[CRITIQUE] : Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Réalisateur : Rémi Chayé
Avec les voix de : Salomé Boulven, Alexandra Lamy, Alexis Tomassian,...
Distributeur : Gebeka Films
Budget : -
Genre : Animation, Famille.
Nationalité : Français.
Durée : 1h24min.
Synopsis :
1863, dans un convoi qui progresse vers l’Ouest avec l’espoir d’une vie meilleure, le père de Martha Jane se blesse. C’est elle qui doit conduire le chariot familial et soigner les chevaux. L’apprentissage est rude et pourtant Martha Jane ne s’est jamais sentie aussi libre. Et comme c’est plus pratique pour faire du cheval, elle n’hésite pas à passer un pantalon. C’est l’audace de trop pour Abraham, le chef du convoi. Accusée de vol, Martha est obligée de fuir. Habillée en garçon, à la recherche des preuves de son innocence, elle découvre un monde en construction où sa personnalité unique va s’affirmer. Une aventure pleine de dangers et riche en rencontres qui, étape par étape, révélera la mythique Calamity Jane.
Critique :
Récit d’émancipation autant qu’une aventure au fin fond du Far West, #Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, tient sa promesse et nous livre un film haut en couleur sur une femme qui a su se réinventer en légende. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/Tew8rDur34— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) September 1, 2020
Vainqueur du Cristal du meilleur film à l’édition en ligne du Festival d’Annecy, nous avons eu la chance de découvrir le film d’animation de Rémi Chayé grâce à une avant-première au Festival du Film Francophone d’Angoulême.
Copyright Gebeka Films |
Le réalisateur de Tout en haut du monde revient avec l’enfance imagée de la célèbre Calamity Jane. À l’aide de ses deux co-scénaristes, Sandra Tosello et Fabrice de Costil, le réalisateur donne sa vision de cette jeune enfant découvrant un nouveau monde autour d’elle, celui d’être libre “comme un homme”. Calamity n’a pas vocation d’être un récit historique véridique, d’où la mention sous le titre “Une enfance de Martha Jane Cannary”. Le pronom utilisé, “une” au lieu de “la” souligne le caractère universel de cette émancipation. Martha Jane est bien sûr le personnage principal, mais elle ouvre une brèche (difficilement) pour que toutes les autres femmes puissent l’emprunter si tel est leur choix. Le film n’oublie pas les enfants, avec son lot de gags et d’action rythmée, il peut être un très bon moyen d’ouvrir le débat sur la condition féminine à l’époque, et même aujourd’hui.
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Martha Jane, dix ans, devient mère de substitution à la mort de la sienne. La famille Cannary a pu obtenir une place dans un convoi qui vont les emmener jusqu’en Oregon, une terre où ils pourront construire leur village rien qu’à eux. Martha Jane et les siens sont les vilains petits canards du groupe. La concession avance lentement à cause du père, qui veut bien faire mais est terriblement maladroit. Après un accident de cheval qui le blesse gravement, il n’y a plus personne pour conduire leur chariot, s’occuper des bêtes et aider les hommes à s’installer pour la nuit. Chacun son rôle. Les femmes sont assignées à la lessive, à la cuisine, à la cueillette et s’occuper des enfants. Quand Martha Jane décide de s’occuper elle-même du chariot de son père, on lui rit au nez, avant de lui faire comprendre d’une façon menaçante qu’il faut qu’elle garde sa place. Têtue, elle décide quand même d’apprendre seule la nuit, quand personne ne la regarde. Sa robe la gêne, elle emprunte un pantalon. Ses cheveux reflètent sa féminité ? Elle les coupent sans la moindre forme de procès. Mais ce changement radical n’est bien sûr pas aux goûts des membres du convoi, les hommes autant que les femmes. Ils la chassent sur un prétexte, sans qu’elle puisse se défendre. La véritable aventure commence : parcourir le Far West pour redorer son nom et montrer qu’une femme est tout aussi capable.
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Calamity privilégie les grands espaces dans sa mise en scène pour rendre hommage aux paysages américain, où la nature sauvage resplendissait. C’est presque un combat entre les plaines et le convoi humain, où le danger est présent au moindre recoin. D’ailleurs c’est la nature et les animaux qui possèdent le plus de détails dans l’animation. Les humains sont lisses, avec peu de trait de contour et des aplats de couleur presque sans contraste. Leurs vêtements sont plutôt de couleurs neutres ou sombres, laissant les couleurs chaudes pour cet immense espace. On ne peut s’ennuyer devant le film, qui décide de faire vivre une véritable aventure à cette Calamity, faisant le bonheur de tous ceux ou celles fan de cette femme en avance sur son temps. Le film est soutenu par la bande originale composée par Florencia Di Concilio, qui mélange le bluegrass (un quintet composé d’un violon, d’un banjo, d’une guitare, d’une mandoline et d’une contrebasse) avec un orchestre plus classique, rendant compte de la globalité de l’oeuvre, entre aventure palpitante et trame dramatique émouvante.
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Récit d’émancipation autant qu’une aventure au fin fond du Far West, Calamity tient sa promesse et nous livre un film haut en couleur sur une femme qui a su se réinventer en légende.
Laura Enjolvy