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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #56. Scream

© 1996 - Dimension Films

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !



#56. Scream de Wes Craven (1996)

Au coeur des 90's, si la carrière de feu Wes Craven renaît gentiment de ces cendres après une décennie 80's en dent de scie, alternant entre le merveilleux (Les Griffes de la Nuit, L'Emprise des Ténèbres) et le difficilement défendable (Une Amie Mortelle, La Créature du Marais et dans une certaine mesure Shocker), le giron horrifique US lui, agonise lentement mais sûrement comme une plante jadis verdoyante, mais que l'on arrose plus qu'à la pisse et à l'huile de vidange, étirant plus que de raison des franchises vidées de leurs substances (seuls Freddy sort de la Nuit et la saga Vendredi 13 avec Jason va en Enfer, qui n'est plus vraiment un Jason movie, redressent un brin la barre du genre... un brin).
Un formatage codifié à outranceet sans saveurs, qui aurait pleinement pu condamner le genre à ne plus jamais fouler les salles obscures (c'est une pensée extrême... mais pas si éloignée de la réalité de l'époque non plus, alors en plein boom du marché de la vidéo), sans l'arrivée de petites plumes amoureuses de l'horreur bien faîte, comme celle de Kevin Williamson, scénariste talentueux mais avant tout et surtout, un fan frustré de voir l'état dans lequel se trouve le genre qu'il chérit tant.

© 1996 - Dimension Films


Décidé à inverser la tendance en écrivant, aussi simplement que cela puisse paraître, un film qu'il a envie de voir en salles, le bonhomme pond en un temps record - deux petites semaines selon la légende - le premier jet de ce que sera Scream : Scary Movie, lettre d'amour contemporraine au slasher, comprenant déjà tout le sel de ce que sera le film plus tard (des personnages haut en couleurs et baignés dans la pop culture, des twists ravageurs et une sincérité de ton incroyable).
Dans une volonté très " Cravenienne " de redéfinir les bornes ultra-codifiées du film d'horreur, Williamson se laissera draguer par les deux mogules Weinstein, qui mettent le projet en tête de liste de leurs priorités, eux qui cherchent justement à faire de leur branche Dimension, le futur paradis de l'horreur US un brin fauché mais ambitieuse et motivée.
Offrant le projet sur un plateau à Craven himself (qu'ils draguaient en vain pour qu'il cornaque le remake de La Maison du Diable, échoué trois ans plus tard au pauvre Jan De Bont avec le pitoyable Hantise), un temps réticent (autant à cause de son penchant parodique que pour son ouverture assez gore, qui lui paraissait comme un retour en arrière inutile dans son cinéma) mais qui façonnera in fine le projet à son image (il le retitra subtilement Scream et non Scary Movie, un comble quand on sait que le titre sera usé par sa parodie la plus vulgairement cynique et méprisante, signée Keenan Ivory Wayans et produit par... Dimension), la péloche devient alors une réalité et s'apprête à marquer son temps à l'été 1996.
Carton immense sans la moindre star à son générique (102 milllions de $ pour seulement 11 de budget), la péloche va autant révolutionner le genre qu'être furieusement victime de son succès, être autant un slasher qui aura su donner, à une heure post-moderniste, un put*** de coup de pied à la fourmillière de la production locale, qu'une oeuvre méprisée par une large frange des afficionados de l'horreur, en grande partie à cause de la pluie de bandes plus ou moins inspirées, lui ayant emboités le pas et ayant usés jusqu'à la corde le modèle de mise en abîme élaboré par le duo Williamson/Craven.

© 1996 - Dimension Films


Reste une vérité implacable, même vingt-quatre ans plus tard : le film est une réussite indéniable, tendue comme la ficelle d'un string (la scène d'ouverture est l'une des plus tétanisantes de l'histoire), merveilleusement humain (il donne du corps et de la consistance à chacun de ses personnages, les rendant aussi attachants qu'empathiques), sincère et ludique (l'humour référentiel est vraiment raffraichissant).
Un vrai moment d'épouvante à la violence viscérale et psychologique intense, aux meurtres captés avec maestria (et dire que le look atypique du boogeyman a été trouvé la veille du premier jour de tournage !), et aux twists habiles qui ne partent pas en cacahuètes dans son dernier acte (un money time crucial ou plus d'un whodunit c'est banané...), qui s'est imposé comme un vrai modèle du genre inégalé - et sans doute inégalable -, pas même par ses propres suites, toutes plus ou moins (coucou Scream 3) efficaces.
Un simple slasher qui a relancé toute industrie à lui tout seul, méchamment figé dans ses conventions, fou mais vrai.


Jonathan Chevrier

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