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[CRITIQUE] : Jésus


Réalisateur : Hiroshi Okuyama
Acteurs : Yura Sato, Riki Okuma, Chad Mullane, Hinako Saeki, ...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Japonais
Durée : 1h16min

Synopsis :
Yura quitte Tokyo avec ses parents pour aller vivre à la campagne auprès de sa grand-mère. Il est scolarisé dans une école catholique et doit s’adapter à un nouvel environnement. Un jour, au milieu d’une prière, Jésus apparaît. Dès lors, tous les souhaits de Yura se réalisent.



Critique :


Alors que le nouveau Star Wars sera sur toutes les lèvres d’ici Noël, le premier long-métrage d’un jeune réalisateur japonais (seulement vingt-trois ans) Hiroshi Okuyama, Jésus, sortira en même temps que les grosses productions de fin d’année (en l'occurrence Cats et Charlie’s Angel). On ne le sait peu, mais il existe 1% de la population japonaise qui est chrétienne, une moitié pratique le catholicisme et l’autre, le protestantisme. Au XVIIe siècle, une vague de persécutions anti-chrétienne est mise en place, torturant de nombreux chrétiens japonais et les missionnaires jésuites envoyés d’occident prêcher la parole de Dieu. Le film Silence de Martin Scorsese, sorti en 2017 l’illustre parfaitement. Mais depuis, les choses ont bien changé. La religion n’est plus un sujet de discorde, et la chrétienté s’est intégrée à la culture. Mais il est encore rare de voir un film sur le sujet, Jésus vient à point nommé. 


Il n’est pas étonnant de voir le nom de Kore-Eda dans les influences du cinéaste. Cela se ressent dans la bienveillance du regard sur l’enfance, dans la façon de filmer les repas de famille, les moments de convivialité d’une manière simple et efficace. Il a même procédé de la même façon que lui pour diriger les enfants, en ne leur donnant pas de scénario à lire et en leur expliquant les scènes à jouer juste avant de tourner, pour plus de réalisme et d’innocence. Et c’est avec simplicité et minimalisme que nous découvrons le petit Yura, en plein déménagement avec ses parents, de Tokyo à la campagne, auprès de sa grand-mère seule depuis la mort de son mari. Yura n’est pas protestant, mais se retrouve scolarisé dans une école religieuse. Il découvre le catéchisme, la prière. Il découvre la vie à la campagne, où tout le monde se connaît. Il a donc du mal à se faire des amis. Mais si la prière, Dieu pouvait l’aider ? En formulant sa première prière, seul, il voit un apparaître un Jésus miniature. C’est cocasse, et cela amène un peu de joie au jeune garçon introverti. Peut-il demander ce qu’il veut et le voir exaucer ? De l’argent ? Sa grand-mère lui donne un billet, retrouvé dans les affaires de son défunt mari. Un ami ? Kazuma, un garçon de son âge, féru de football lui demande de venir jouer avec lui. Le début d’une belle et forte amitié. Le spectateur va être témoin de la transformation de Yura, son air résigné laissant place à une joie enfantine.



Evidemment, le Jésus miniature ne représente pas le véritable Jésus, mais une représentation enfantine, drôle et potache. Mais, la foi ne protège pas des injustices de la vie, et Yura va devoir gérer une situation difficile pour un si jeune enfant. Que peut faire la religion ? Elle n’empêche ni les problèmes, ni la mort. La dureté de la vie, de la réalité est là uniquement pour questionner la foi du jeune garçon et le film ne s’en prend jamais à la chrétienté même. Jésus est justement très bienveillant et jamais dans le jugement. En se basant sur sa propre expérience, le cinéaste (qui porte aussi la casquette de scénariste, chef opérateur et monteur) propose un récit à l’authenticité surprenante, ce qui fait la force de ce premier long-métrage. Cependant, Hiroshi Okayama n’a pas encore l’expérience de ses aînés, et sa mise en scène minimaliste paraît austère. 




A Noël, pour digérer la dinde et les marrons, nous conseillons de vous laisser convaincre par un cinéma doux et bienveillant, qui arrive à parler de la religion d’une manière décalée sans être blasphématoire. Un cinéma peut-être difficile d’accès au début, lent à démarrer, mais où l’émotion finit par pointer son nez.


Laura Enjolvy