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[CRITIQUE] : Music

Réalisatrice : Sia
Avec : Maddie Ziegler, Kate Hudson, Leslie Odom Jr,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame, Comédie musicale.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h37min.

Synopsis :
Zu sort tout juste de désintox lorsqu’elle apprend qu’elle devra être la nouvelle tutrice de Music, sa jeune demi-soeur autiste… Alors que Music vit le plus souvent dans son monde imaginaire et musical, Zu essaye de faire face à ses nouvelles responsabilités. Elle pourra alors compter sur Ebo, son voisin bienveillant qui lui apprendra que les obstacles de la vie peuvent être surmontés avec l’aide d’un ami...



Critique :



Pendant longtemps, Sia a cultivé un sens transgressif du mystère, apparaissant sur les tapis rouges et sur scène avec des perruques élaborées qui cachaient son visage, et ne dévoilant des informations sur elle qu'à travers ses paroles.
Un choix compréhensible (se cacher du public pour mieux se protéger), mais qui s'est vite retourné contre elle lorsqu'elle a décidé de donner de sa personne pour son premier passage derrière la caméra avec Music, un drame déroutant en proie à de (très) mauvais choix de réalisatrice, notamment dans sa représentation terrible de l'autisme.
Centré sur une famille autodidacte en difficulté, le film suit l'histoire de l'ancienne toxicomane Kazu Gamble - surnommé Zu -, qui joint les deux bouts en vendant des pilules à un gentil seigneur de la drogue de L.A.
Son quotidien se voit encore plus en crise lorsqu'elle se retrouve en charge de sa demi-soeur autiste Music (mais quels parents appellent leurs enfants comme ça, Bruce Willis et Demi Moore ???), après la mort de sa grand-mère.

Copyright Alamode Film

Pour lutter face à la dureté de la vie, les deux femmes s'évadent dans des fantasmes fantasistes pop couleur bonbon - même avec leur voisin ghanéen Ebo...
Ce qu'il y de plus dingue à la vue des nombreuses critiques envers la mauvaise représentation des personnes neurodivergentes, c'est qu'au fond le métrage n'est même pas un film ou l'autisme est au coeur de l'histoire, puisqu'il est bien plus une oeuvre sur le traumatisme de la dépendance et l'importance la puissance de l'imaginaire, vissée sur quelques personnes acculées qui s'efforcent d'être meilleures.
Ce qui pose d'autant plus le problème de la représentation de l'autisme, qui est ici relégué au stade d'appui scénaristique pour bousculer la croissance personnelle du personnage de Zu - la vraie héroïne de l'intrigue -, laissant transparaître l'idée que le personnage de Music - campée par le jeune double de Sia, Maddie Ziegler, absolument catastrophique à l'écran -, n'est qu'un artifice, un gadget " caution " usé comme un facteur de sagesse en temps voulu.
Que ce soit ses rêveries colorées à la logique fantomatique, ses errements incompréhensibles (le scénario s'offre même un petit virage " satire du mythe de la célébrité ") ou sa direction d'acteurs littéralement à l'ouest (seul Leslie Odom Jr apporte un peu de justesse et d'humilité), Music, pur désastre comme on en a rarement vu, se veut tout du long comme une ode ultra-positive à la différence, se posant même en défenseur des marginalisés alors qu'il a tout de l'effort mal informé et même un poil égoïste - caméo malaisant de Sia en prime.

Copyright Alamode Film

Mais les bonnes intentions - si l'on en suit les dires de Sia, évidemment -, ne font pas un bon scénario et encore moins un bon film.
Une tentative littéralement avortée de naviguer audacieusement au coeur des problèmes de handicap et de dépendance via une pantomime en Technicolor aux chansons grossières (même si ambitieusement chorégraphiées), véritables hymnes à l'amour et à l'inclusion profondément stériles.
Pour le mieux, et comme elle l'a toujours fait, plaçons tous une énorme perruque sur cette chose et prétendons, pour les fans de cette chanteuse singulière, que ce film n'a jamais existé.


Jonathan Chevrier