémoire fragile et torturée ou se mêle les souvenirs d'un passé qui n'est plus et ceux, fantasmés d'un avenir fauché par la vie.

Film de spectres douloureux sur le deuil impossible d'une héroïne dépressive se perdant elle-même dans une errance erratique et purement mentale, autorité fictionnelle qui se sait éminemment perfectible, Serre Moi Fort, bercé par les théories philosophiques de Gilles Deleuze et Félix Guattari, se défie de toute succession dramatique, de toute progression causale, Amalric destructurant et jouant avec l'espace-temps et les réalités, pour mieux faire rimer les souvenirs - réels comme imaginaires - de manière chaotique et bouleversante.
Entre l'odyssée Depleschienne et le schéma rhizomatique des films de Charlie Kaufman, le tout saupoudré d'une pointe d'introspection faillible à la Virginia Woolf, le film est une merveille de mélodrame poétique et tourmenté, dominé de la tête et des épaules par une Vicky Krieps impériale, tout de grâce inquiétée et inquiétante.

Jonathan Chevrier