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[CRITIQUE] : Midway


Réalisateur : Roland Emmerich
Acteurs : Ed Skrein, Patrick Wilson, Woody Harrelson, Luke Evans, ...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Action, Historique, Guerre
Nationalité : Américain
Durée : 2h19min

Synopsis :
Après la débâcle de Pearl Harbor qui a laissé la flotte américaine dévastée, la marine impériale japonaise prépare une nouvelle attaque qui devrait éliminer définitivement les forces aéronavales restantes de son adversaire. La campagne du Pacifique va se jouer dans un petit atoll isolé du Pacifique nord : Midway. L’amiral Nimitz, à la tête de la flotte américaine, voit cette bataille comme l’ultime chance de renverser la supériorité japonaise. Une course contre la montre s’engage alors pour Edwin Layton qui doit percer les codes secrets de la flotte japonaise et, grâce aux renseignements, permettre aux pilotes de l’aviation américaine de faire face à la plus grande offensive jamais menée pendant ce conflit.



Critique :



Quand on parle de Roland Emmerich, on pense forcément à Independance Day et l’explosion de la maison blanche. Ou le film catastrophe 2012. Ou le monstre Godzilla et Jean Reno dans un même film. Gros budget, grosse explosion, c’est un cinéaste qui ne fait pas dans la subtilité et filme des catastrophes naturelles ou initiées par l’homme en tant que spectacle divertissant. Le voir prendre possession d’un événement de la Seconde Guerre Mondiale n’est donc pas une surprise, tant cette époque peut faire surgir de grandes épopées cinématographique. Midway raconte la bataille du Pacifique, après l’attaque sur Pearl Harbor.



Nous connaissons tous ce qu’il s’est passé sur Pearl Harbor, à peu près. Michael Bay en avait fait un film de grand spectacle, entre explosion et histoire romantique, ce qui rendait le tout encore plus tragique. Cette attaque surprise survenue le 7 décembre 1941 avait choqué les Etats-Unis, considéré alors comme neutre dans la Seconde Guerre Mondiale. Un événement marquant qui a bien sûr fait l’objet de nombreux films (Tant qu’il y aura des hommes en 1953, Première Victoire de Otto Preminger ou l’important Tora Tora Tora, premier film qui donnait les deux points de vue, américain et japonais sur l’attaque). Mais nous parlons moins de ce qu’il s’est passé ensuite. Les américains ont bien sûr contre-attaquer, ce qui a petit à petit amené à la bataille de Midway, filmée directement par John Ford qui se trouvait sur les lieux, donnant un documentaire qui a gagné l’Oscar en 1943.




Nous avons donc droit à une véritable fresque historique de la guerre dans le pacifique, commençant par Pearl Harbor fin 1942, passant par le raid aérien sur Tokyo, mené par Doolittle, la bataille de la mer de corail et finissant par la victoire des américains, réussissant à contrer une immense attaque des japonais sur les îles Midway. Même si l’armée japonaise a droit à quelques plans sur leur façon de mener la guerre à bien, le film est bien entendu du côté des américains. Il faut voir le casting impressionnant du film, allant de Woody Harrelson à Nick Jonas, de Patrick Wilson à Ed Skrein, de Darren Criss à Aaron Eckhart, en passant par Luke Evans. Vous l’aurez compris, Midway a embauché la moitié des acteurs masculins de Hollywood, car il brosse le portrait de nombreux soldats, pilotes, amiraux, ceux qui se sont distingués. Le point de vue du film leur est entièrement consacré, leur soif de vengeance est justifiée, tandis que du côté des japonais, le réalisateur les montre comme cruel (on les voit attaquer des civils de façon violente et injuste).



Si on veut laisser le point de vue pro-américain de côté, nous avons un film d’action calibré pour ne jamais ennuyer, un spectacle de haute volé, biberonné à la testostérone. Plus que la véracité historique, ce sont les scènes d’aviation qui sont le principal attrait du film. Dans un montage exaltant, la mise en scène grandiloquente nous donne des explosions, pour susciter l'excitation et souligner l'héroïsme de nos protagonistes. Nous n'échappons pas aux discours qui doit redonner de la force et de la hargne aux pilotes, pour aller dégommer du japonais. Par contre, il est vrai que Midway ne s’aventure jamais au-delà de son histoire initiale, la guerre, pour la mélanger avec de la fiction pure. Les rares séquences “à la maison” ne sont là que pour nous donner la possibilité de souffler un peu, de montrer l’humanité de nos héros, avant de repartir en guerre. Une attache émotionnelle en somme, car ils sont avant tout des maris et des pères, avant d’être des héros de guerre.



