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[CRITIQUE] : Poissonsexe


Réalisateur : Olivier Babinet
Acteurs : Gustave Kervern, India Hair, Ellen Dorrit Petersen,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h29min.

Synopsis :
Alors que Miranda, la dernière baleine au monde, fait la une des journaux, Daniel, physicien obstiné, tente de redonner aux poissons l’envie de copuler. Célibataire désabusé, il est lui-même hanté par le désir d’être père et compte bien traiter ce problème scientifiquement.
Le hic c’est qu'à Bellerose il y a seulement 3 femmes en âge de procréer, soit une chance sur 6232,33 de rencontrer la mère de ses futurs enfants. Pourtant un jour, en sauvant de la noyade un étrange poisson à pattes, Daniel va réapprendre à tomber amoureux.



Critique :


Doux hasard du calendrier - ou pas -, Gustave Kervern domine deux oeuvres s'imposant avec force et humour, comme des regards cruciaux sur les dérives de la société contemporaine : Effacer l'historique dont il est le co-réalisateur, et Poissonsexe dont il est le rôle-titre.
Des oeuvres lanceuces d'alertes sur des sujets faussement éloignés mais réellement liés par les dérives de la (sur)consommation et de la bêtise de l'homme moderne (notre dépendance à la technologie pour le premier, le changement climatique et la perte cataclysmique d'une pluie d'espèces chaque jour, pour le second).
Dans la lignée de documentaires tels que La baleine et le corbeau, Olivier Babinet attirent l'attention du bout de sa caméra, sur les dangers auxquels les poissons et les mammifères marins sont exposés, tout en plaidant passionnément pour leur protection au travers de l'histoire résolument singulière et cocasse de Daniel, un scientifique qui étudie sur le phénomène de mort étrange et terrifiant qui hante l'océan Atlantique, ou presque plus aucun signe de vie ne pointe à l'horizon.

Copyright 2019 Comme des Cinémas - Tarantula


Une véritable catastrophe écologique qui ferait presque écho avec la solitude abyssale qui émane du quotidien du bonhomme : lui qui essaye d'activer le rapprochement et la sexualité des animaux marins, aimerait également activer son activité sentimentale et être père.
Mais vu son métier complexe et un célibat qui perdure sur lui comme une deuxième peau, ce n'est vraiment pas gagné d'avoir une progéniture.
Mais alors qu'il rencontre Lucie, et qu'il trouve un poisson étrange dans la mer, sa vie commence finalement peu à peu à s'éclaircir...
Tragi-comédie absurde et mélancolique, qui traite du drame écologique mondial avec une distance et une retenue étonnante (ce qui tranche avec l'urgence de la réalité), Poissonsexe est un vrai petit bout de cinéma surréaliste et doux dingue, pas si éloigné de la singularité géniale de Quentin Dupieux, dans son regard poético-rustre de l'humanité (ou la sexualité n'est plus synonyme de plaisir, mais uniquement de procréation), mais surtout dans son portrait d'un homme qui doit pousser les autres - animaux - à se reproduire, alors que lui-même ne voit aucune possibilité de le faire pour sa propre personne.
Une figure solitaire et follement attachante, dont le désir de paternité (assez rare dans le giron de la comédie francophone), ne dénote pas non plus d'une envie de laisser une trace professionnelle dans ce monde.
Un but plein de vie au coeur d'un cadre désolé, engoncé dans le vide et la mort, un quotidien désespérant et clinique (presque une vie artificielle au fond) ou la chaleur s'est échappée de toute part.


Copyright 2019 Comme des Cinémas - Tarantula

Un entre-deux physique et émotionnel que retranscrit parfaitement le ton et l'ambiance de Poissonsexe, ou l'espoir subsiste même dans les jours les plus sombres, ou l'envie de se battre reste là, tapis dans l'ombre, ne demandant qu'une petite étincelle du destin pour s'embraser.
Comédie décalée et absurde à la lisière de la fable futuriste, sur la possibilité de trouver le bonheur au milieu de la solitude (ou l'idée toute simple de chérir la vie, même dans ses douleurs intime), porté par un tandem Kervern/Hair tout en candeur poétique; le film d'Olivier Babinet est une petite bulle de tendresse douloureuse, qui se savourerait presque comme une balade mélancolico-torturée de The Cure.


Jonathan Chevrier


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