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[CRITIQUE] : Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait


Réalisateur : Emmanuel Mouret
Acteurs : Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne, Emilie Dequenne, Jenna Thiam, Guillaume Gouix, Julia Piaton,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 2h02min.

Synopsis :
Daphné, enceinte de trois mois, est en vacances à la campagne avec son compagnon François. Il doit s’absenter pour son travail et elle se retrouve seule pour accueillir Maxime, son cousin qu’elle n’avait jamais rencontré. Pendant quatre jours, tandis qu'ils attendent le retour de François, Daphné et Maxime font petit à petit connaissance et se confient des récits de plus en plus intimes sur leurs histoires d'amour présentes et passées...





Critique :


Après l’imposant Mademoiselle de Joncquières, Emmanuel Mouret revient avec un film choral au très beau casting, dans la section Les Flamboyants du Festival du Film Francophone d’Angoulême.

Copyright Pascal Chantier / Moby Dick Films


Décidément, Angoulême nous gâte avec une très belle sélection de film estampillé Cannes, faute d’avoir pu y concourir. Emmanuel Mouret n’a jamais caché son amour des tribulations de couple, les jeux du hasard. Le désir est synonyme de plaisir, les impulsions sont conseillés, quitte à le regretter ensuite. Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait s’apparente à un film somme tant il rassemble l’ensemble de son oeuvre. Avec sa manière sophistiquée de sonder le couple et l’adultère, le réalisateur déploie une construction complexe de péripéties qui finissent par toutes se rejoindre dans un délicieux va et viens d’élan amoureux.

Copyright Pascal Chantier / Moby Dick Films


Pour ce faire, Emmanuel Mouret a fait appel à un casting éclectique, allant de Camélia Jordana à Vincent Macaigne, Niels Schneider à Jenna Thiam, Guillaume Gouix à Emilie Dequenne. Les affinités s’installent entre eux et les liens (amicaux, amoureux ou familiaux) se dévoilent petit à petit pour ne pas perdre le pauvre spectateur extérieur à l’histoire. Le point de départ est la rencontre entre Daphné et Maxime, dans une gare. Ils ne se sont jamais vu et vont passer trois jours ensemble. La première est mariée au cousin du second et doivent l’attendre, parti quelques jours pour affaires professionnelles. Ils vont alors faire du tourisme. Les vieux bâtiments et les magnifiques sentiers vont délier leur langue. On dit souvent qu’il est plus simple de se confier à un inconnu. Maxime décide alors de tout lui raconter sur ses problèmes de cœur. En échange, Daphné lui raconte un ancien amour, qui l’a amené à rencontrer son mari actuel. Le film prend alors son rythme, une intrigue en temps réel ponctuée par de longs flash-back instaurés par une voix-off.

Copyright Pascal Chantier / Moby Dick Films


Niels Schneider campe Maxime, ce personnage qui n’a pas de chance en amour. Son aventure avec une femme mariée lui fait rencontrer un vieil amour jamais consommé, Sandra (Jenna Thiam, qui reçoit enfin un rôle ancré plutôt que la sempiternelle figure de la rousse fantasmagorique) . Son amour ne sera qu’à sens unique malheureusement. Sandra rencontre par son biais Gaspard, et le nouveau couple lui propose d’habiter avec eux dans un grand appartement. Ce ménage à trois dysfonctionnel produira bien sûr plus de mal que de bien. De son côté, Daphné (Camélia Jordana, transformée en femme tranquille, enceinte de trois mois) lui conte sa rencontre avec François (un Vincent Macaigne touchant) alors encore marié à Louise (Emilie Dequenne respirant la grâce). À force de secrets dévoilés et d’intimité exprimé, les gestes rejoignent finalement les mots.

Copyright Pascal Chantier / Moby Dick Films


Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait ne déconstruit pas le couple, mais s’amuse des contradictions et des idées reçues en brassant toutes sortes de rencontres et de relations. Les histoires d’amour n’ont aucune logiques, ne s'embarrassent pas de culpabilité. Nous avons même l’impression qu’il ne peut avoir rencontre de deux êtres sans la douleur d’une troisième. Comme à son habitude, Emmanuel Mouret structure son histoire avec un langage soutenu, un aspect intellectuel marqué et un humour léger, presque l’air de rien.

Copyright Pascal Chantier / Moby Dick Films



Les choses qu’on dit, les choses qu'on fait prend de la distance émotionnelle pour nous offrir un film où Emmanuel Mouret filme ce dans quoi il excelle, entrelacer les intimités dans une mise en scène classieuse.


Laura Enjolvy



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