[CRITIQUE] : Marie Madeleine
Réalisateur : Garth
Davis
Acteurs : Rooney Mara, Joaquin Phoenix, Chiwetel Eijiofor, Tahar Rahim, Ariane Labed, Michael Moshonov, Denis Ménochet, Lubna Azabal,...
Budget : -
Distribution : Universal Pictures International France
Genre : Historique, Drame, Biopic
Nationalité : Britannique
Durée : 1h59min
Acteurs : Rooney Mara, Joaquin Phoenix, Chiwetel Eijiofor, Tahar Rahim, Ariane Labed, Michael Moshonov, Denis Ménochet, Lubna Azabal,...
Budget : -
Distribution : Universal Pictures International France
Genre : Historique, Drame, Biopic
Nationalité : Britannique
Durée : 1h59min
Synopsis :
Marie Madeleine est un
portrait authentique et humaniste de l’un des personnages religieux
les plus énigmatiques et incompris de l’histoire. Ce biopic
biblique raconte l’histoire de Marie, une jeune femme en quête
d’un nouveau chemin de vie. Soumise aux mœurs de l’époque,
Marie défie les traditions de sa famille pour rejoindre un nouveau
mouvement social mené par le charismatique Jésus de Nazareth. Elle
trouve rapidement sa place au cœur d’un voyage qui va les conduire
à Jérusalem.
Critique :
Malgré un casting habité et une photographie sublime,#MarieMadeleine reste coincé entre 2 chaises : celle du portrait vibrant d'une femme se battant autant pour son émancipation que ses convictions, et celle du drame historique populaire et (trop) idéaliste au rythme fastidieux. pic.twitter.com/7a8ozIV9eb— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 1 avril 2018
Jésus de Nazareth peut se vanter d'être la source d'inspiration de nombreux films, téléfilms ou même série. Son histoire a été adapté de toutes les façons possibles, dans tous les angles inimaginables, soulevant parfois des polémiques. Mais si pour une fois, Jésus n'était pas le personnage principal ? Si l'histoire était racontée d'un autre point de vue ? C'est ce que fait Marie Madeleine.
Car c'est la chose la plus
intéressante dans le film de Garth Davis : sa relecture d'un
point de vue féminin. Le film met l'accent sur la vie des femmes de
l'époque. Écrit par deux femmes, Helen Edmundson et Philippa
Goslett, le scénario avait pour but de restaurer la parole de Marie étouffée
et marginalisée pendant des siècles.
Car si on apprend une
chose pendant Marie Madeleine c'est qu'en 2016, le Vatican a
enfin reconnu Marie en tant qu'apôtre des apôtres. Ce n'était pas
une prostituée comme l'avait proclamé en 591 le pape Grégoire,
affirmation qui a suivi Marie pendant des siècles. Marie est une
fille de pêcheur, dans une société où le rôle des femmes se
résument à travailler et à faire des enfants (des garçons s'il vous
plait). Marie ne veut pas de ce rôle. Elle a déjà des conviction
avant de rencontrer Jésus, elle a déjà une connexion avec Dieu
qu'elle n'explique pas et que personne dans son entourage ne
comprend. Elle se bat pour ses convictions, elle fait comprendre à
Jésus que sa parole doit englober tout le monde, même les femmes.
Et le film le montre bien, les apôtres ont du mal à l'accepter, ne
l'écoute pas. Elle doit se battre pour sa place auprès de Jésus,
qui est pourtant aussi légitime que les autres. L'Évangile selon
Marie se base surtout sur le pardon, sur la miséricorde et
l'humanité, que le changement et le Nouveau Monde serait en fait en
nous.
Malgré l'histoire, le
talent et le charisme des acteurs plus une photographie et un décor des plus magnifiques, le film paraît long au spectateur. On en vient
à s'étonner de la durée (même pas 2h) tant des séquences sont
étirées au maximum. Le film a parfois un style bien trop affecté,
à un ton bien trop bienveillant (à la limite du mielleux) et bien
trop idéaliste pour nous permettre de plonger dans l'histoire. On
reste du coup à l'extérieur, avec certains moments de grâce, de
plans magnifiques, avant de retomber lourdement sur du vide.
L'idée intéressante sur
le papier de réactualiser un message et une histoire connue de tous,
par un point de vue différent retombe comme un soufflé. Marie
Madeleine devient malheureusement vite un calvaire pour son
spectateur.
