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[CRITIQUE] : Fear Street - Partie 1 : 1994

Réalisatrice : Leigh Janiak
Acteurs : Maya Hawke, Charlene Amoia, David W. Thompson,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min

Synopsis :
À la suite d'une tragédie brutale à Shadyside, dans l'Ohio, un groupe d'adolescents rencontre accidentellement le mal ancien responsable d'une série de meurtres brutaux qui sévissent dans leur ville depuis plus de 300 ans.


Critique :


À l'instar de la mythique collection Chair de Poule, elle aussi signé R.L. Stine, pour des générations de fans, Fear Street n'était pas seulement une série de livres effrayants destinés aux mômes et aux adolescents, c'était une sorte de mot de passe fédérateur, une façon de dire à ses amis et camarades de classes que vous faisiez partie du club de ceux qui appréciait avoir peur - mais pas trop non plus.
Niché dans nos fauteuils ou nos lit, planqués sous une couverture, nous lisions la nuit, incapable de nous arrêter à un cliffhanger - et ils étaient légion chez Chair de Poule -, dévorant les chapitres gentiment macabres et tordus l'un après l'autre jusqu'à la fin; ce qui rimait souvent avec le fait d'avoir très peu de sommeil avant l'école/le collège le lendemain matin.
Une sorte de rituel captivant, faisant fonctionner de manière terrifiante un imaginaire collectif qui n'avait pas forcément besoin de cela pour se terrifier, et qui convoque instinctivement une nostalgie qui, de manière plus qu'agréable, débarque désormais sur le petit écran grâce au tandem Netflix/Leigh Janiak avec une trilogie Fear Street qui débarque à point nommé au sein d'un été ciné résolument placé sous le signe de l'horreur.

Copyright Netflix

Le premier des trois films sortis - un long-métrage chaque semaine - Fear Street : 1994, dont l'ouverture glaciale donne parfaitement le ton, suit scrupuleusement la méthode " Stine ", véritable relecture du slasher avec une pointe de terreur surnaturelle tissée au travers d'un teen movie mélodramatique aux enjeux familiers (rivalités, jalousies, clans,...), mais à la perversité absolument géniale : une quête de vengeance imprudente dans la ville la plus dangereuse des USA (non pas Détroit, Shadyside), catapulte une bande d'amis au coeur d'une malédiction ancestrale - pierre angulaire de la trilogie -, et surtout sur la route d'une bonne galerie de tueurs (tous définis à travers leurs armes emblématiques, leurs années de tuerie et leurs costumes étranges).
Sorte de bande Amblin qui aurait parfaitement digérée ses références appuyées (comme la première saison de Stranger Things), et qui n'aurait jamais peur d'épouser une vraie horreur gore et décomplexée, le film établit un bon équilibre entre la construction d'une trame de fond à l'identité marquée - les si reconnaissables 90s - et une écriture des personnages allant à l'opposé du tout venant (des ados complexes, vivants et vulnérables qui refusent de s'intégrer dans des moules à l'emporte-pièce, ce qui les rend d'autant plus passionnant à suivre empathique), mais surtout un mélange étonnant entre ludisme et brutalité, faisant fit des codes inhérents au genre (non, le sexe ne rime pas avec condamnation à mort, et la vente/consommation de drogue ne doit pas être synonyme de punition non plus), pour plonger tête la première dans un massacre organisé qui ne laisse jamais de côté ses émotions.

Copyright Netflix

En se souciant aussi bien de son histoire (habilement ficelée, surtout dans sa seconde moitié ou le body count s'accumule à une vitesse folle) que de ses protagonistes (qui luttent pour leur survie tout en apprenant des choses sur eux-mêmes et qui ils veulent être, même confronté à une crise allant au-delà des pensées rationnelles), laissant constamment planer la sensation qu'on s'amuse avec eux et non d'eux; Leigh Janiak touche à une authenticité rafraîchissante que l'on n'avait plus ressenti depuis longtemps (Scream ? The Faculty ?), et qui ne fait que de décupler son désir intime d'aller au-delà du simple délire pop-corn, tout en évitant d'arpenter le sillon de l'horreur consciente et méta.
Dans un cadre 90s à la reconstruction soignée (jusque dans sa lumière frappée de néons que sa bande originale au poil signé Marco " Fucking " Baltramy), gentiment logé entre l'hommage affectueux au genre et la - légère - réinvention avisée qui pose des bases solides à sa mythologie, Fear Street : 1994 n'essaie jamais d'être ce qu'il n'est pas et se pose de manière étonnante comme l'un des successeurs spirituels de Scream que l'on n'attendait pas... voire peut-être plus.
Vivement la suite - et nous n'avons que sept jours à l'attendre.


Jonathan Chevrier



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