Midway est le film que l’on attendait : du grand spectacle, sans le moindre soupçon d’intimité ou de nuance. Si vous êtes là pour de la baston, vous en aurez pour votre argent. Si vous êtes là pour un propos politique fin et nuancé, passez votre chemin.


Laura Enjolvy





Si certaines de ses premières bandes sont sensiblement divertissantes et cultes, Roland Emmerich, estampillé roi du Kaboom au même titre que le fou furieux Michael Bay - qui lui l'est vraiment, sans la moindre réserve -, a décemment perdu son mojo au cap des années 2000, alignant les blockbusters politiquement opportunistes (Independance Day : Resurgence) quand ils ne sont pas affreusement démago (Le Jour d'Après mais surtout 2012), voire totalement catastrophique de bout en bout (10 000).
S'il on pouvait déjà lui reprocher un patriotisme proprement usant, voire un pompage sans vergogne de ses illustres prédécesseurs (Spielberg en tête), le fait de devoir également le ranger dans la liste pas assez fermée des faiseurs torchant leurs oeuvres sans envie et avec un premier degré proche d'une parodie des ZAZ, était la petite goutte de pisse qui faisait déborder la cuvette du bon goût.



Autant dire donc, que l'on attendait avec une impatience toute timide, son retour aux affaires avec Midway, devoir de mémoire au budget aussi conséquent - 100 M$ - que son casting est luxueux, revenant sur la décisive bataille du Pacifique éponyme, où une armée US acculée après la débâcle tragique de Pearl Harbor, jetait ses ultimes forces et toute sa hargne revancharde pour lutter contre un ennemi nippon qui lui, voyait cette affrontement comme le point final d'une destruction complète et implacable de la flotte aéronavale du pays de l'oncle Sam.
Plus branché Bay (la plombante mais touchante love story en moins) qu'Eastwood (zéro remise en question du spectaculaire et de mise en avant des conséquences sur l'individu), délaissant toute proposition politisée (exit le parallèle sur l'Amérique d'aujourd'hui), tout en étant respectueux d'une réalité historique qui jadis lui avait causée du tort quand il ne la respectait pas (cela fait deux décennies qu'il essaye de monter le projet, et cela s'en ressent via une étude du sujet assez fouillée), Roland Emmerich laisse à nouveau exploser son penchant pour la symphonie en bombe majeur dans un spectacle de guerre total mené tambours battant - malgré quelques longueurs -, aussi sincèrement grisant dans sa glorification de morceaux de bravoure incroyablement cinégéniques - les séquences navales envoient salement du pâté - qu'esthétiquement léchée.
Un blockbuster intense, solidement confectionné à l'américaine - avec le classicisme habituel qui va avec - et rythmé au cordeau, faisant l'apologie de la testostérone et du patriotisme totalement exacerbé (America...), ou une belle galerie de trognes musclées habitées (Dennis Quaid et Patrick Wilson impressionnent toujours autant, Ed Skrein est étonnamment juste), font le job avec entrain.



Si l'on ne pourra pas lui reprocher l'absence de toute dimension réflexive (ce qui ne caractérise absolument pas ce genre d'effort, même si une exploration aiguë des valeurs américaines à une échelle humaine et sensitive, aurait rendu le film encore plus marquant), ni même d'une certaine nuance dans son propos (logique pour un divertissement pro-US, les japonais sont barbares et c'est l'ennemi à abattre, point barre !), Midway est un film de guerre cohérent aux scènes d'action ambitieuses, troquant la défroque du blockbuster lambda impersonnel pour celui d'un vrai devoir de mémoire certes imparfait (et manquant un peu d'emprise émotionnelle) mais joliment sensitif et à la reconstitution hautement défendable.
Du bon kaboom movie à résonance historique quoi.


Jonathan Chevrier


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