Laura Enjolvy
Laura Enjolvy
Garth Davis est un cinéaste profondément idéaliste, qui croit passionnément en la bonté qui se cache en chacun de nous autant que dans un monde dominé par le cynisme et le pessimisme.
Lion et la quête intime et bouleversante de Saroo l'avait révélé avec une certaine finesse, là où son deuxième long-métrage lui, Marie Madeleine, l'exprime avec un peu plus de maladresse.
Pourtant, la décision du cinéaste de réhabiliter avec force et délicatesse à la fois, la figure de l’Apôtre Marie Madeleine, décrite comme une femme déchue et pêcheresse - pour être poli - depuis le Moyen Age, statut révisé depuis peu par l'Eglise qui n'avait pourtant eu de cesse que de la traîner dans la boue au fil des siècles; est plus que louable et transparaît magnifiquement sous les traits d'une Rooney Mara plus enivrante que jamais.
Tout en légèreté, plus que d'être le simple sujet de son oeuvre, Davis fait de Marie la raison d'être de sa caméra, son aimant puissant : une femme à l'aura extraordinaire, presque aussi égale à celle d'un Jésus dont les errances et la bonté mèneront inéluctablement à sa perte.
Et l'on ne peine pas à une seule seconde à ressentir sa passion pour cette héroïne d'un ancien temps, figure majeure de l'émergence de la foi en un Dieu unique, dans ce portrait féministe et vibrant d'une femme se battant pour son émancipation et ses convictions.
Le problème, c'est qu'au-delà des images sublimes (belle photographie de Greig Fraser) et des prestations sincèrement habitées de son illustre casting (Joaquin Phoenix en tête), le film de Davis, dont on ne doute ni de la sincérité ni de la légitimité (le film est joliment centré sur le rayonnement féminin), se perd dans un récit contemplatif de deux (très longues) heures où l'ennui pointe souvent le bout son nez, tout autant que le ridicule un poil naïf face au calvaire inhumain vécu par Jésus (on lui préférera plus logiquement le douloureux La Passion du Christ de Mad Mel Gibson).
Dommage donc, car si Garth Davis joue la carte du traitement populaire et du tout (trop) bienveillant avec un rythme fastidieux qu'il est difficile de défendre ni même de suivre tout du long, on ne peut que saluer la portée philosophique intense de son propos, qui fait intimement écho avec notre époque.
Jonathan Chevrier
Lion et la quête intime et bouleversante de Saroo l'avait révélé avec une certaine finesse, là où son deuxième long-métrage lui, Marie Madeleine, l'exprime avec un peu plus de maladresse.
Pourtant, la décision du cinéaste de réhabiliter avec force et délicatesse à la fois, la figure de l’Apôtre Marie Madeleine, décrite comme une femme déchue et pêcheresse - pour être poli - depuis le Moyen Age, statut révisé depuis peu par l'Eglise qui n'avait pourtant eu de cesse que de la traîner dans la boue au fil des siècles; est plus que louable et transparaît magnifiquement sous les traits d'une Rooney Mara plus enivrante que jamais.
Tout en légèreté, plus que d'être le simple sujet de son oeuvre, Davis fait de Marie la raison d'être de sa caméra, son aimant puissant : une femme à l'aura extraordinaire, presque aussi égale à celle d'un Jésus dont les errances et la bonté mèneront inéluctablement à sa perte.
Et l'on ne peine pas à une seule seconde à ressentir sa passion pour cette héroïne d'un ancien temps, figure majeure de l'émergence de la foi en un Dieu unique, dans ce portrait féministe et vibrant d'une femme se battant pour son émancipation et ses convictions.
Le problème, c'est qu'au-delà des images sublimes (belle photographie de Greig Fraser) et des prestations sincèrement habitées de son illustre casting (Joaquin Phoenix en tête), le film de Davis, dont on ne doute ni de la sincérité ni de la légitimité (le film est joliment centré sur le rayonnement féminin), se perd dans un récit contemplatif de deux (très longues) heures où l'ennui pointe souvent le bout son nez, tout autant que le ridicule un poil naïf face au calvaire inhumain vécu par Jésus (on lui préférera plus logiquement le douloureux La Passion du Christ de Mad Mel Gibson).
Dommage donc, car si Garth Davis joue la carte du traitement populaire et du tout (trop) bienveillant avec un rythme fastidieux qu'il est difficile de défendre ni même de suivre tout du long, on ne peut que saluer la portée philosophique intense de son propos, qui fait intimement écho avec notre époque.
Jonathan Chevrier