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[CRITIQUE] : Shadow in The Cloud

Réalisatrice : Roseanne Liang
Acteurs : Chloë Grace Moretz, Nick Robinson, Beulah Koale,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Action, Guerre, Epouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h23min

Synopsis :
Pendant la Seconde Guerre mondiale, une jeune femme embarque avec une cargaison top secrète dans un bombardier sur le point de décoller par une nuit orageuse. L'équipage entièrement masculin accepte à contrecœur, mais leurs soupçons quant à son identité et à la mystérieuse cargaison grandissent rapidement. Juste qu'à ce moment sinistre où une ombre apparaît dans les nuages... Serait-ce l'attaque d'avions japonais ? Ou bien d'un passager clandestin ?




Critique :



Jouant un peu la carte de la machine à remonter le temps cinématographique et télévisuel - un peu de retour dans le passé ne faisant jamais de mal, d'autant plus quand on sait que ce qui faisait le cinéma et la télévision d'hier, à un impact considérable sur celle d'aujourd'hui (et inversement, celle d'aujourd'hui inspirera celle de demain, ce qui est assez effrayant vu qu'on est déjà dans un processus de redite/usure assez important).
L'un des épisodes les plus célèbres de la cultissime The Twilight Zone était le classique de 1963 Nightmare at 20,000 Feet (basé sur la nouvelle éponyme de Richard Matheson), réalisé par Richard Donner avec un William Shatner - qui n'avait pas encore son statut de monument populaire grâce à Star Trek -, qui campait un passager d'une compagnie aérienne rentrant chez lui après un séjour de six mois au sanatorium, et qui jurait avoir vu un gremlin sur l'aile de l'avion, essayant de désactiver l'un des moteurs.
Dit épisode qui avait justement été brillamment remaké par George Miller dans son segment de Twilight Zone : The Movie - avec John " Fucking " Lithgow en vedette.

Copyright Metropolitan FilmExport

Bien qu'annoncé comme un film original, Shadow in The Cloud de Roseanne Liang, petite série B étonnamment bien troussée et qui vaut bien plus que sa réputation de purge venue du pays de l'oncle Sam, s'inspire méchamment de la nouvelle de Matheson, dont seul le genre de son héros - ici une héroïne, elle aussi passagère ostensiblement hystérique - et son cadre historique - la Seconde Guerre mondiale -, peut prétendre à être différent.
Flanqué en 1943, on y suit les aléas d'une invité indésirable - parce qu'elle à le malheur d'être une femme - d'un B-17 Flying Fortress (nommé "The Fool's Errand", on a fait moins évocateur), l'officier Maude Garrett chargée de transporter un colis Top Secret qui ne doit en aucun cas être ouvert - surtout car il est le MacGuffin du film -, alors qu'elle coincée dans la minuscule tourelle du carlingue, et quelle voit une bestiole chelou en vouloir au bien du vaisseau millitaire...
Pendant toute la première moitié du film, totalement focalisée sur une Chloé Grâce Moretz que l'on avait pas vu aussi juste depuis des lustres, Liang ménage habilement son suspens en limitant ses effets, cloitrant son héroïne dans une tourelle exiguë ou elle est autant la victime de la médisance et du sexisme de ses " partenaires " de vol (à l'écriture volontairement caricaturale et limitée), que d'un monstre non identifié; avant de tout laisser exploser dans une seconde résolument plus jouissive, Maud dévoilant toute l'étendue de son aura " Ripley-esque " de femme badass et débrouillarde qui a enduré le sexisme et les abus pendant une grande partie de sa vie, et qui prend les armes pour mieux montrer qu'elle refuse de laisser ses bourreaux la définir.

Copyright Metropolitan FilmExport

Peut importe si elle exécute des exploits de force et d'héroïsme de plus en plus invraisemblables dans son improvisation perpétuelle pour trouver des moyens de rester en vie (elle abat des avions de combat japonais ou se bat avec une véritable armée de créatures CGI vraiment terrifiantes, sorte de rats-chauves-souris enragés géants), le public prend fait et cause pour elle et avale toutes les couleuvres dégainées par une intrigue généreuse et jouissive (mais évidemment furieusement bardée d'incohérence), encore plus quand elle plonge profondément dans le territoire de la SF d'action solidement chorégraphiée et à la B.O. over-the-top (du bon gros synthé proto-goth qui colle tellement bien à son contexte historique...).
Pur B movie pulp qui doit être strictement prise comme tel pour en apprécier toute sa saveur old school et décomplexée, Shadow in The Cloud embrasse à pleine bouche ses excès bis comme des médailles glanées sur le champ de bataille du fun; une pure séance régressive et rythmée qui pousse son spectateur à crier de joie avec elle, et non pas contre elle.


Jonathan Chevrier