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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #119. La Femme d’à Côté

(© Les Films du Carrosse / TF1 Films Production)

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#119. La Femme d'à Côté de François Truffaut (1981)

Le plaisir non feint de pouvoir se replonger sans réserve et avec une facilité réconfortante (quelques vagabondages sur sa télécommande), dans quelques-unes des plus belles oeuvres de François Truffaut, en ces temps de disette cinématographique, n'a décemment pas de prix... ou plutôt si, celui d'un abonnement Netflix qui n'a jamais paru aussi gratifiant d'honorer, depuis que la plateforme s'est ambitieusement emparée d'une partie du catalogue Mk2.
Un an après son imposante fresque Le Dernier Métro, Truffaut, alors au crépuscule de sa carrière - et, plus tragiquement, de sa vie - retrouvait un Gérard Depardieu alors à l'apogée de sa carrière (qu'on se le dise, et même s'il est un monument qui n'a jamais failli dans ses interprétations au fil des décennies, ses plus beaux rôles seront à jamais, ses premiers), quittait la dureté de l'occupation Allemande et signe une histoire d'amour intime et douloureuse comme il en a si bien le secret, avec La Femme d'à Côté; peut-être son observation la plus sombre et incandescente d'ailleurs (l'ombre combinée de Stendhal et Hitchcock, plane langoureusement tout du long au-dessus du métrage), du sentiment amoureux et des affres (souvent) dévastateur de la passion, sans pour autant qu'il ne renie son légendaire goût du romanesque.

(© Les Films du Carrosse / TF1 Films Production)


Véritable concrétisation d'une idée qui obnubilait le cinéaste depuis toujours (le concept de retrouvailles, par le olis grand des hasards, de deux amants s'étant jadis follement aimé, mais qui sont aujourd'hui engagés dans des unions maritales bien différentes), et articulée autour de la relation passionnée et adultère entre deux âmes qui ne peuvent, physiquement et sentimentalement, se refuser l'un à l'autre; le film, plus drame intime grave et mortifère que comédie enlevée digne dès débuts de la Nouvelle Vague, est une claque émotionnelle autant qu'une formidable histoire romantique, appelée à se terminer dans la tragédie la plus totale, destin tout tracé des amants maudits.
Exaltation d'un passé qui ressurgit et qui déchire tout sur son passage, passion fiévreuse d'une beauté au moins aussi troublante que celle de Fanny Ardant (absolument renversante, et son alchimie avec Depardieu est incroyable), La Femme d'à Côté, comme tout le cinéma de Truffaut en somme, fait de la nécessité de vivre l'amour pleinement, le moteur de toute vie, l'oxygène vitale que dévorent des hommes et des femmes qui ne peuvent être séparés les uns des autres.
Irradiant de beauté, mettant formidablement en exergue la souffrance des femmes étouffées par le monde contemporain, et des hommes qui ne les écoutent pas - même quand elles agonisent devant eux -; la péloche rend pesant chaque geste, chaque regard, dans un mélange d'amour et de violence intestines qui nous prend aux tripes et nous fend le coeur.
Une oeuvre magistrale qui fait mal - comme l'amour - rien de moins.


Jonathan Chevrier

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